.jpg)
Bye bye boss!
Un jour, vous aviez un collègue et le lendemain, vous n’en aviez plus. Personne ne s’est fait montrer la porte, mais quelqu’un a décidé que c’était fini et qu’il n’y avait aucune raison de se justifier ou d’en dire davantage. You’ve been ghosted. Ça arrive plus souvent qu’on le pense, surtout avec une nouvelle génération qui a pris cette habitude dans toutes sortes de relations.
Est-ce que c’est encore la faute aux maudits milléniaux? D’après eux, oui.
Ça arrive aussi qu’une personne qui convoitait un poste ne donne jamais de nouvelles après une offre d’emploi. D’après Espresso Jobs, 83 % des employeurs ont déjà été ghostés par un candidat qu’ils désiraient embaucher. Dans ce sondage fait auprès de 900 employeurs, 69 % d’entre eux disaient que le phénomène était récent et datait de pas plus de deux ans. Est-ce que c’est encore la faute aux maudits milléniaux? D’après eux, oui.
On parle ici de ghosting de toutes sortes, et dans tous types de travail. Parce que ça ne date pas d’hier que des gens quittent un emploi au salaire minimum sans préavis. Par contre, c’est tout récent qu’un développeur web ou un employé d’URBANIA (oui, oui) ne rentre pas un matin sans jamais redonner de nouvelles.
En général, les employés ghostent pour éviter la confrontation. Ils ont trouvé un meilleur poste ailleurs et ne veulent pas s’obstiner avec leur patron, ou ils sont simplement tannés de leurs conditions de travail et sentent que, même s’ils en parlaient, ils ne seraient pas entendus. Ça fait longtemps qu’ils ont dépassé le stade « démissionner, mais dans les règles de l’art ».
Témoignages de fantômes
J’ai été surprise du nombre de mes amis, que je considère pour la plupart respectueux et fiables, qui ont ghosté des employeurs!
Dans presque tous les témoignages, j’ai senti que les gens le faisaient envers des employeurs qu’ils n’estimaient pas et par lesquels ils se sentaient méprisés. Aussi, plusieurs ont semblé vraiment satisfaits de laisser leur employeur de merde dans la merde.
Ghoster déguisé
« Je travaillais dans un magasin d’Halloween où ils nous obligeaient à nous habiller en slut. Mon amie pis moi, on a un peu défié la règle en se déguisant toujours en duo drôle… Genre une prise de courant pis une plogue. Bref, un jour qu’ils voulaient vraiment qu’on change nos costumes pour en mettre des slutty pis qu’ils ont refusé de nous donner une pause sur un shift de 12h parce qu’il y avait trop de monde, on a laissé nos costumes en boule sur le plancher et on a sacré notre camp en plein milieu de la journée. On courrait en disant aux clients : “’Vous encouragez un magasin qui oblige ses employées à s’habiller sexy et les privent de pause!” C’était un moment plein d’adrénaline! »
Ghoster à l’aéroport
« Moi j’ai ghosté une job quand j’étais col bleu à l’aéroport. On avait un nouveau superviseur qui aimait ça chier sur le staff étudiant. En gros, la job consistait à passer la tondeuse pis le weed eater à l’infini tout l’été. Il nous faisait tondre le gazon dans des places désaffectées sur le terrain de l’aéroport. Un moment donné, on est toute une équipe à faire du weed eater le long d’une clôture. Y’a des canettes, des bouteilles, des vidanges… et comme quatre bouts de gazon à couper, c’est absurde. Moi pis un autre des jeunes, on a la job de ramasser les vidanges pendant que le boss passe le weed eater derrière nous. Pour qu’on aille plus vite, le gros tabarnak donnait des coups dans la garnotte avec le weed eater pour que ça nous revole dessus. J’suis parti à la fin de la journée en volant mes bottes de pompier pis j’suis jamais retourné. C’était un ghost satisfaisant. »
Ghoster au magasin
« J’ai ghosté une job de gérant au Château. J’ai réalisé que je gagnais autant sinon moins qu’un vendeur de plancher. En plus, la hiérarchisation de cette boutique me dégoûtait! Mon superviseur me disait de faire un truc et quand son superviseur à lui venait le réprimander pour cette décision, il me remettait tout sur le dos. J’étais jeune et insouciant de l’impact que ça peut créer dans une entreprise, je ne crois pas le refaire un jour. »
Ghoster entre deux sandwichs
« C’était du straight up bullying. La fille a dit qu’à être conne de même, j’avais pas d’avenir dans rien. »
« Je me suis fait engager à l’âge de 15 ans dans un Subway. J’avais jamais mangé dans un Subway de toute ma vie. Pis la boss avait oublié que je rentrais ce jour-là, faque elle a décidé de remettre mon training entre les mains de deux filles entre 18 pis 25 ans qui avaient clairement gâché leur vie et qui voulaient vraiment rien savoir de devoir entraîner une nouvelle. Elles m’ont juste crié dessus devant les clients à chaque fois que je faisais une erreur (ce qui était souvent, étant donné qu’elles m’ont rien montré). Jusqu’à ce que je me mette à pleurer de manière permanente dans le restaurant, complètement démunie en faisant des sandwichs à des gens qui avaient pitié de moi. J’y suis retournée le lendemain, après m’être ben bracé. C’était pire. C’était du straight up bullying. La fille a dit qu’à être conne de même, j’avais pas d’avenir dans rien. Même son chum, qui venait passer ses journées au restaurant à fumer pis l’embrasser pendant ses trop nombreuses pauses, est venu s’excuser à moi. Je les ai jamais rappelés. Y m’ont jamais rappelée… J’avais pas la force de caractère de les dénoncer à cette époque. J’ai gardé mon uniforme du Subway, que j’ai taché de peinture avec les années, pis j’ai jamais eu ma paye. Des années plus tard, j’ai croisé une des deux filles. Elle travaillait dans un Dollarama. »
Ghoster pour s’éviter une longue nuit
« Je travaillais de nuit chez Jump, c’était vraiment pas l’fun et j’me suis jamais senti autant comme un numéro dans une si petite compagnie. J’ai appliqué pour une autre job et je pouvais commencer le lendemain. Donc je ne me suis juste jamais présenté à mon shift de nuit, pour être en forme à ma nouvelle job le lendemain. J’ai eu trois appels en trois jours et j’ai répondu le troisième jour pour y demander s’il voulait toujours ma lettre de démission. Il m’a dit non et m’a remercié pour mes semaines de service. Étonnement, c’est la cessation d’emploi qui m’a fait le plus de bien! »
La vengeance (et la libération) semble satisfaisante au cœur de l’employé!