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J’ai testé un camp thématique pour «trouver son X» dans Charlevoix
URBANIA et Tourisme Charlevoix s’unissent pour vous parler de l’expérience bénéfique du Camp X.
Vendredi 22 mars. Je ne sais pas trop quoi mettre dans ma valise pour aller au Camp X. Cette fin de semaine, je m’en vais trouver ma place dans l’univers. La Base, organisatrice de l’événement, garde volontairement un voile de mystère sur les activités au programme. Je finis par bourrer mon sac pêle-mêle avec des habits de neige, du linge mou, et un tout-paquet de doutes.
En arrivant à Baie Saint-Paul, on m’installe dans une chambre coquette à l’ancien couvent Maison Mère puis on m’offre un verre de bière de la microbrasserie de Charlevoix. TGIF! Je sens que je vais me plaire, ici. Sauf qu’on n’est pas là pour relaxer. Dès la première activité, qui consiste à se présenter en utilisant des petites cartes illustrées et des métaphores, le groupe est bouleversé par toutes sortes d’émotions. Je réalise à quel point le monde ici est sincère dans sa démarche pour trouver un sens à son existence. Certains ont passé leur vie à bâtir une carrière qui ne les rend plus heureux, certains se sont égarés dans leur rôle de parent, certains réalisent à quel point ils ne supportent plus la vie en ville…
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Soirée dans le grenier secret de Maison Mère. Photo: Magalie Massey
Le fleuve, la montagne, la météorite et moi
Pour la suite du séjour, j’ai pas le choix d’attacher ma ceinture et de me laisser porter. Ici, on ne sait jamais ce qui nous attend et c’est tant mieux. Ça nous permet de lâcher prise sans être constamment en train d’anticiper la suite. C’est un peu comme un tout-inclu, sauf qu’au lieu du buffet à volonté, on goûte à la gastronomie charlevoisienne, et au lieu de se faire bronzer, on se confronte à nos valeurs profondes. On passe d’un atelier de coaching professionnel à un cercle de tambours, d’une randonnée en ski-raquettes (avec un guide de Katabatik Aventures) à une visite solitaire des passages secrets du couvent (qui est hanté, évidemment.) On nous a remis un petit carnet, dans lequel on note nos réflexions et nos découvertes au fur et à mesure. À un moment donné, j’y écris «pourquoi j’ai toujours un peu l’impression d’avoir honte de moi?»
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Randonnée en ski-raquettes dans le parc national des Grands Jardins. Photo: Magalie Massey
Il n’y a pas vraiment de temps morts, alors on essaie d’absorber la beauté incroyable de Charlevoix à chaque occasion. En regardant par la fenêtre, je pense à l’histoire géologique de la région qu’on m’a racontée juste avant mon séjour. À l’âge où il n’y avait que des poissons sur Terre, une météorite de 4 km de diamètre s’est écrasée ici, créant l’immense cratère où est nichée Baie Saint-Paul. Et moi, 400 millions d’années plus tard, j’ai atterri au même endroit. Je vous dirais qu’à ce moment précis, j’ai l’impression assez nette de me trouver à la bonne place.
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Gastronomie charlevoisienne et vaisselle en gang. Photo: Magalie Massey.
La recette du bonheur
De retour à Montréal et après avoir pris le temps de décanter un peu mon expérience, j’interroge Anne-Julie Beaulieu, une des organisatrices de l’événement. Elle m’explique qu’elle et ses complices de La Base (Marie-Eve Chaumont et Vincent Grégoire) ont tous les trois fait le move à Baie Saint-Paul pour échapper à un rythme de vie effréné auquel ils n’arrivaient plus à trouver de sens. «On avait l’impression d’avoir déjà fait une partie de la réflexion nous-mêmes. Après ça, on est allé chercher un coach professionnel (Pierre-Luc Labbée) et une coach personnelle (Annie Bédard) pour stimuler encore plus les questionnements des participants.»
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Atelier de travail à l’espace de co-working de Maison Mère, La Procure. Photo: Magalie Massey
Anne-Julie m’explique aussi le sens de chaque expérience de que j’ai vécue, soit la «recette» qu’ils ont imaginée pour le camp. Le premier soir, Annie, (la coach personnelle) cherchait à nous faire réaliser dans quelles sphères de notre vie on n’était pas sur notre X. «Le travail, l’argent, la famille, l’amour, les loisirs, la spiritualité… est-ce que la balance de tout ça nous convient? Où c’est qu’on s’en va? Est-ce qu’on est d’accord avec la direction que notre vie prend?» Le samedi matin, on partait à la recherche de nos valeurs profondes à travers des ateliers guidés d’expression artistique, qui devaient, au passage, nous permettre de reconnecter avec l’enfant en nous. «En se rappelant les choses qui nous font vibrer, ça se peut qu’on réalise que notre vie est pas tout à fait enlignée avec nos valeurs.» Le samedi après-midi, on profitait du vertigineux parc national des Grands-Jardins pour entrer en contact avec la nature et assimiler nos réflexions du matin. Le samedi soir, c’était le temps d’aller se questionner sur ce qui nous empêche d’être sur notre X. En profitant de la vibe un peu spirituelle du couvent et de sa chapelle grandiose, le samedi, un peu avant minuit, on effectuait des rituels pour se débarrasser des peurs et des barrières mentales qui nous empêchent d’avancer. Le lendemain matin, Pierre-Luc, le coach professionnel, nous aidait à identifier nos forces et à établir un plan d’action pour le retour à la maison. Une démarche très réfléchie qui semble remuer profondément certains membres.
«Pis? Tu l’as-tu trouvé, ton X?»
«Pis? Tu l’as-tu trouvé, ton X?» qu’on me demande, quand je rentre à la maison. Le problème avec ce genre d’expériences, c’est qu’elles sont difficiles à raconter à ceux qui n’y étaient pas. Je ne sais pas si j’ai trouvé le sens absolu de mon existence, mais le camp X a définitivement planté des graines. Au final, je rentre à Montréal les bagages plus chargés qu’à l’aller. J’ai mis un nom sur mes valeurs; j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de me protéger autant de mes sentiments; j’ai acquis des trucs pour être une bonne travailleuse autonome introvertie; j’ai découvert que mes principales forces étaient la gratitude et la curiosité; et je me suis même fait des amis. Une fin de semaine pas pire productive, quoi.
Presque deux semaines que c’est fini, mais une partie de mon esprit est encore à Charlevoix. Et sur le groupe Facebook des anciens du Camp X, on voit pousser quelques fleurs. Certaines participantes y ont décrit leur plan d’action pour le rendre officiel, d’autres l’ont déjà mis en branle.