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Grimpeur urbain : la ville comme voie d’escalade

Qui aurait cru que le viaduc Van Horne deviendrait un jour un spot de grimpe ? 

Par
François Breton-Champigny
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Tous les amateurs du film Spider-Man sorti en 2002 se rappelleront de la scène marquante où Peter Parker (interprété par Tobey Maguire) teste pour la première fois ses pouvoirs en escaladant un mur sans aucune prise possible à l’aide de ses skills d’homme-araignée.

Alors qu’il comprend que tous les immeubles de New York pourront désormais lui servir de terrain de jeu, on peut lire le bonheur pur sur son visage imberbe de jeune homme qui débute la vie adulte avec une petite tournure inattendue

Si passer d’un gratte-ciel à l’autre à l’aide de toiles d’araignée vêtu de spandex de la tête aux pieds n’est malheureusement pas très réaliste, des adeptes de la grimpe ont néanmoins décidé d’imiter en quelque sorte le superhéros dans ses prouesses en transformant des structures urbaines en voies d’escalade.

C’est le cas de Joshua Pereira, un grimpeur aguerri avec qui on s’est entretenu pour mieux comprendre ce phénomène.

De l’escalade pour déjeuner, diner et souper

Joshua Pereira n’a évidemment pas fait ses premiers pas dans le sport en se garrochant sur le stade olympique pour conquérir son emblématique tour dès le jour 1. «J’ai commencé en 2014 avec mon ex à en faire dans les gyms d’escalade et je suis devenu hook vraiment rapidement. Depuis ce temps-là, je dirais même que toute ma vie tourne autour de la grimpe», confie l’athlète, qui a transformé sa passion en gagne-pain. Il occupait d’ailleurs jusqu’à tout récemment un emploi en tant que «bâtisseur» de salles d’escalade pour une entreprise québécoise, une job qui lui a permis voyager et découvert des spots un peu partout à travers le monde.

«J’avais un besoin viscéral de grimper et comme tout était fermé, j’ai commencé à me promener à Montréal pour aller voir des lieux dont je connaissais l’existence, mais que je n’avais jamais essayés».

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«J’essaie de toucher à tout. Autant du bloc, que de la voie traditionnelle ou des compétitions de vitesse», explique Joshua, qui fait notamment partie de l’équipe de grimpeurs d’Allez Up.

Mais, en raison d’un « petit » pépin nommé pandémie, l’athlète a dû dire au revoir aux gyms, aux voyages et aux évènements qui le faisaient vibrer l’an dernier. C’est là que l’architecture montréalaise s’est mise à lui faire de l’œil. «J’avais un besoin viscéral de grimper et comme tout était fermé, j’ai commencé à me promener à Montréal pour aller voir des lieux dont je connaissais l’existence, mais que je n’avais jamais essayés. Finalement, j’ai tellement aimé ça que j’ai continué mes recherches et j’ai trouvé de nouveaux spots à grimper!»

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Du tunnel Atwater à Pointe-Saint-Charles en passant par l’immeuble où il habitait, Joshua en a monté des structures urbaines au cours des derniers mois. Si la vidéo où il réussit à grimper le viaduc Van Horne, un spot «déjà pas mal connu», lui a valu un repartage de la page Instagram de Sportsnet et une reconnaissance incontestée de la communauté de grimpeurs, c’est pour l’instant le métro LaSalle qui est sur sa to-do list d’endroits à escalader.

«Il y a seulement une personne qui l’a réussi jusqu’à maintenant et j’aimerais vraiment ça l’ajouter à mon registre. Ça fait partie du fun de “owner” de nouveaux spots».

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Un sport à pratiquer avec modération

«Il y a des mouvements techniques à faire lorsqu’on grimpe une structure en milieu urbain qu’on ne retrouve pas nécessairement dans une voie en gym, par exemple».

S’il considère que l’émotion incroyable qu’il ressent en faisant de l’escalade urbaine ressemble beaucoup à celui de l’escalade «traditionnelle», Joshua reconnaît que son exécution peut cependant différer. «Il y a des mouvements techniques à faire lorsqu’on grimpe une structure en milieu urbain qu’on ne retrouve pas nécessairement dans une voie en gym, par exemple. Ça peut être aussi plus dangereux puisqu’il y a moins d’encadrement et que les structures n’ont pas été créées pour être grimpées». Dans cette optique, l’athlète déconseille fortement aux grimpeurs débutants de s’élancer sur les parois urbaines, notamment celles d’immeubles industriels. Une solide expérience en escalade est nécessaire pour affronter ces voies hors de l’ordinaire, en hors-la-loi.

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Parce qu’il y a là un autre élément à ne pas négliger : l’aspect « légal » de l’escalade urbaine. «Je dirais que c’est comme une zone grise. C’est un peu comme les skaters qui utilisent les escaliers de bâtiments municipaux pour faire leurs trucs. Ce n’est pas vraiment légal, mais c’est quand même assez toléré si c’est bien fait et qu’on est respectueux de l’environnement», croit Joshua, qui affirme n’avoir encore jamais été accosté par les autorités pour ses exploits acrobatiques.

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Selon lui, au même titre que le skate, il y a une forme de démocratisation de l’escalade depuis quelques années, ce qui expliquerait pourquoi les forces de l’ordre sont légèrement plus clémentes à l’égard des grimpeurs de sa trempe. «Il y a 5 ans, tu pouvais te faire arrêter si on te voyait escalader un mur au stade olympique. Maintenant, avec le Nomad Bloc qui s’est installé là et les blocs de granite un peu plus loin, les gens commencent à comprendre qu’on est pas des petits bums croches qui veulent foutre le bordel. On veut juste avoir du fun avec notre passion».

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D’ailleurs, vu la popularité en ascension du sport, est-ce qu’il a peur que des troupes de grimpeurs lui volent ses précieux spots dans un futur rapproché? Pas vraiment. «Ça me dérange pas que ça devienne moins underground. Si des gens essaient et qu’ils trippent, moi, ça va me rendre bien heureux!»

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