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J’ai fait du bénévolat pour la première fois
J’ai récemment écrit un article qui s’intitulait Cette semaine, je fais bénévolat pour la première fois.
Ça fait trois semaines de ça.
Ça a été plus long que prévu parce que l’organisme Les Petits Frères, auprès duquel j’ai décidé de m’impliquer, impose un processus sérieux à ceux qui veulent s’impliquer. Il ne suffit pas de dire qu’on veut faire du bénévolat pour qu’on laisse n’importe qui entrer chez des personnes âgées souvent seules et vulnérables, ce qui me semble une très bonne chose, pour être franc.
Mais j’ai finalement eu l’occasion la semaine dernière de faire un peu de bénévolat auprès de cet organisme.
Je vous raconte mon expérience.
Des gens de cœur
Je me suis inscrit pour être jumelé à un aîné, qu’on appelle chez Les Petits Frères les « Grands amis », mais ce processus prendra encore plusieurs semaines, rush du temps des Fêtes oblige.
Puisque beaucoup de ces personnes sont seules, personne n’est là pour souligner leur anniversaire.
En attendant, on m’a plutôt invité à venir faire le service lors du dîner d’anniversaire des Grands amis nés en décembre. Puisque beaucoup de ces personnes sont seules, personne n’est là pour souligner leur anniversaire.
L’organisme prépare au début de chaque mois un dîner pour honorer les aînés qui célébreront leur anniversaire dans le mois. Au menu : vin, nourriture et même un gâteau de fête (délicieux, d’ailleurs, pas mal meilleur que le gâteau d’épicerie).
J’arrive donc vers 10h, pour aider à préparer le repas et la réception. Je suis accueilli par une équipe de bénévoles enjouée : Jules, le vétéran qui s’implique depuis 12 ans, Michel, qui cumule cinq ans de service, Louise et Jacques, le chef cuisinier.
Je devais normalement éplucher les patates, mais à mon arrivée, c’est déjà fait. Sûrement une bonne nouvelle pour l’équipe, parce que j’épluche les patates à une lenteur légendaire.
De toute façon, il y a en masse de travail à faire : on doit placer les couverts, préparer la purée de pommes de terre, et surtout, accueillir les Grands amis qui arrivent peu à peu.
Les monsieurs portent le chapeau et des pantalons propres alors que les dames ont mis leurs plus belles robes et sorti leurs bijoux.
En voyant entrer les Grands amis, je me sens tout de suite un peu underdressed : on voit que pour eux, c’est une journée spéciale. Les monsieurs portent le chapeau et des pantalons propres alors que les dames ont mis leurs plus belles robes et sorti leurs bijoux.
Moi, je pensais que j’éplucherais des patates dans la cuisine alors je porte un coton ouaté comme un petit bum.
Rencontres du troisième âge
Je m’efforce de compenser mon accoutrement rustre en étant spécialement poli avec nos invités.
C’est facile parce qu’ils et elles sont tous.tes charmant.es au possible. Après tout, pour eux, c’est une journée de fête. J’essaie de discuter quelque peu entre les services de jus de pomme et de café, et je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour mes grands-parents aujourd’hui disparus. (Ben, disparus… Je veux dire, je sais sont où, sont au cimetière).
Puis, les Grands amis entrent dans la salle à manger, et entre les services, j’ai le temps de m’asseoir pour jaser un peu. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant les portions minuscules. Ce n’est pas que l’organisme est chiche, au contraire; il y a des restants en masse qui sont offerts aux invités. Mais en vieillissant, il semble que l’appétit rétrécisse.
Ce n’est pas grave : Jacques, le sympathique chef, garde les restants. On en fera des plats à emporter pour les personnes les plus démunies. Ici, rien ne se perd.
Je discute avec une dame, qui est tout heureuse de me raconter ses vacances de jeunesse dans un lac près de chez elle. Son père l’avait emmenée au lac alors qu’elle était adolescente, et clairement, ce sont des souvenirs qu’elle chérit encore 70 ans plus tard.
J’ai l’œil mouillé quand je vois des dames se lever pour danser une valse avec des bénévoles, ou avec certains Grands amis charmeurs.
Puis, après le repas, des musiciens bénévoles viennent chanter des chansons de Noël. J’ai l’œil mouillé quand je vois des dames se lever pour danser une valse avec des bénévoles, ou avec certains Grands amis charmeurs. C’est beau parce que ces personnes vivent une grande solitude. Jules me raconte que pour beaucoup d’entre elles, ce dîner sera leur seule sortie pour plusieurs semaines.
Mais en ce moment, elles vivent un moment spécial, en dansant et en chantant des chansons qui leur rappellent leur jeunesse. Tout ça est d’une grande beauté.
Comme si je n’étais pas assez touché, les musiciens sont remplacés par un Grand ami qui s’installe au piano. Il a préparé un cahier de chansons nostalgiques, qu’il enchaîne au clavier comme s’il avait 20 ans. Tout le monde chante, le sourire dans la voix, et c’est ainsi que la journée s’achève.
Il me reste du travail à faire : il y a de la vaisselle à laver et à ranger, après tout.
Mais si je repars avec les mains un peu asséchées par l’eau chaude de la vaisselle, je repars surtout avec le cœur réchauffé par cette belle journée.
Je retournerai faire du bénévolat, et cette fois, je ne serai pas payé pour en faire un article.