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Finis ton assiette!

Par
Pascal Henrard
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De nos jours, les enfants gâtés font la grève de la faim pour se venger de leurs parents qui les bourrent de recettes santé et de légumes bio. Que faire pour qu’ils vident leur assiette ailleurs que dans le bol de toilette ?

Depuis que les événements du 11 septembre nous sont restés en travers de la gorge, la petite histoire de l’avion qui vient s’écraser avec son chargement de légumes dans la bouche braillarde de fiston ne fait plus vraiment recette auprès des bambins récalcitrants.

Il faut trouver autre chose.

« Mange ta main et garde l’autre pour demain ». Les dictons apéritifs ne trompent personne et ne rassasient pas l’appétit des petits.

« Finis ta salade de betteraves, après on ira chez McDo ». Les promesses crasses de récompenses grasses n’arrivent plus à faire passer une petite bouchée de légumes assaisonnés.

« Mange ton foie de veau, sinon tu seras privé de chou-fleur ». Même les menaces de privation les plus drôles ne font pas rire les enfants-rois assis sur leur trône barbouillé de fromage orange fluo et de chips à saveur de pizza.

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« Une cuillère pour papa, une cuillère pour maman ». À force d’abuser des bonnes vieilles comptines d’autrefois, ce sont les parents qui prennent du poids. Trois petits tours de taille et puis s’en vont.

Les histoires de ventres ballonnés par la faim en Afrique lointaine ou de populations décimées par la famine n’émeuvent plus les jolis petits minois alimentés d’infos spectacles et de jeux télévisés. Et la voiture qui rentre au garage bourrée de poulet séparé mécaniquement fait à peine marcher quelques morveux mordus de f1.

Bref, de nos jours, il faut faire preuve de beaucoup d’imagination pour faire manger les enfants gavés de pubs de fast-food et abreuvés de promos colorées de boissons gazeuses.

On se fatigue à les rassasier, pis pour nous remercier, ils se gavent de crottes de nez séchées. De toute façon, à quoi ça sert de se casser la tête et de se vider les poches pour nourrir ces petits monstres ? Dans 40 ans, y aura pas assez de deux planètes comme la nôtre pour remplir les estomacs de tout ce beau monde.

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Allez, vous reprendrez bien un peu de perche du Nil aux kiwis de Nouvelle-Zélande avant de partir ?

Texte issu du #14 spécial Bouffe | hiver 2007