J’ai tenté de lire (et comprendre) mon contrat de carte de crédit

En ce Mois de la littératie financière, je me suis demandé comment les personnes analphabètes s’y prenaient pour s’informer sur les finances. Lorsque j’ai rencontré mon rédacteur en chef, il m’a fait une remarque assez juste : « On est tous et toutes un peu analphabètes quand on essaie de lire une convention d’utilisation de carte de crédit. » Ce n’est pas faux. La preuve : jusqu’à ce qu’il en fasse mention, je n’étais même pas sûre d’avoir déjà entendu parler d’une telle convention, encore moins d’en connaître son utilité.

« Essaie pour voir, je vais attendre ici », m’a-t-il défié. Après une brève recherche sur internet, j’ai compris que le document en question était ce contrat que j’ai reçu dans une lettre en même temps que ma carte de crédit et qui me lie au fournisseur de ladite carte.

Défi accepté.

« Convention régissant l’utilisation de la carte de crédit ». Un petit reflux gastrique remonte dans le creux de ma gorge à la lecture… du titre. Je regarde le roman Là où je me terre que j’ai déposé quelques heures plus tôt sur le coin de ma table. Je ne me laisse pas attendrir par sa couverture rose et je poursuis la tâche.

Le document explique d’abord les conditions du contrat qui me lie à mon fournisseur de carte de crédit. Plusieurs thèmes y sont abordés afin d’outiller le consommateur ou la consommatrice, tels que les intérêts, les paiements et les conditions d’utilisations. Je réalise que j’avais accepté la convention en croyant tout savoir déjà d’une carte de crédit. Mais ce que mes ami.e.s et parents m’ont appris sur les cartes de crédit ne représente qu’une infime partie de ce qu’on peut lire dans ce document.

Lire ce contrat, c’est un peu comme lire les instructions d’une application téléphonique. Je repère certains termes que je lis pour la première fois comme « taux de lancement » ou « délai de grâce ». C’est à la page quatre que j’apprends que le délai de grâce « fait référence au nombre de jours compris entre le dernier jour de la période de votre relevé mensuel et la date d’échéance du paiement ». Quant au « taux de lancement », je ne trouve pas sa définition exacte, mais le contrat indique qu’il est à six décimales… Je décide alors de garder l’œil ouvert pour trouver un chiffre à six décimales, espérant qu’il me parle davantage du « taux de lancement». Mais en vain. Je pousse donc mes recherches un peu plus loin et j’apprends sur le web que ce taux correspond à une offre spéciale en vertu de laquelle on bénéficie temporairement un taux d’intérêt moins élevé.

Je fus surprise de constater que je ne peux pas prêter ma carte de crédit à quelqu’un d’autre. Je suis la seule personne qui peut l’utiliser et qui en est responsable. Je ne peux pas la filer à mon copain pour qu’il puisse aller faire l’épicerie par exemple, selon ma convention.

Le document indique aussi qu’il est important de prévenir rapidement ma banque en cas de perte ou de vol de la carte de crédit. J’apprends que si je prends trop mon temps, toutes les dépenses effectuées avant d’informer ma banque du vol seront à mes frais. Une bonne chose à savoir si je ne veux pas payer le système de son et la nouvelle télévision de mon voleur.

Je relève un autre élément important : si je paie fréquemment en retard ma carte de crédit, la banque peut réduire ma limite de crédit sans me prévenir.

En plus, lorsque la limite de crédit est dépassée, des frais supplémentaires peuvent s’appliquer. Une autre raison qui me prouve que lire mon contrat me permet de prendre des choix financièrement plus intelligents. Et qui dit bons choix financiers, dit souvent plus d’argent dans mes poches à la fin du mois.

Ce ne sont pas les seuls frais qui peuvent être engendrés par la carte de crédit. Frais pour avance de fonds, frais sur taux promotionnel, frais de dépassement de limite, paiement refusé, frais de copie de relevé de compte, frais de copie de relevé d’opération… Allez voir dans votre convention et vous me remercierez plus tard.

Oh et j’apprends aussi que je suis responsable de vérifier l’exactitude des opérations effectuées avec ma carte de crédit. Je réalise que c’est donc nécessaire de passer en revue mes relevés et m’assurer qu’il n’y a pas d’erreur dans les opérations ou les frais portés à ma carte. J’ai 30 jours pour signaler une erreur, sans quoi, un remboursement ne pourra pas être réclamé.

Ce document renferme une tonne d’informations à ne pas sous-estimer. Les ignorer pourrait vous coûter cher… Par exemple, savez-vous comment est calculé le taux d’intérêt sur vos achats par carte de crédit? La réponse se trouve dans la convention. Il faudra peut-être demander à un comptable de vous aider par contre, parce que ce n’est pas l’information la plus claire du document.

Cette expérience m’aura certainement permis d’en apprendre plus sur ma carte de crédit et sur tous les détails qui s’y rattachent, en plus de me faire réaliser l’importance de faire appel à un.e professionnel.le pour déchiffrer le jargon financier. Après la lecture de ma convention, c’est certain que je prends plus au sérieux les conditions qui me lient à ma carte de crédit. Ça me donne presque le goût de me procurer une autre carte avec des avantages différents!

C’est pertinent de se renseigner sur sa carte de crédit, mais je vous recommande d’utiliser la fonction contrôle-F (fonction recherche) si jamais une question vous titille sur un sujet précis. Ça vous permettra d’aller droit au but. Pour ceux et celles qui ont le goût de l’aventure plus développée ou qui sont friands des finances, je vous souhaite une bonne lecture!