On a tous rêvé de ce qu’on ferait si on gagnait le gros lot à la loterie. En fait, avec les chances infinitésimales de remporter le Lotto Max ou le 6/49, la raison principale d’acheter un billet de loterie demeure les quelques minutes qu’on passe à s’imaginer ce qu’on ferait si notre billet était LE billet gagnant (personnellement, je commanditerais la Ronde pour qu’ils aient ENFIN une nouvelle montagne russe).
Mais certaines personnes ont eu l’extrême chance de remporter le gros lot à la loterie… et l’extrême malchance de tout perdre rapidement.
Ou est-ce vraiment de la malchance? Une étude menée auprès des gens en difficultés financières ayant remporté des prix importants à la loterie (50 000$ à 150 000$) a démontré qu’après cinq ans, les gagnants étaient tout aussi susceptibles de déclarer faillite que les gagnants de bien plus petites sommes.
Qu’en est-il des gros lots permettant de remplir une piscine d’or comme l’Oncle Picsou? Vous allez voir que la descente n’en est que plus spectaculaire.
Ronnie Music Jr: l’anti-Walter White
Si vous gagnez un gros montant à la loterie, ça peut être une bonne idée d’investir une partie de vos gains (avec l’aide d’un professionnel de confiance, de grâce), car ça leur permet de continuer à faire des petits, diminuant les risques que vous n’épuisiez vos ressources.
Il a acheté plus d’un million de dollars de meth, engageant ensuite des revendeurs pour écouler son stock.
Ronnie Music Jr. (quel nom quand même) a également décidé d’investir en affaires quand il a gagné trois millions à la loterie de l’État de la Géorgie… sauf qu’il a décidé d’investir dans un réseau de trafic de crystal meth.
Il a acheté plus d’un million de dollars de meth, engageant ensuite des revendeurs pour écouler son stock. Pis beaucoup de guns. Sa récompense? 21 ans de prison.
Suzanne Mullins: Pas assez riche pour le système de santé américain
Vous rêvez d’un système de santé privatisé à la sauce américaine?
Parlez-en à Suzanne Mullins, une femme qui a gagné 4,2 millions US$ en 1993. Comme la loi de son État ne permettait pas à l’époque de recevoir le montant entier d’une traite, elle a opté pour l’option de paiements annuels de près de 48 000$ pendant 20 ans, après taxes et après avoir partagé avec son mari et sa fille.
Cependant, son gendre est tombé gravement malade, accumulant plus d’un million de dollars de factures médicales jusqu’à sa mort en 2000. Elle a offert de payer la note, mais même avec ses gains, elle a manqué de fonds. Elle a alors emprunté l’argent à une fondation pour les gagnants à la loterie, mais elle n’a pas été en mesure de rembourser l’entièreté des 197 746.15$ empruntés.
Elle s’est donc fait poursuivre, et s’est retrouvée plus endettée qu’avant son gain de 4,2 millions. Vive le système de santé américain!
Evelyn Basehore: Deux fois plutôt qu’une
Les chances de gagner un gros montant à la loterie sont minces. Les chances de gagner deux fois sont si astronomiquement basses que vous avez probablement plus de chances de devenir millionnaire en vous faisant appeler par Scarlett Johansson et Chris Hemsworth qui sont follement en amour avec vous et qui veulent vous léguer toute leur fortune.
Evelyn Basehore souffre sans doute d’un problème de jeu compulsif, ce qui n’est malheureusement pas rare chez les gagnants à la loterie.
C’est pourtant ce qui est arrivé à l’Américaine Evelyn Basehore (gagner deux fois, pas l’affaire avec les Avengers horny), en l’espace de quatre mois dans les années 80, cumulant des gains de 5,4 millions de dollars.
La plupart des gens mesureraient leur chance et ne toucheraient plus jamais à la loterie, profitant plutôt de leur fortune. Après tout, 5 400 000 US$ dans les années 80, c’est plus de 13 000 000 aujourd’hui. Tu peux t’en payer des voyages à Cancun avec ça!
Mais pas Evelyn. Elle s’est plutôt dit que comme elle était apparemment quelqu’un de très chanceux, elle allait jouer l’entièreté de ses gains, ayant découvert le secret pour faire de l’argent à l’infini.
Elle a tout perdu.
On rit, mais ce n’est pas drôle. Evelyn Basehore souffre sans doute d’un problème de jeu compulsif, ce qui n’est malheureusement pas rare chez les gagnants à la loterie.
Janite Lee: le coeur (trop) généreux
Beaucoup de gens voudraient donner la majorité de leurs gains s’ils avaient le gros lot, et c’est louable. C’est le cas de Janite Lee, une perruquière qui a remporté 18 millions US$ en 1993.
La philanthrope a versé des millions à des œuvres de charité, ainsi qu’en dons au Parti démocrate. Elle a tellement donné qu’elle a fini par avoir des dettes atteignant 2,5 millions US$, la forçant à déclarer faillite en 2001.
Au moins, elle a eu une très cool photo (et très peu pixelisée) avec Bill Clinton.
John Whittaker: les bons gars finissent derniers
En 2002, John Whittaker s’est acheté comme cadeau de Noël un billet de loterie, et le père Noël a dû trouver qu’il avait été VRAIMENT sage parce que John a remporté 315 millions US$.
John Whittaker est décédé en 2020, et il a déclaré peu avant de mourir regretter avoir gagné la loterie.
Remerciant littéralement le ciel, Whittaker a donné 15 millions pour construire deux églises, puis mis sur pied une fondation pour aider les gens en difficulté à couvrir leurs paiements de maisons et de voitures.
Il a également été généreux avec sa famille… ce qui a fini par le hanter. Sa petite-fille, qu’il juge avoir trop gâtée, a développé un problème de consommation et est morte de façon mystérieuse en 2007. En 2016, la maison de John a pris feu, et à ce moment-là, ses fonds avaient été épuisés.
John Whittaker est décédé en 2020, et il a déclaré peu avant de mourir regretter avoir gagné la loterie et être attristé par l’impression qu’on ne se souviendrait de lui que comme «le fou qui a gagné le gros lot».
Les Lavigueur: une triste légende québécoise
Comment finir un tel texte sans mentionner les Lavigueur, la tristement célèbre famille québécoise.
En 1986, les Lavigueur étaient une famille de classe populaire de Centre-Sud. Jean-Guy Lavigueur, le père monoparental de la famille, égare son portefeuille contenant le billet gagnant acheté avec trois de ses quatre enfants quelques jours avant le tirage.
William Murphy retrouve le portefeuille et voit le billet qu’il sait gagnant, mais honnête, il décide de le restituer à son propriétaire. Reconnaissants, Jean-Guy et ses enfants partagent le lot de 7,6 millions avec Murphy.
La famille aura été la cible de tous les humoristes, qui ridiculisent les nouveaux riches et leur manque d’éducation.
Mais c’est le début de la fin pour la famille. Louise, la fille qui n’avait pas participé à l’achat du billet, poursuit son père pour avoir une part du gros lot. Elle meurt en 1991 à l’âge de 22 ans.
Yve, un des enfants, dépense tout son argent et sombre dans la cocaïne. Son frère Michel s’enlève quant à lui la vie en 2004, mêlé à une histoire de motards.
Le père, Jean-Guy, meurt en 2000 d’emphysème.
Entre-temps, la famille aura été la cible de tous les humoristes, qui ridiculisent les nouveaux riches et leur manque d’éducation. Une série de films hollandais est même traduite au Québec et renommée Les Lavigueur déménagent, excuse de plus pour ridiculiser les membres de la famille.
L’histoire déchirante diffusée à Radio-Canada, Les Lavigueur, la vraie histoire a été racontée dans une série en 2008, inspirée par le livre écrit par Yve Lavigueur.
On peut bien rêver de gagner le gros lot, mais il faut pas oublier qu’un gros montant nous fait faire des grosses dépenses.