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Félix Bégin-Hétu : quand la trisomie 21 s’invite au Marathon Beneva de Montréal
Je rencontre Félix et son père Sylvain tout juste avant leur départ pour leur cours de boxe. Le jeune homme de 27 ans est un sportif dans l’âme : du basket-ball au golf, en passant par la natation, le vélo, le ski de fond, le patin et même un cours de danse avec les Grands Ballets canadiens, rien ne l’arrête. Mais si Félix prend le temps de me parler ce matin, c’est surtout pour aborder sa présence en tant que premier athlète vivant avec la trisomie 21 du Marathon Beneva de Montréal. C’est le 10 km qu’il y court, accompagné de ses deux frères, de ses belles-sœurs et de son papa.
Si de plus en plus de personnes ayant la trisomie 21 pratiquent des sports variés, la présence de Félix au Marathon contribue à promouvoir le fait que beaucoup de trisomiques fassent de l’exercice. Depuis une vingtaine d’étés, le Regroupement pour la Trisomie 21 au Québec organise la course TROIS, 2, 1, GO!, qui propose des parcours de 1, de 2,5, de 5 et de 10 km, avec le but d’amasser des fonds pour la communauté. Félix a commencé à marcher le 1 km alors qu’il était jeune enfant, avant d’être en mesure de le courir. Il y a 4 ou 5 ans, son ami et lui se sont mis à courir le 5 km.
Participer au Marathon Beneva de Montréal dans l’épreuve du 10 km est donc un défi de taille pour l’athlète qui n’a jamais couru une telle distance. « Ça va bien, ça va aller », me rassure-t-il quand je lui demande comment il entrevoit cette épreuve.
« Félix, il est pas stressé. C’est un cool guy », ajoute son père.
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Le dossard 321
Sylvain a été contacté par l’organisation du Marathon, qui souhaitait remettre le dossard 321 à une personne vivant avec la trisomie 21 afin d’entrer dans un mouvement qui regroupe plusieurs grands marathons à travers le monde. Depuis la participation de Chris Nikic au marathon de Boston en 2022, Adidas encourage toutes les courses d’envergure à réserver le dossard 321 à un athlète neuro divergent, avec comme objectifs de favoriser l’inclusivité dans le sport et de permettre à tous de s’y reconnaître.
Le nombre « 321 » est généralement associé à la trisomie 21 puisqu’il représente le 3e chromosome 21 à l’origine de cette particularité génétique. Fun fact : c’est entre autres pourquoi la Journée mondiale de la trisomie 21 est célébrée le 21 mars (03.21)!
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L’entraînement : courir pour courir
Félix s’est entraîné sur piste tous les mercredis de l’été avec le club Boréal, guidé par Olivier, le coach que l’organisation du Marathon lui a trouvé. Ces entraînements, jumelés à des séances de course avec son papa, lui ont permis de courir trois fois 8,5 km dans les dernières semaines, assurant sa capacité à compléter les 10 km de l’épreuve à laquelle il est inscrit.
À la plupart de mes questions, Félix répond : « Moi, ça va bien », gage de la positivité qui l’habite.
Fondamentalement, Félix court pour l’amour de courir.
Bien que sa présence à l’événement sportif contribue à promouvoir l’inclusivité dans le sport, l’athlète n’a pas de visées de grande envergure. Il a surtout hâte de courir « tout le temps, tout le temps ».
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La clé : la force mentale
« Résilience », c’est le mot que Sylvain associe à son fils. « Il a fait un voyage au Maroc au mois de mai, avec un groupe de jeunes adultes. Ils ont fait une randonnée qui devait durer 4 ou 5 heures, mais à cause de la pluie, ça leur a pris près de 10 heures pour se rendre au bout, et ils sont arrivés dans la pénombre. L’éducatrice qui accompagnait Félix a dit que c’est lui qui lui a remonté le moral tout le long, tellement il était de bonne humeur ». Depuis qu’il est tout jeune, Félix accompagne sa famille dans toutes sortes d’activités sportives. « Je suis courageux », commente-t-il.
Un courage qui lui a permis de compléter sa course en 1 heure et 33 minutes sous le soleil d’un samedi 23 septembre qui restera gravé dans ma mémoire. Le regardant s’éloigner entouré de sa famille pour aller manger une poutine bien méritée, je ne pouvais m’empêcher de penser que les histoires comme celle de Félix sont des brèches lumineuses nécessaires dans une culture sportive à redéfinir.
Parce que le sport appartient à tout le monde, parce que les grands exploits ne sont pas tous construits par des records fracassés et des médailles miroitant les flashs des photographes, et surtout parce que les victoires n’ont pas besoin de se terminer sur des podiums pour en mériter le titre.
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