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Fausses couches : on mérite d’être mieux accompagnées
Fin avril, une lettre ouverte envoyée à La Presse s’est vite frayé un chemin parmi les textes les plus lus de la plateforme. Avec raison, car son sujet, les fausses couches, touche énormément de femmes : de 10 à 20% des grossesses connues se terminent ainsi. Un événement jugé si commun qu’il en devient banalisé. Mais pour les femmes qui le vivent, une fausse couche s’accompagne de douleurs physiques, et d’un deuil déchirant, en plus de la honte.
Le contraste entre le vécu des femmes et la réponse médicale est ce qui a motivé Justine Monette-Tremblay à écrire sa lettre. « J’avais un sentiment de frustration qui s’amplifiait », confie-t-elle.
Lorsqu’elle a subi une fausse couche à cinq semaines de grossesse, Justine s’est précipitée à l’hôpital, où elle a dû attendre 9 heures avant d’être prise en charge.
« Mon conjoint a dû partir, je me suis retrouvée toute seule. J’aurais aimé plus de sensibilité », raconte-t-elle.
Celle qui avait précédemment vécu une grossesse s’attendait à un meilleur suivi.
« Les attentes influencent comment on vit les choses. Je pensais que les femmes enceintes étaient le joyau du système de santé. Mais dès qu’on n’a plus le bébé, c’est terminé. »
Un message qui rejoint bien des femmes
Son sentiment est partagé, comme en témoignent les nombreux courriels qu’elle a reçus après la publication de son texte. L’impression d’être ignorée, la prise en charge clinique froide, le sentiment d’impuissance et le manque d’informations reviennent dans les messages privés qu’elle a reçus.
Ce qui avait particulièrement agacé Justine, c’était ce manque d’informations. Pas de brochure, ni de conversations sur ce qui l’attendait dans les prochains jours, pas non plus de suivi psychologique. Et pourtant, les séquelles peuvent être grandes et les effets sur le corps et l’esprit sont loin d’être négligeables.
« Je n’imagine même pas comment c’est pour les gens qui attendent un bébé depuis des années, ou qui vont en fertilité », dit-elle.
De son côté, l’impact de son séjour aux urgences a été grand. Plus tard, elle a attendu plusieurs jours avant de retourner aux urgences, cette fois pour une grossesse extra-utérine.
« Mon expérience m’a invalidé dans mon instinct. Je me suis demandé si c’était normal ou pas. J’ai attendu quatre jours avant d’aller à l’hôpital et je ne voulais pas y aller le soir », poursuit-elle.
Une attente qui aurait pu être grave, mais à ce moment-là, Justine n’écoutait plus ses besoins physiques. Son mauvais parcours l’amenait à banaliser ses autres symptômes.
Des petits changements qui font une différence
Et pourtant, quelques petites actions auraient grandement aidé. « Certains hôpitaux offrent un accueil clinique à part, ils remettent des documents qui expliquent le temps que ça dure, le temps qu’il faut attendre avant de réessayer pour un bébé. Info-Santé devrait connaître le protocole de saignements et devrait diriger les femmes vers les hôpitaux dont c’est la spécialité », croit Justine.
Par exemple, Info-Santé aurait pu la diriger vers un hôpital qui se spécialise en gynécologie et obstétrique, et qui sont donc plus susceptibles d’offrir le service et le soutien adaptés à de telles circonstances. De plus, le fait d’offrir de la documentation aux parents qui se présentent à l’hôpital pour une fausse couche permettrait de leur offrir un minimum d’information.
De telles initiatives existent, mais ne sont pas répandues. Par exemple, le CHU Sainte-Justine propose une série de capsules vidéo sur le deuil périnatal.
Des mesures simples qui ont pourtant un impact majeur. Pour un événement si fréquent, c’est quelque chose que l’on devrait mettre de l’avant.