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Il y a 40 ans, un gars de Québec arbitrait la game de hockey la plus iconique de la guerre froide

François Larochelle a vécu le « miracle sur glace » de l'intérieur.

Par
Lucie Piqueur
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C’était le 22 février 1980. La guerre froide grondait entre les États-Unis et l’Union soviétique. Le président américain Jimmy Carter songeait à imposer un boycott des Jeux d’été de Moscou, mais en attendant, les Jeux d’hiver battaient leur plein à Lake Placid, dans l’état de New York.

L’équipe de hockey soviétique en était à sa quatrième médaille d’or olympique d’affilée, c’était la meilleure équipe au monde. L’équipe américaine, elle, était composée d’étudiants de 22 ans qui n’avaient jamais joué au niveau international. Mais au moment de la rencontre avec leurs ennemis jurés, les petits fratboys étaient en forme.

Et en milieu de troisième période, contre toute attente, ils ont pris l’avantage. Quelques minutes plus tard, au milieu d’un stade extatique, ils terrassaient le colosse soviétique, un véritable « miracle sur glace » expression qui a donné son nom à ce match hallucinant. Et quelques jours après, ils remportaient la médaille d’or. Jetez un oeil aux images, on vous promet un frisson (un frisson dont Canadien ne nous a pas gratifié depuis un bout…).

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Mais revenons à nos moutons. Après tout, le titre de cet article vous promettait qu’on allait parler arbitrage. C’est que ce jour-là sur la glace, c’est François Larochelle, un gars de Québec, qui a donné le dernier coup de sifflet lors du match historique.

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L’équipe de J’étais-là, une série de courts-métrages documentaires animés signés URBANIA (shameless plogue) l’a retracé et dans l’épisode Miracle sur glace, il nous raconte son aventure complètement inattendue. De l’intérieur, on vit avec lui ce moment qui a marqué le sport à jamais, mais aussi l’Histoire.

L’arbitre, alors âgé de 30 ans, avait traversé la frontière en Econoline après avoir été sélectionné, sans trop y croire, pour arbitrer les Jeux. Il se souvient de tout : le petit hôtel de Lake Placid, les chicanes en russe entendues entre les branches, la pauvreté des arbitres soviétique, l’escorte policière musclée… Mais ce qui l’a le plus marqué, c’est la clameur surpuissante du public lors des dernières minutes du match, et la lente réalisation que « toute se peut ».

Lorsqu’URBANIA lui a parlé, François Larochelle a aussi raconté son après. Ce soir-là, une fois le match terminé, « la fête s’est transportée partout en ville. C’était la folie sur la rue principale, tout le monde les appelait les Golden Boys. Dans ce petit village, les gens étaient dehors, ils buvaient un peu. Il neigeait des petits flocons. Y’avait une joie incroyable qui régnait. Ça criait fort dehors. Comme à la fin du match. On s’est douchés et on est allés à l’hôtel. J’étais cogné, après toute cette adrénaline…»

«C’était la folie sur la rue principale, tout le monde les appelait les Golden Boys. Dans ce petit village, les gens étaient dehors, ils buvaient un peu. Il neigeait des petits flocons. Y’avait une joie incroyable qui régnait.»

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Quatre jours plus tard, l’Econoline a repris la route vers le Québec, avec quelques passagers de plus. Starvoitov, l’officiel russe qui s’était montré menaçant avec les arbitres juste avant le match, se retrouvait embarqué avec eux, entouré de son traducteur et son garde du corps. «Il ne nous a jamais parlé, ni même salués!» Bonjour l’ambiance. Au moins, « à la douane, les douaniers étaient vraiment contents, souriants, aucun problème de passeport! » nous a-t-il avoué en riant.

Arrivé à Montréal, François a repris l’avion, destination Québec. Le tourbillon a laissé la place au plancher des vaches. «La beauté du spectacle c’était le match, pas mon évolution personnelle. Je ne cherchais pas de publicité. La seule personne qui m’attendait à l’aéroport en revenant des Jeux, c’était ma femme.» Durant des années, il est resté discret dans les médias. «Je me suis aperçu qu’il fallait faire attention, j’avais tellement vu des choses biaisées [NDLR il faudra écouter l’épisode pour comprendre ;-) ] que j’essayais de m’exprimer le moins possible. Le jeu du téléphone arabe, vous savez ! »

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Aujourd’hui, Monsieur Larochelle a 70 ans et plus de 50 saisons de hockey derrière la cravate. « Je suis revenu dans le junior majeur. Oui, ça m’a donné de la crédibilité, mais je ne voulais pas me donner plus de crédit qu’un autre. J’ai choisi l’humilité. J’étais seulement un acteur dans le Miracle on ice. Un témoin privilégié. »

Et grâce à lui, nous aussi, on se sent les témoins privilégiés de l’histoire du hockey.

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