Robe, alliances, traiteur, fleuriste, photographe… Se marier engendre presque inévitablement une longue liste de dépenses, quelle que soit la formule choisie. Et la facture totale ne cesse d’augmenter, notamment à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires.
Une estimation de Radio-Canada chiffrait le coût moyen d’un mariage à 35 000 $ en 2023, soit 10 000 $ de plus qu’avant la pandémie.
Dans ce contexte, financer un mariage devient une partie importante du processus de planification de l’événement et demander une contribution financière à ses invité.e.s peut représenter une solution pour éviter de se retrouver sur la paille.
« Tous ceux à qui je parle le font parce qu’ils sont coincés au pied du mur pour choisir entre inviter leur monde, se ruiner ou faire payer une partie des frais. Ce n’est jamais leur premier choix », explique Lysandre Lamarre, elle-même une future mariée. Elle et son fiancé ont pourtant dû s’y résoudre lorsqu’ils se sont rendu compte qu’un budget de 8 à 10 000$ ne suffirait pas pour accueillir tous leurs proches. En effet, si le couple comptait initialement s’entourer de 70 à 80 personnes avec cette somme, il a vite constaté qu’il lui faudrait plutôt débourser près du double, soit entre 15 et 20 000$.
Les futurs mariés ont donc pris la décision de repousser la date du mariage afin de se donner le temps d’épargner davantage, mais également de demander une contribution financière à leurs invités. « On a réalisé qu’on ne pourrait pas payer un mariage potable à nous deux sans dépenser tout l’argent qu’on met de côté depuis longtemps avec l’objectif d’acheter une maison pour notre future famille. »
Un choix (très) personnel
Selon l’organisatrice de mariages Mylène Mayer, les futurs mariés discutent souvent de cette question avec elle au début du processus. « Je pense que c’est un sujet vraiment délicat, explique-t-elle. Beaucoup de personnes craignent de l’aborder, mais c’est normal de se poser des questions sur le budget. »
Ultimement, selon Mylène, c’est entre 5 et 10 % de ses clients qui font le choix de partager les frais de leur mariage avec leurs invités. L’organisatrice de mariage a vu ses clients demander des contributions de 75 à 200 $.
Elle estime que la contribution moyenne exigée par les marié.e.s s’élève à 150$ par personne.
Cela dit, la somme peut varier selon plusieurs paramètres, comme le lieu de la réception ou le nombre de personnes.
Les couples choisissent aussi ce que couvre la contribution. En effet, certains incluent le prix de la nourriture et des boissons dans leur calcul, alors que d’autres prennent en charge une partie de ces coûts, et que d’autres préfèrent demander un petit montant supplémentaire pour couvrir les autres frais reliés à la réception. « C’est important de se respecter, et d’y aller avec ses valeurs, en se faisant confiance », ajoute Mylène.
Lysandre Lamarre et son conjoint sont en pleine organisation de leur mariage. Ils ont choisi d’établir la somme à partir du prix moyen des assiettes, ainsi qu’en prenant en compte les conditions socio-économiques de leurs invités.
« On se garde du jeu pour ajuster la contribution selon les besoins individuels de chaque personne », explique la mariée.
« Si un invité m’approche pour me dire qu’il aimerait venir, mais qu’il n’en a pas les moyens, on pourra discuter pour voir si on pourrait établir une entente, ou s’il devra passer son tour parce que je n’ai pas les moyens de couvrir ses frais. »
Pour être certaine que la majorité de ses proches puissent être présents, Lysandre a toutefois dû faire plusieurs concessions en choisissant, par exemple, d’organiser la réception à l’extérieur, sous un chapiteau, plutôt que dans une salle. « Même avec cette concession-là, on n’est pas en mesure de faire notre mariage comme on voudrait , explique la jeune femme. On doit faire des concessions dans tout : la salle, la nourriture, la déco, les photos… Mais ce qui me fait le plus de peine, c’est de devoir couper dans la liste des invités. »
La question culturelle
« J’ai la chance d’avoir des proches ouverts à l’idée de payer une partie des frais », ajoute Lysandre.
En effet, demander une contribution financière à ses invités reste très mal perçu dans plusieurs cultures, précise Mylène.
Par exemple, l’organisatrice travaille souvent avec des clients originaires de France, où les mariés et leurs parents prennent en charge l’intégralité des dépenses reliées au mariage.
Devoir s’acquitter de tous les coûts engendrés par l’événement vient évidemment avec des conséquences sur son organisation. « La famille de la femme de mon cousin vient d’une culture dans laquelle ça ne se fait absolument pas, de faire payer les invités, alors il a dû faire des choix déchirants pour réduire considérablement sa liste d’invités », raconte Lysandre.
Une décision responsable, mais non sans risques
Bien que la pratique soit davantage acceptée au Québec, Mylène précise que « les mariés sont les meilleures personnes pour faire ce choix, car ils connaissent leur entourage. Mais il faut s’attendre à avoir des réactions, comme pour toute décision. »
Selon l’organisatrice, c’est parfois jusqu’à la moitié des invités qui refusent de se joindre à la noce lorsque les futurs époux demandent une contribution monétaire.
Par conséquent, estimer le nombre de convives lors de la préparation devient plus difficile. De plus, il faut s’attendre à recevoir moins de cadeaux, étant donné que les invités ont déjà déboursé une certaine somme pour participer à l’événement.
Qu’on décide ou pas de demander aux invités d’un mariage d’y contribuer financièrement, Mylène tient à nous rappeler que le plus important reste de prioriser « ce qui est important pour soi, et non pas ce que les autres vont penser. »