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Hériter de deux millions de dollars, ça change une vie (ou pas)

Confessions surprenantes d’un héritier.

Par
Mali Navia
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Qui n’a pas un jour rêvé de gagner le million à la loterie? Quelques chiffres qui s’alignent et boom! Plus de problèmes financiers et la liberté de consommer à outrance. C’est la vie des gens riches et célèbres qui nous attend du jour au lendemain.

C’est ce qu’on s’imagine du moins quand on s’autorise un rêve irréaliste.

Divorce, chicane de famille, isolement et même suicide, les nouveaux riches ne l’ont pas toujours facile.

Dans la pratique, on a plutôt entendu parler d’histoires abracadabrantes de millionnaires d’un jour qui ont tout flambé en moins de quelques années. Divorce, chicane de famille, isolement et même suicide, les nouveaux riches ne l’ont pas toujours facile.

Cela dit, le mythe du millionnaire doit être ajusté à l’inflation. Est-ce que c’est tant que ça un million en 2019? Selon Martin, qui a hérité de deux millions à la mort de son père, être « millionnaire », ça ne change pas la vie autant qu’on pourrait le croire, mais ça comporte évidemment son lot d’avantages.

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Le début

Ce qu’il faut savoir sur la vie de Martin, c’est qu’il n’est pas dépensier. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’a pas été élevé dans le luxe. Sa fortune, son père l’a bâtie sur le tard, alors que Martin était à la fin du secondaire. Son université et son loyer étaient payés, mais Martin devait quand même travailler pour payer ses dépenses personnelles. Comme bien des gens dans cette phase de vie, il s’est endetté pour avoir une auto et se payer des voyages.

Il y a quelques années, alors que sa carrière est bien entamée et qu’il est déjà propriétaire, le père de Martin décède d’un cancer et lui lègue deux millions de dollars. Qu’est-ce que ça change à une vie? Tout est dans les subtilités, les tracas du quotidien vécus par le commun des mortels. « J’ai remboursé mes dettes d’études et l’achat de ma propriété, mais je n’ai pas modifié mon train de vie, confie Martin. Là où ça change, c’est dans la tranquillité d’esprit. L’argent ne sera plus un problème et ça facilite beaucoup de décisions. »

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Plus t’es riche, plus tu fais de l’argent

Martin se considère comme un gars de la gauche, il dit d’ailleurs être en faveur de l’imposition des héritages. Le fait est qu’ici, un héritage est libre d’impôt parce qu’on considère que les impôts ont déjà été payés sur le montant reçu. Il a donc été frappé par l’injustice derrière plusieurs principes financiers que l’on pourrait qualifier « d’injustes ».

« J’ai accès à des marges de crédit à faible taux, des cartes de crédit qui me font passer la file de sécurité à l’aéroport, etc. D’un point de vue moral ça ne se justifie aucunement, explique l’héritier. Si tu gardes 4000$ dans ton compte courant, tu ne paies pas tes frais de transaction. Tu sauves des frais que quelqu’un qui a moins de liquidité doit payer! Ça me scandalise parce que je me rappelle de mes années d’études où ces frais-là faisaient une bonne différence. C’est à cette époque où j’aurais aimé pouvoir ne pas payer de frais de transaction. Pas aujourd’hui! »

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Vouloir léguer à son tour


Lorsqu’il a touché cette somme, Martin a été contacté par plusieurs gestionnaires de patrimoine et institutions financières. Ça l’a même amené à se questionner à savoir comment ce genre d’information circule. Après avoir remboursé ses dettes, il a pu placer un bon capital. « Quand t’as une bonne stratégie de placement, t’as pas besoin d’y toucher et l’argent fait des petits. C’est important parce que si un jour j’ai des enfants et que je ne suis pas capable de garantir la même chose [un héritage], je vais avoir un peu échoué. J’aimerais qu’ils n’aient pas de dettes d’études et leur laisser quelque chose », confie-t-il.

Entretenir une relation saine avec l’argent

« À la mort de mon père, j’avais 32 ans. Je suis vraiment content de ne pas avoir eu cet argent-là à 18 ans parce qu’il existerait plus! », raconte Martin avec une touche d’humour. Le fait d’avoir eu l’occasion de « manquer d’argent » dans sa vie lui a appris la valeur de celui-ci. « Je suis allé à l’école publique. J’ai vraiment pas été élevé en riche et à l’université mon père ne me sortait pas du trou chaque fois que j’en avais besoin, poursuit-il. Je ne me retournais pas vers lui à la moindre difficulté. »

Comment et quand intervenir financièrement auprès des enfants sans faire passer le message que l’argent, il y en aura toujours?

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En effet, la ligne devient mince lorsque l’argent n’est plus un problème. Comment et quand intervenir financièrement auprès des enfants sans faire passer le message que l’argent, il y en aura toujours? Bien qu’il ne soit pas encore père de famille, c’est une question qui préoccupe Martin. « J’aimerais m’assurer que mes enfants puissent gagner leur vie comme ils veulent sans que l’argent ne soit trop problématique », explique celui qui a fait le choix du travail autonome. « Avant d’hériter, l’argent était une préoccupation quand il en manquait. Ça n’a jamais été au centre de ma vie. C’était important, mais je n’ai jamais valorisé l’argent en soi comme une manière d’être heureux. L’argent, ça sert à s’assurer d’avoir une sécurité », dit-il.

L’argent, ça ne change pas le monde, sauf que…

Est-ce qu’on est plus heureux quand on a deux millions en banque? Pas nécessairement. Comme vous pouvez le constater, on est loin de l’image qu’on se fait des gagnants du million. Pas de gros manoir un peu quétaine avec une fontaine en plein milieu du salon ni de virées à Vegas avec des pop stars déchues. Même si ça a l’air d’un gros montant, deux millions en 2019 ça ne te fait pas prendre une retraite anticipée.

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Réalistement, être « millionnaire », ça se vit avec des petits et grands luxes qu’on s’octroie de temps à autre, une absence totale de dette et une assurance solide pour un futur sans embûches financières. Comme le dit si bien Martin, « être trentenaire et propriétaire sans dette d’études, c’est déjà un très grand privilège! »