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Génération argent: la petite histoire financière des X

Comprendre son histoire, ça aide à se comprendre soi-même.

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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Dans cette série, nous explorons comment certains événements ont modifié le rapport à l’argent de toute une génération. Aujourd’hui: la génération X.

«Dans mon temps, il n’y en avait pas de job

Cette phrase, bien des membres de la génération X l’ont prononcée, et certains la prononcent encore, quand les plus jeunes ont le malheur de se plaindre devant eux.

Coincés entre deux vagues démographiques importantes, les X sont surnommés la génération sacrifiée. Et cette image leur colle à la peau, même si aujourd’hui, ce sont eux qui se retrouvent avec les postes prestigieux, après le départ de leurs aînés à la retraite.

Si leur situation économique et démographique s’est améliorée, ils sont encore coincés entre deux générations.

Ils ont pris du temps à faire leur place, mais ont finalement réussi à bien se placer les pieds. Désormais chef d’entreprise, patrons, chefs de partis (Justin Trudeau, Erin O’Toole, Jagmeet Singh, Yves-François Blanchet, Paul St-Pierre-Plamondon et Dominique Anglade sont tous des X) et dirigeants de médias.

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Si leur situation économique et démographique s’est améliorée, ils sont encore coincés en sandwich entre deux générations. Ils ont maintenant l’âge où ils doivent à la fois s’occuper de leurs parents vieillissants et de leurs enfants qui, heureusement, vieillissent eux aussi.

Mais les difficultés de la génération X ne lui sont pas uniques. Au contraire, elles ont continué et même empiré pour les générations suivantes. Si le taux de chômage a diminué aujourd’hui, l’instabilité d’emploi et l’effritement des conditions de travail affectent les plus jeunes, souvent encore plus sévèrement.

Mais il va sans dire que les X ont évolué dans un contexte assez particulier, qui les a marqués. Si bien que même s’ils sont mieux placés aujourd’hui, ils se souviennent que dans le temps…

1- La hausse du taux de chômage

Au moment où les X entraient sur le marché du travail, c’était particulièrement engorgé. L’économie se remettait doucement de la récession des années 80, et les baby-boomers s’étaient assuré une place confortable sur le marché du travail. Au même moment, les femmes devenaient plus nombreuses à travailler. Les emplois manquaient, et ce sont principalement les jeunes hommes qui étaient touchés.

Dans un contexte de chômage, une job, n’importe laquelle, c’est mieux que pas de job pantoute.

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À ce moment, les jeunes X, qui occupaient des emplois plus précaires, étaient particulièrement affectés.

Cette insécurité a influencé les conditions de travail, particulièrement le syndicalisme. Dans un contexte de chômage, une job, n’importe laquelle, c’est mieux que pas de job pantoute. L’adhésion aux syndicats en a pâti, et les conditions de travail en ont subi les conséquences.

2- Reagan, Mulroney, Thatcherisme et la montée du conservatisme

C’est dans un climat économique incertain qu’est né un nouveau conservatisme. Après les nombreuses récessions, le gouvernement souhaite serrer la vis et limiter les dépenses de l’État. Les impôts aux entreprises diminuent, au profit d’une taxe sur la consommation. L’idée de Reagan, c’est qu’en diminuant les impôts des riches, toutes les classes sociales vont en bénéficier. C’est plutôt l’inverse qui se produit.

Arrivés sur un marché de l’emploi qui ne leur a pas fait de cadeau, ils ont dû s’adapter et l’esprit révolutionnaire a rapidement été mis de côté.

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L’écart entre les riches et les pauvres se creuse de plus en plus. Et les plus jeunes, désespérés de trouver des emplois, n’ont pas l’esprit à la révolution. Le travail devient un moyen et non un but, et ils adhèrent sans souci aux idées matérialistes.

3- La fin des révolutions

Au Québec, les référendums de 1980 et de 1995 se soldent par des refus. Les idoles de la génération X qui symbolisaient le refus d’adhérer à la culture mercantile succombent au suicide ou au marché.

À l’adolescence, les envies de révolution des X se reflétaient beaucoup par un désir d’authenticité. Arrivés sur un marché de l’emploi qui ne leur a pas fait de cadeau, ils ont dû s’adapter et l’esprit révolutionnaire a rapidement été mis de côté. Les X ont vécu beaucoup d’espoirs brisés et ils ont longtemps été décrits comme une génération en colère, marquée notamment par un taux d’insatisfaction au travail élevé, mais qui n’a ni eu le poids démographique, ni l’occasion de miser sur la révolution. Chacun a fait son chemin comme il pouvait.

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Et vous, quels sont les événements qui ont marqué VOTRE rapport à l’argent?