Fermeture des écoles : petit guide de survie en temps de grève

Quand je pense à mon enfance, je revois ma mère avec son habituel sourire contagieux, éclairée par la douce lumière du soleil qui entre par la porte patio de la salle à manger, en train de corriger la montagne de travaux de ses élèves… le dimanche. J’adorais jouer à la prof et l’aider à mettre des autocollants à côté des bonnes notes. Pour moi, c’était un jeu, mais pour elle, c’était du temps supplémentaire non rémunéré.

Ma très chère maman a enseigné durant 41 ans, malgré les risques du métier (lire ici: complexité du travail, gestion de crise, désorganisation, bureaucratie, burn out). Ces mêmes problématiques qui sont encore au cœur des revendications des enseignantes et des enseignants qui seront en grève cette semaine.

La situation actuelle crée assurément un véritable casse-tête pour de nombreuses familles, qui se trouvent plongées dans l’incertitude quant à la durée de la grève et à la reprise des activités normales.

En vue de ces prochaines journées qui s’annoncent assez difficiles pour les parents qui n’ont pas le luxe de rester à la maison, voici quelques solutions pour tenir vos enfants occupés.

Décidément, on ne nous le dira jamais assez, mais pour élever un enfant, it takes a village! Jessica (@jessiegarno sur Instagram), maman de trois enfants, compte faire équipe avec son voisinage pour faire des rotations de gardiennage.

Une bonne idée, surtout si le télétravail n’est pas une option qui s’offre à vous, ou simplement pour travailler dans le calme, à la maison.

De nos jours, le concept de village peut également prendre forme sur les plateformes numériques. Par exemple, le groupe d’entraide Écoles fermées, parents sollicités! offrent une tonne de ressources aux parents durant cette situation exceptionnelle.

Qui sait, peut-être que vous trouverez d’autres parents dans la même situation, prêts à organiser une rotation de garde avec vous.

Pour les mères, la psychologue spécialisée en santé mentale maternelle Lory Zéphyr et la journaliste Jessika Brazeau ont fondé Ça va maman?, une plateforme qui propose un refuge aux mères. Je suis abonnée depuis un moment à leur groupe de discussion sur Facebook et il s’agit d’un véritable safe space qui permet aux mères de discuter de tout ce qu’elles veulent, poser des questions ou se confier de manière anonyme.

Cette semaine, certaines d’entre elles exprimaient leurs inquiétudes quant à l’évolution de la grève. Il est rassurant de pouvoir échanger entre mamans et de se sentir moins seule. C’est un espace d’entraide et de partage, alors n’hésitez pas à vous y inscrire si vous avez besoin de conseils.

Sophie, enseignante en 1re et 2e année et fondatrice du blog pédagogique Cerveau et Cie, suggère aux parents qui ne peuvent pas s’absenter du bureau de faire appel à des jeunes ayant suivi des cours de gardien averti à proximité.

Vous pouvez vérifier auprès de votre municipalité ou des maisons des jeunes pour accéder aux listes d’adolescent.e.s ayant la certification de Gardiens Avertis. Il existe également des groupes Facebook comme S.O.S Gardiennes d’enfants et Garderies S.O.S. Plusieurs adolescent.e.s y offrent leur services durant la grève.

Certains camps de jours offrent aussi une formule spéciale pour les journées de grève. Par exemple, Laurus offrira un service de garde d’enfants d’urgence pour les familles qui en ont besoin à Montréal. À Laval, le camp de jour Acrosport s’engage à faire bouger vos enfants durant les journées de grève.

Si vous avez des enfants à la garderie, je sais que certaines d’entre elles seront ouvertes à accueillir vos plus vieux. Et si vous n’êtes pas sûrs, ça vaut toujours la peine de demander!

En dernier recours, si vos supérieurs sont compréhensifs, il est toujours possible de discuter avec eux de la possibilité d’emmener vos enfants avec vous, sur votre lieu de travail. Prévoyez cependant d’apporter des livres, une tablette ou un portable pour regarder des films (avec des écouteurs) ou des jeux calmes pour distraire vos enfants pendant votre 9 à 5.

Les enseignant.e.s montréalais.es ont massivement soutenu, à hauteur de 98%, le mandat de grève générale illimitée. Ils et elles affichent une solidarité remarquable et sont résolu.e.s à mener cette lutte en faveur de l’école publique. Si votre emploi du temps vous le permet, je vous invite à aller leur montrer votre soutien, le 23 novembre à 11h30, au parc Jarry.

D’après Charlotte, enseignante en 5e année, il est essentiel de réexaminer la structure des classes et le rapport élèves-enseignants:

Quand j’étais jeune, ma mère m’avait amené à une manifestation et je me rappelle encore à quel point j’avais trouvé ça impressionnant. Je sentais que je participais à quelque chose de grand et elle avait pris le temps de m’expliquer pourquoi les profs sortaient dans les rues.

Lors d’une conversation récente au sujet de la grève, ma mère m’a partagé son point de vue selon lequel les conditions de travail des enseignant.e.s n’avaient pas vraiment changé depuis 40 ans : « Être enseignant.e est une job ingrate. Il faut vraiment être passionné.e pour résister dans ce milieu. » Elle souligne fréquemment que sa mission de vie est d’aider les autres, et être enseignante était sa véritable vocation. Malgré les défis de l’enseignement, elle arrivait chaque matin, toujours ben en avance, pour préparer sa journée et accueillir ses élèves de 5e année avec son énergie et son grand sourire. Je pense que je tiens ça d’elle, cette envie d’exercer une job qui me rend heureuse, merci mom!

Merci aussi à toutes les enseignantes et tous les enseignants qui s’occupent de nos enfants avec dévouement et amour!