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Faut pas croire tout ce qu’on dit à propos de la Gaspésie

Quatre Gaspésien.ne.s déboulonnent des mythes tenaces.

Par
Laïma A. Gérald
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URBANIA et Vivre en Gaspésie s’unissent pour déboulonner trois mythes à propos de la région.

C’est beau, mais… « L’hiver est interminable et y’a rien à faire », « Internet pogne pas », « Y’a pas de jobs ».

Ça, ce sont des phrases qu’on entend régulièrement à propos de la vie en Gaspésie.

Mais sont-elles vraiment le reflet de la réalité? Comment le savoir quand on est à huit heures de route de là?

On a demandé à quatre Gaspésien.ne.s de nous donner leur avis.

Parce que qui de mieux placé pour nous donner l’heure juste que celles et ceux qui y résident à longueur d’année?

L’hiver est interminable et y’a rien à faire

Audrey Normandeau, 28 ans, vit à Carleton-sur-Mer, dans la Baie-des-Chaleurs. Elle est coiffeuse et propriétaire de son propre salon. Elle a emménagé dans la région il y a six ans, après avoir vécu à Montréal et à Québec. Alors, est-ce que c’est vrai que l’hiver gaspésien est long et plate?

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« Tellement pas! Même pour les personnes qui sont moins sportives, l’inspiration est infinie : les Chic-Chocs, le mont Saint-Joseph, les balades glacées sur le bord de la mer, le parc national Forillon, le ski hors-piste… il y a tellement de choses à découvrir! »

Parlant de ski hors-piste, c’est une des activités préférées d’Audrey : « C’est ma sixième saison cette année, et je n’ai pas encore fait le tour. Oui, on peut en faire dans les Chic-Chocs et dans le parc de la Gaspésie, mais c’est possible d’en faire aux quatre coins de la région. »

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Toutes les fins de semaine, Audrey, qui trouve l’hiver beaucoup plus agréable en région qu’en ville, se pitch dans les montagnes : « J’adore la photo, et y’a aucun éclairage qui est aussi intense que ce que l’effet de la neige peut offrir. Selon moi, pour quelqu’un qui aime prendre des photos, l’hiver gaspésien est incontournable! Pour y avoir vécu, je trouve qu’en ville, l’hiver est compliqué. Y’a du trafic, tu dois aller loin pour faire des activités de plein air. Tandis qu’ici, tu enfiles tes bottes, tu sors, et tout est là pour profiter à fond de l’hiver. La Gaspésie, c’est le paradis du plein air. »

Internet pogne pas

Un autre préjugé qui perdure à propos de la vie en Gaspésie, c’est que la connexion Internet n’est vraiment pas bonne. C’tu vrai?

Gabriel St-Laurent, 26 ans, vit à Maria, dans la Baie-des-Chaleurs. Il y a quatre ans, il a fondé une entreprise de production vidéo et de marketing Web, un domaine qui nécessite une excellente connexion Internet.

Gabriel et son équipe ont converti un bus jaune en studio de travail numérique 100 % autonome. Ça leur permet d’aller rencontrer des clients, d’organiser des diffusions en continu en direct (live stream), et de travailler absolument partout.

«Depuis le déploiement de la fibre optique, qui est un des meilleurs Internet au Canada, on a accès à des vitesses qui peuvent atteindre 940 Mb par seconde.»

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« On n’aurait jamais pu faire ça il y a quatre ans parce que la connexion Internet n’était pas assez performante. J’avais des problèmes même pour transférer des fichiers vidéo, qui peuvent être très lourds. Un simple upload sur les médias sociaux pouvait prendre des heures, explique Gabriel. Mais depuis le déploiement de la fibre optique, qui est un des meilleurs Internet au Canada, on a accès à des vitesses qui peuvent atteindre 940 Mb par seconde. Notre connexion Internet est excellente, et ça rend mes envois et mes téléchargements vraiment rapides, c’est cool! »

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Depuis l’arrivée de la fibre optique en Gaspésie, Gabriel a même développé de nouveaux concepts, très en phase avec l’époque : « On organise des partys de Noël virtuels. Les employés d’une entreprise nous envoient des vidéos, on les télécharge, on fait le montage et on diffuse le tout en ligne, en streaming, dans un groupe privé. »

Y’a pas de jobs

Amy Chloé Bernard, 26 ans, est directrice générale d’un organisme qui contribue au financement de services de santé et de services sociaux offerts dans sa région. Si elle occupe aujourd’hui un emploi qu’elle adore, Amy Chloé n’a pas toujours cru que la Gaspésie pouvait lui offrir des perspectives professionnelles intéressantes. « Je suis née en Gaspésie et j’ai fait mon bac en communications à l’Université Laval. Après mes études, je suis allée à Montréal pour lancer ma carrière, parce que j’étais certaine que je ne trouverais pas de travail en Gaspésie. J’ai travaillé en télé et en événementiel, mais rapidement, la Gaspésie me manquait trop, donc j’ai décidé d’y retourner. »

«Dans la vie, il ne faut pas avoir peur de créer des occasions, et c’est encore plus vrai en région. Il faut aller au-delà des offres d’emploi. Quand je regarde autour de moi, je constate que de la job, il y en a!»

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La jeune Gaspésienne a alors pris conscience d’une chose importante : « Dans la vie, il ne faut pas avoir peur de créer des occasions, et c’est encore plus vrai en région. Il faut aller au-delà des offres d’emploi. Quand je regarde autour de moi, je constate que de la job, il y en a! Cette semaine, j’avais justement un 5 à 7 Zoom avec des amis, et on parlait de nos parcours respectifs. On est tous dans des domaines différents, on a tous eu le préjugé qu’il n’y avait pas de jobs en Gaspésie, et pourtant, on y est tous revenus et on a des emplois vraiment stimulants. »

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Julien Côté Tapp, 30 ans, est né et vit à Gaspé. Après avoir fait ses études à l’extérieur de sa région natale, il y est revenu. Il est maintenant directeur d’usine de l’entreprise familiale qui se spécialise dans la production et la transformation d’aliments biologiques lactofermentés, comme la choucroute et le kimchi biologique. Très millenial. Selon Julien, en Gaspésie, c’est certainement pas la job qui manque : « Y’a plein de secteurs et d’industries qui offrent de très belles occasions. Par exemple, à Gaspé, l’agriculture et la transformation alimentaire sont effervescentes. Plus largement, il y a la pêche, l’éolien, le développement durable, la fonction publique (à Gaspé et à Chandler, par exemple), la foresterie, etc. Il y a aussi l’ingénierie, avec le Centre de recherche et de transfert technologique, au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Il y a l’embarras du choix et on a besoin de bras. »

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Julien rappelle aussi que le secteur touristique offre des avenues professionnelles intéressantes, avec ses microbrasseries, ses microdistilleries, ses restaurants, ses hôtels, etc. « Le sentiment de communauté et d’appartenance est très fort, et c’est ce que j’aime de notre région! »

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Parce qu’en réalité, la Gaspésie a évolué tout en restant authentique.