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J’ai l’impression d’avoir rien fait pendant la pandémie même si j’ai fait plein de choses

Le sentiment de productivité: une autre chose que la COVID a foutu en l'air.

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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Depuis plus d’un an, j’ai l’impression de n’avoir absolument rien fait. Et je ne crois pas être la seule. Pourtant, ce fut une période pas moins productive que les autres. J’ai acheté (et commencé à rénover) une maison. J’ai écrit un manuscrit. J’ai changé d’emploi. Bref, ce n’est pas comme si la vie avait pris une pause.

Malgré tout, si je regarde en arrière, j’ai l’impression d’avoir roulé doucement sur une route un brin ennuyante depuis le premier confinement. Au-delà de l’anxiété et de l’adaptation au changement, l’ennui a fait bien plus partie de ma vie qu’à l’habitude.

Quand je fais le tour des gens autour de moi, je remarque le même sentiment. Des ami.e.s ont eu leur premier bébé, un autre a emménagé avec sa conjointe, un autre s’est séparé. Des changements de vie importants, mais qui, néanmoins, ne leur donnent pas l’impression d’être « productifs » ou « productives ».

Intriguée par le phénomène, je me suis interrogée sur le pourquoi du comment de ce sentiment. Voici mes théories :

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1- Notre rapport au travail a changé

Pour bien des gens, le télétravail a brouillé les frontières entre le travail et la maison. Et soyons honnêtes, que ce soit à cause du port quotidien du coton ouaté ou des dérangements constants de la part des enfants ou des animaux de compagnie, il a été plus dur d’être concentré.e cette année.

Au contraire, certain.e.s diront que le télétravail les aide à se concentrer. Pas moi.

Au contraire, certain.e.s diront que le télétravail les aide à se concentrer. Pas moi. J’ai besoin d’être au milieu de l’action, d’entendre les gens qui parlent, de feeler la vibe. À la maison, j’ai plus de mal à me mettre dans le mood du travail. Et une fois mon shift fini, j’ai du mal à m’en extirper. Alors même si ma productivité n’a pas réellement été affectée, je me sens moins productive.

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2- Nous n’avons plus autant d’indicateurs de productivité

Que ce soit au travail ou dans notre vie personnelle, pendant près de deux ans, nous n’avons pas eu autant de contacts sociaux qu’habituellement. Il a donc été plus difficile de sentir l’impact de nos actions au travail. Dans nos vies personnelles, nous n’avons pas autant discuté de notre quotidien. Comme nous l’avons moins raconté, nous sommes resté.e.s seul.e.s avec nos petites histoires, nos petites anecdotes. Puis le temps est passé et elles sont tombées dans l’oubli sans avoir pu vivre leur heure de gloire.

Visiter les réseaux sociaux, c’est comparer notre quotidien aux grands moments de la vie des autres.

C’est plus dur de sentir qu’on est productif ou productive si on n’a pas une petite tape dans le dos une fois de temps en temps.

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3- Les réseaux sociaux ont pris une place encore plus importante

Visiter les réseaux sociaux, c’est comparer notre quotidien aux grands moments de la vie des autres. Pas étonnant qu’on se trouve un peu monotone en comparaison.

4- Le temps ne s’est pas déroulé à la même vitesse

« La vie, c’est court, mais c’est long des p’tits bouts », chantait Dédé Fortin. Et quand les journées se ressemblent, la vie passe vite, mais elle ne suscite pas grande émotion. Nous formons peu de souvenirs avec le quotidien. Ce qui nous frappe, ce qui marque nos mémoires, ce sont les moments qui sortent de l’ordinaire. Sans sorties culturelles, voyages ou partys entre ami.e.s, il n’y a pas eu beaucoup d’occasions de créer des souvenirs impérissables. Résultat : notre conception du temps est quelque peu distordue. Tout semble s’être passé vite, mais sans point d’ancrage.

«La vie, c’est court, mais c’est long des p’tits bouts», chantait Dédé Fortin.

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Les festivités annuelles ont aussi perdu de leur splendeur. Noël, l’Halloween, le jour de l’An, la Saint-Jean : nos fêtes se sont faites plus discrètes. Elles sont davantage passées inaperçues. Conséquemment, nous avons eu plus de mal à suivre le fil des événements, tout s’est brouillé et rien n’est vraiment ressorti.

5- Les grands projets de vie ont été retardés

Oui, vous avez eu une promotion. Mais ce qui vous importait le plus, c’était d’enfin rencontrer l’âme sœur. Vous vouliez avoir un enfant, mais votre conjoint et vous avez perdu votre travail au début de la pandémie. Ces situations sont arrivées à bien de gens. S’ils ne se sentent pas « productifs », ce n’est pas qu’ils n’ont rien fait, c’est qu’ils n’ont pas accompli LA chose qu’ils souhaitaient.

Si vous vous sentez ainsi, je vous encourage à sortir de votre perception un moment et de noter papier (à l’ancienne) tout ce que vous avez accompli dans la dernière année. Vous verrez, la liste sera plus longue que ce que vous pensez.