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Guindon et fils

Par
Frédéric Guindon
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Ce texte est extrait du #31 spécial Bébés | présentement en kiosque

Ça ne fait pas longtemps que je suis un adulte. Treize ans en révolutions solaires, oui, mais à peine quelques mois dans ma manière de me comporter. J’ai toujours réfléchi en fonction de « plus tard ceci » ou « plus tard cela ». Et aujourd’hui, je suis là et maintenant. Les choses se passent à fond. Je suis là où j’ai toujours voulu être et je suis bien ici. Je peux donc passer à la deuxième phase du plan directeur : m’assurer que ces beaux gènes que je transporte puissent se perpétuer à travers les siècles des siècles, amen. Je suis prêt à concevoir l’héritier Guindon. Et ça tombe bien, parce que madame Guindon a justement l’horloge biologique en mode coucou.

Fourrer avec un grand F
La première étape quand on veut un enfant, c’est de fourrer. Souvent et bien. Parce que j’ai pour mon dire que les petits spermatomachins le savent quand c’est pas du bon sexe et forcément, ils foncent dans le mur au lieu de rentrer dans la boîte magique.

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Quand on a irrévocablement décidé de mettre en branle le chantier, j’ai donc annoncé à ma tendre épouse que je l’honorerais plus souvent et que la réforme de notre sexualité prendrait effet sur-le-champ. Cette phrase, prononcée sur un ton sérieux comme un lecteur de bulletin de nouvelles, a eu l’air de la stimuler pas mal parce que nous nous sommes mis au travail immédiatement. La qualité de notre copulation n’a jamais été problématique, alors je n’ai pas eu besoin d’aviser à ce sujet. Le train est entré en gare et les passagers sont sortis, heureux d’être arrivés à destination. Après, on a fait comme d’habitude, c’est-à-dire pas grand-chose et on s’est endormis.

Le lendemain, je me suis rappelé mes cours de FPS (formation personnelle et sociale) au secondaire. La grosse madame Tessier nous avait bien expliqué qu’il fallait que certains critères soient réunis afin que la reproduction ait lieu. Un d’entre eux était en rapport aux dates d’ovulation pis toute pis toute. Il fallait que l’Acte avec un « A » majuscule (madame Tessier nous enseignait aussi le ERC : Enseignement religieux catholique) se déroule 13 jours avant le début des prochaines menstruations, ou un truc du genre. J’ai consulté ma blonde à cet effet, et elle a fait le calcul algébrique complexe : nous étions en plein dans la période « à risque ». Il faut comprendre que quand ils nous rentrent ça dans la tête à 12 ans, c’est bel et bien d’un « risque » qu’il s’agit. À 30 ans, appelons plutôt ça un « risque calculé », comme faire du parachute ou choisir un BIXI sans tester, au préalable, la pression de ses pneus.

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Toujours est-il que cette journée-là, nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de mettre en pratique notre nouvelle résolution de fourrer davantage. Le BBQ annuel des Guindon avait lieu chez mon cousin Richard. Il fallait faire des commissions, rouler sur l’autoroute, être devant 30 personnes, etc. Autant de situations où la procréation n’est pas réellement envisageable à moins de trouver une allée secrète au Canadian Tire, d’avoir le cruise control ou d’être une crisse de famille bizarre. Mon cousin en a néanmoins profité pour me prodiguer ce précieux conseil : « Si tu veux un gars, laisse pas passer d’air. » À ce jour, je n’ai pas encore réussi à comprendre ce que ça voulait dire.

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