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J’ai testé la nourriture d’un événement de Polytechnique Montréal
J’adore les gens de génie. Sincèrement. Ils sont travaillants, dévoués, studieux (même un peu trop) et surtout passionnés. Je les aime tellement que, sans que ce soit un choix conscient, 40 % de mon cercle social étudie dans un programme d’ingénierie. Est-ce que cette statistique est fiable? Absolument pas, faites-en ce que vous en voulez.
Cette grande popularité de ma personne au sein de cette ingénieuse communauté fait en sorte que j’ai souvent accès à des moments privilégiés du monde de Polytechnique Montréal.
Je peux notamment voir l’état physique de mon coloc (étudiant en génie chimique) se détériorer au fil de sa session, lui qui ne manque jamais de me nourrir vigoureusement des potins de Poly – on salue ici le prof qui a dénigré sa communauté étudiante sur LinkedIn, ça, c’était de la bonne. Ça me permet surtout d’être aux premières loges des projets étudiants qui révolutionneront probablement le monde (contrairement à mon article).
À l’automne dernier, je suis allé rencontrer pour la première fois le club étudiant Formule Poly Montréal, qui, chaque année, crée un bolide de Formule 1 de A à Z.
Depuis deux ans maintenant, la compétition exige des équipes de construire un bolide électrique. Deux longues sessions plus tard, le club étudiant m’invitait au lancement de son nouveau prototype, avec lequel il participera à une compétition au Michigan dans moins d’un mois.
En acceptant d’honorer l’événement de ma présence, je ne m’attendais guère à faire face à ce que plusieurs critiques culinaires appellent : un désastre en bouche. Tout le contraire du bolide, qui, lui, était électrisant.
Ça va me prendre de l’alcool
Direction Bain Mathieu pour affronter le buffet et découvrir les inventeurs et inventrices de demain. Arrivé sur place, je réalise que ma chemise estivale détonne énormément avec les vestons cravates et les tailleurs qui m’entourent. Il faut le dire, les étudiant.e.s en génie ont de la classe.
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Je fais un tour d’horizon des lieux (plutôt du bain) et pour l’instant, aucune nourriture en vue, seulement la nouvelle voiture de course cachée sous un voile, une exposition du dernier modèle à essence que l’équipe a construit et un prototype de batterie qui alimente la dite Formule E.
Voulant éviter toutes formes de PR pour ne pas risquer de dévoiler à l’audience qu’un grand reporter d’URBANIA a infiltré les lieux, je me dirige vers le meilleur ami de l’homme : le bar.
Les bouchées
Bière à la main (7 $ quand même, maudit que ça coûte cher, vivre), mes compagnons et moi nous demandons combien de temps nous allons rester dans ce temple du savoir. C’est à ce moment qu’arrivent les premières bouchées. Quel soulagement…
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Afin de nous replonger en enfance, nos hôtes nous ont ingénieusement concocté un petit plateau de légumes avec un poivron entier dans lequel se trouvait… la trempette! La dernière fois que j’ai vu une telle manœuvre, c’était en 2006 au party de Noël de ma tante Simone.
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Tout d’un coup, des effluves de l’air salin gaspésien envahissent mes narines. Serait-ce des petites bouchées au saumon fumé? Bingo. Rien de moins. Du saumon de l’Atlantique soigneusement étalé sur une demi-toast avec du fromage Philadelphia. Parlez-moi de fraîcheur.
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Finalement, notre fringale fut comblée d’un délicieux sandwich au foie de quelque chose accompagné non pas de deux, pas de trois, mais bien d’un seul cornichon. Le luxe comme il ne s’en trouve pas ailleurs.
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Le discours
Une fois notre faim repue, nous avons été agréablement surpris du discours du capitaine de l’équipe de course. Sincèrement, et toute blague à part, j’avais les larmes aux yeux. Ça fait plus de deux ans que l’équipe ne peut participer aux compétitions en raison de l’*** de virus. Mais force est d’admettre que la détermination des participant.e.s est impressionnante.
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Pendant tout ce temps, ils ont continué d’améliorer leur modèle et de faire des tests de conduite même en été, lorsqu’ils n’avaient pas de cours.
La confiance du capitaine envers son équipe et ses performances à venir était une fierté bien placée. J’ai vu un leader qui croyait au travail acharné de la collectivité.
Juste avant le dévoilement du bolide, il nous a d’ailleurs laissé sur cette belle citation franchement bien traduite :
« Pour finir premier, en premier tu dois finir. » Inspirant, non?
Il n’avait clairement pas goûté au buffet.
Les bouchées fantômes et le manque de véganisme
De retour aux festivités, mon ami m’a fait remarquer que depuis le début de la soirée, des assiettes vides jonchaient les différentes tables dans la salle. Plusieurs hypothèses nous sont venues à l’esprit. Ces assiettes étaient-elles remplies, en début de soirée, de petites saucisses enroulées de pâtes feuilletées? Ou des fameuses pizzas froides qui collent au palais?
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Selon nous, ces assiettes avaient en fait toujours été vides dans le but de faire croire aux végétarien.ne.s de la place qu’il y avait des options vegan, mais qu’elles avaient fait fureur. Cette théorie était fortement soutenue par mon compagnon végétarien qui, jusqu’à date, n’avait pu se nourrir que des crudités de tante Simone.
Les étudiant.e.s de génie ont beau changer le monde, ils ont oublié ceux et celles qui combattent réellement au front de la lutte contre les changements climatiques : les vegans.
Le meilleur pour la fin
Le grand moment est enfin arrivé, l’ultime raison de notre présence… non pas le dévoilement, mais bien les desserts. Et franchement, je dois avouer que l’équipe de Formule Polytechnique Montréal s’est vraiment rattrapée sur ce coup. Montagne de macarons, brownies au fudge, viennoiseries… tout y était. Mon ami végan étant rassasié, toutes les circonstances étaient enfin au rendez-vous pour accueillir le nouveau bolide dans un bon état d’esprit.
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L’attente en a valu la peine. Les lumières se sont tamisées, la musique a pris un penchant à la Tokyo Drift et quatre étudiants se sont installés pour dévoiler la bête. Au drop musical, d’un seul coup, ils ont retiré le grand drap qui cachait l’auto de course. Une sacrée belle bête, m’a vous dire.
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Dire que des étudiant.e.s ont bâti ce bolide de rien, avec l’aide et l’expertise de mentors, mais en grande partie par eux-mêmes. Devant nous trônait une auto de course dont juste la valeur des pièces tourne autour de 150 000 $.
On comprend où tout le budget est allé. Certainement pas dans les bouchées.
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Le bolide tentera sa chance pour une place sur le podium en juin prochain au Michigan. Lors de sa dernière compétition au Québec, l’équipe est arrivée première au terme des différentes épreuves de performance.
Outre la compétition et mon acharnement pour les collations, ce que j’ai vu à cette soirée, ce sont des étudiant.e.s, ami.e.s, parents et enseignant.e.s empli.e.s de fierté. Ce sont des centaines d’heures de travail bénévole qui, on l’espère, fera une fois de plus rayonner l’expertise de chez nous.