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J’ai acheté une maison pendant la pandémie et voici ce que j’ai appris

Trois nouveaux propriétaires prennent du recul sur leur bien immobilier pandémique.

Par
Justine Leblond
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Les deux dernières années ont été rock n’ roll dans le marché immobilier, c’est le moins qu’on puisse dire. Et maintenant que les taux d’intérêt montent en flèche, ça nous fait réévaluer certaines décisions prises peut-être un peu trop sur un coup de tête.

Alors, qu’avez-vous appris en regardant votre achat de maison pandémique avec un peu de recul? Êtes-vous toujours content.e? Avez-vous des regrets? Témoignages.

Hadrien – Un chalet en forêt

La pandémie a été une vraie prise de conscience pour Hadrien, 40 ans, fondateur et président d’une PME à Montréal. Lui qui avait toujours vécu dans une colocation en ville, habite désormais dans une maison en forêt style chalet, à environ une heure de route de Montréal.

« Je suis un gars qui va extrêmement vite dans la vie. J’ai toujours habité en ville, j’ai énormément voyagé. Et puis bon, j’avais des habitudes aussi un peu… nuisantes pour ma santé, on va dire, avec la ville, le stress lié au travail… Donc c’est une amie qui m’a dit “Hadrien, tu sais, faut que t’arrêtes de vivre comme ça”. C’est elle qui m’a un peu éclairci sur la possibilité d’aller vivre en dehors de Montréal. »

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Ni une ni deux, après lui avoir fait cette réflexion pendant la pandémie, son amie l’a emmené visiter des maisons. « Je me rappellerai toujours de cette journée où mon amie m’a appelé et m’a dit ”viens on va aller voir des maisons, on a rien à faire, les bars et les restaurants sont fermés !” C’était vraiment pas prémédité », se souvient Hadrien.

Au bout de huit visites, l’entrepreneur a un coup de cœur. « Cette maison n’était pas dans mon budget, mais j’ai fait le choix d’emprunter plus que prévu… et j’ai pu négocier un peu. Le propriétaire avait plusieurs choix, mais j’étais le seul qui n’avait pas pour projet de casser sa construction en bois ni de déraciner les arbres autour, alors il m’a choisi! Mais je l’ai eu juste avant que le marché devienne complètement fou. »

Hadrien a déménagé le 1er mars 2021. Il a pris un prêt à taux fixe, car « ce n’était pas le moment de prendre un taux variable, j’en ai entendu des belles… j’ai évité tout ça de justesse. » Et il a trouvé une solution pour rembourser son prêt : mettre sa maison en colocation. « C’est sûr qu’au début, c’était difficile : c’est une grande maison, j’ai pas d’enfant, je suis pas marié… c’est trop grand pour y vivre tout seul. Donc depuis bientôt un an, je suis en colocation avec une femme que je ne connaissais pas au départ, mais désormais on est devenus amis. Et ça fonctionne super bien! »

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Depuis, Hadrien revient à Montréal deux à trois fois par semaine pour son travail. Le reste du temps, son bureau est chez lui. « La pandémie a été une vraie souffrance pour moi, de voir que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Alors aujourd’hui, je n’ai aucun regret. Je me sens bien, j’ai ralenti mon mode de vie. C’est une très belle maison en bois et je suis entouré d’arbres, dans un environnement beaucoup plus serein, aéré. J’ai un chien qui m’accompagne. Je suis chanceux. »

Lucie – Un condo dans Rosemont

Il y a ceux et celles qui ont fait le choix de quitter la ville et d’autres qui ont pris la décision inverse. Comme Lucie par exemple, 61 ans, qui a déménagé à Montréal en juillet 2022 avec son mari. « J’étais enseignante à Rimouski et on a décidé de prendre notre retraite à Montréal, car mes trois enfants habitent ici », explique-t-elle. Lucie a acheté un condo dans le secteur de Rosemont en décembre 2021 et a vendu sa maison à Rimouski.

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Si le départ pour Montréal était prévu depuis plusieurs années, un facteur inconnu s’est rajouté à l’équation. « On a attendu de prendre notre retraite pour acheter à Montréal, mais on ne pensait pas qu’il y aurait une plombée des prix. Ce n’était pas prévu dans notre budget. C’était assez astronomique, l’augmentation des cours, la surenchère », raconte Lucie.

Les prix du marché ont énormément grimpé entre 2020 et 2022, soit en pleine pandémie. « Ça commençait à devenir compliqué de partir quand on a vu que le marché avait beaucoup bougé. Mais c’est certain que nous, on avait quand même financièrement les moyens parce qu’on est à la retraite et qu’on a beaucoup économisé dans notre vie. Ce n’était pas notre première propriété donc chaque précédent investissement a été un petit levier financier, si on veut. Si ça avait été notre premier achat immobilier, ça aurait été impossible de payer les prix demandés, encore plus avec la surenchère ! »

Lucie et son compagnon ont dû se démarquer de la quarantaine de visites qu’il y a eu juste sur une fin de semaine – « Il a fallu faire une offre, puis une suroffre… » Son emprunt, Lucie l’a pris au taux variable, d’habitude plus avantageux. Mais avec la bulle immobilière de la pandémie, Lucie se demande avec du recul s’il n’aurait pas fallu faire l’inverse. « On aurait dû prendre le taux fixe, mais on avait déjà fait nos recherches et d’habitude, le taux variable s’avère toujours plus avantageux. »

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C’est peut-être le seul regret qu’a Lucie, qui se dit par ailleurs très satisfaite d’avoir acheté ce condo et de ne pas avoir attendu plus, de peur que l’investissement devienne impossible. « La situation devenait pressante et on avait la crainte d’être obligés de louer avec le risque d’être délogés par le propriétaire, s’il voulait reprendre l’appartement. Donc on a conclu que c’était préférable pour nous de prendre un condo maintenant plutôt que d’attendre encore. »

Véronique – Un condo dans Rosemont

Véronique, 42 ans, travaille dans la fonction publique provinciale. Elle a aussi acheté un condo dans Rosemont, en mars 2022. « Je magasinais déjà depuis plusieurs mois et j’étais découragée par les prix élevés et la surenchère. Je sentais que c’était la dernière chance pour moi de devenir propriétaire, surtout à Montréal. Alors j’ai revu mes priorités et mon budget… J’ai pensé à long terme. »

Pour Véronique, le plus important était de rester dans son quartier. Elle vivait déjà à Rosemont comme locataire et était attachée à son environnement quotidien où elle pouvait tout faire à proximité. « J’ai mis de côté quelques attentes que j’avais, comme celle d’avoir une cuisine moderne ou une salle de bain de rêve. J’ai opté pour un petit condo vieillot, mais en bonne condition. Pas de tape-à-l’œil ! Comme la fiche de l’agent immobilier n’était pas attrayante, je n’ai eu aucune surenchère à faire et j’ai même pu négocier à la baisse! »

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Véronique a choisi le taux variable avec un plafond. « J’aurais dû prendre le taux fermé qui serait légèrement plus bas que ce que je paye en ce moment. »

Aujourd’hui, Véronique ne regrette aucunement cet achat qu’elle voulait faire depuis longtemps. Mais elle n’aurait jamais pu se l’offrir sans le soutien de sa mère. « Si j’ai pu acheter ce condo, c’est parce que j’ai hérité d’une somme d’argent : ma mère est décédée pendant la pandémie. Elle voulait que je m’achète quelque chose à moi à Montréal, parce qu’elle savait que c’était mon rêve. Et c’est ce que j’ai fait. »