LogoSponsor

J’ai mangé local durant une semaine et c’était plus facile que je croyais

La foire de la gloire du terroir dans mes armoires!

Par
Pierre-Luc Racine
Publicité

Pour moi, tout ce qui est relié à la cuisine est extrêmement anxiogène. Préparer un seul plat, c’est embarquer dans la recherche d’une recette parmi une avalanche de choix. Ensuite, je dois trouver tous les ingrédients à l’épicerie (ce qui inclut me promener dans toutes les rangées pour mettre la main sur la maudite épice qui ne me servira qu’une seule fois), pas être sûr d’avoir la bonne affaire, revenir chez moi, couper les choses sans me blesser, faire cuire le tout en stressant, espérer pour le mieux et ensuite faire la vaisselle. Ouf!

Publicité

Défaire une habitude

Certains pourraient croire que manger local est une question de se créer une habitude: celle de vérifier les emballages et les étiquettes. Mais non, dans mon cas, c’est plutôt à propos de me défaire de l’habitude de m’en foutre.

Êtes-vous réveillé le matin? Personnellement, mon cerveau se réveille aussi rapidement qu’une génératrice qu’on recharge avec une manivelle. Ça prend du temps! Ça m’est arrivé souvent d’être à la fin de ma deuxième toast au beurre de peanut Kraft et réaliser «ah merde! Je suis supposé manger local!».

Et là, le tort était déjà fait. J’aurais dû retirer de mon garde-manger tous les aliments venant d’ailleurs comme un alcoolique qui vide sa maison de toutes ses bouteilles.

J’ai appris que manger local commence par l’action de se conscientiser et de se débarrasser de nos vieux réflexes.

En prendre une autre

L’ultime truc pour s’assurer de manger local, c’est de ne pas aller au supermarché. Restez chez vous et mourrez de faim. Ainsi, vous ne mangerez pas des choses venant d’ailleurs!

Publicité

Ben non. En fait, ce que je veux dire par «éviter le supermarché», c’est d’opter pour d’autres alternatives. En visitant des petits commerçants locaux, on a en masse de temps pour non seulement connaître notre voisinage, mais aussi pour converser sur tous leurs produits.

Avec mes podcasts dans mes oreilles, faire le tour d’une charcuterie ou d’une fruiterie n’est pas un détour souffrant. Je vous laisse sur ce food porn de croissants Boston avec du chocolat sur le dessus et de la crème pâtissière à l’intérieur trouvé chez Les Touriers:

Publicité

Plusieurs fois par jour

Pour moi, manger local, ce n’était pas que mon assiette soit 100 % locale parce que ça aurait été un défi trop grand. Je me disais que j’étais correct si la plus grosse partie de mon repas venait d’ici.

Avec cette philosophie, manger local est assez simple et même accessible!

Même pour un cancre en cuisine comme moi, je pouvais me faire des sandwichs avec du pain québ’ ou des pâtes avec de la sauce produite ici. Oui, vous avez bien lu. Je ne fais même pas ma propre sauce à spag’. Un vrai cuistot!

Mais à l’extérieur…

Lorsqu’on sort de chez soi, ça se complique un peu. La plupart des menus n’affichent pas la provenance de leurs ingrédients. Je suis allé quelques fois au cinéma et lorsque j’étais serré dans le temps, je n’avais aucune façon de trouver un endroit local et rapide. Personne n’affiche clairement d’où proviennent les aliments sur leurs fenêtres extérieures. J’ai peut-être visité les arches dorées du McDonald’s une fois.

Publicité

Par «peut-être», je veux dire que je l’ai fait et que ce fut délicieux.

Une fois que j’étais assez d’avance avant mon film, je me suis assis à la table des 3 Brasseurs parce qu’ils ont le logo des Aliments du Québec sur leur menu. Mais le logo y est en général. Il n’indique pas quels plats contiennent des aliments du terroir et en quelle proportion.

Au moins, leur bière est brassée sur place, ce qui me simplifie la tâche lors d’une de mes activités favorites: boire de la bière!

D’ailleurs, s’il y a bien quelque chose de facile, c’est de boire de la bière d’ici. Même à ma taverne préférée, je peux m’imbiber de Belle Gueule, brassée ici par les Brasseurs RJ. Hourra!

Publicité

Une petite surprise

Alors que je croyais qu’Aliment du Québec était une certification émise par notre gouvernement, ce n’est pas le cas du tout. Les producteurs doivent s’inscrire et payer des frais pour y être.

Ça veut dire qu’il faut être prudent lorsqu’on identifie ce qui est Québécois. On ne peut pas le faire uniquement en regardant seulement le logo des Aliments du Québec. Plusieurs produits d’ici ne l’affichent pas.

Publicité

Par exemple, ces œufs de la ferme Clovis Gauthier & Fils indiquent Produit du Québec sans le logo. Quoiqu’avec le nom Clovis Gauthier, c’est assez clair que c’est québ’ en maudit!

Un peu plus et ils s’appellent «la ferme Clovis Gauthier & Fils Tabarnak!».

D’ailleurs, plus tôt, je parlais de réaliser en pleine dégustation que je n’étais pas en train de manger local en mangeant mes tartinades au beurre d’arachides Kraft. À ma surprise, 90 % des produits Kraft destinés aux Canadiens sont produits dans leur usine montréalaise!

Bon, on s’entend. Ça ne respecte pas vraiment l’esprit de manger local, mais techniquement, j’étais quand même en train de le faire. Fiou!

Maintenant, passons à mes deux questions existentielles que je me posais au début du défi:

Publicité

Manger local, est-ce que ça coûte plus cher?

Non, même que c’est moins cher. Mon épicerie d’une grande chaîne près de chez moi a des prix tellement élevés que ça revient presque au même que d’aller faire mon épicerie au dépanneur. En visitant des petits commerçants, le prix est soit le même ou moins cher.

Sinon, même sur les tablettes de mon épicerie où il faut presque un dress code pour entrer, il ne semble pas y avoir de surcharge pour les produits qui proviennent de producteurs locaux.

Est-ce que je peux garder cette habitude?

Probablement! C’est un de mes défis qui va rester avec moi très longtemps! Premièrement, une fois que j’ai défait mon habitude de chercher mon épicerie à l’aveuglette, tout vient plus rapidement et facilement. Je sais quels sont les aliments locaux et lesquels ne le sont pas. Me promener dans les rangées n’est plus aussi long qu’à mes débuts.

Publicité

Et visiter des petits commerces locaux me donne l’impression d’être Belle au début de La Belle et la Bête! Maintenant, il ne me reste qu’à me faire kidnapper par une femme richissime transformée en bête qui vit dans un château.