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Si vous vous demandez à quel point vous allez travailler fort à Polytechnique Montréal, l’école a deux petits indices pour vous. Sa devise : Ut tension sic vis, qui veut dire en gros « le résultat est proportionnel à l’effort ». Et son logo : une abeille, symbole par excellence du travail acharné. Autrement dit, attendez-vous pas à chômer.
Je sais de quoi je parle. Je suis une fière — et récente — diplômée du programme de génie industriel. (Avis aux détracteurs : oui, le génie industriel est un vrai génie, même si on lance des avions en papier à quelques reprises pendant notre bac. C’est ironique considérant que je travaille maintenant en aéronautique !)
La ruche
Petite mise en contexte : Polytechnique Montréal, c’est l’école d’ingénierie affiliée à l’Université de Montréal, qui offre douze programmes différents au baccalauréat (en plus des programmes aux cycles supérieurs). Tous les programmes d’études du premier cycles ont un tronc commun – shoutout à Calcul 1, le cours le plus échoué de l’école, au cours d’éthique et à celui de communications aussi (promis, les ingénieurs apprennent la communication et l’éthique).
Comme on suit la même cohorte du début à la fin, on a vraiment la possibilité de se trouver une famille, une stabilité… une ruche, quoi !
À Polytechnique, ceux qui ont les meilleures notes voient leur relevé de notes décoré du symbolique A*, qui ne vaut rien de plus qu’un A (et de la reconnaissance).
Personnellement, je n’ai jamais décroché cette fameuse étoile (heureusement, je ne suis pas un sapin). Lors de ma première session, j’ai passé mes cours de justesse, ce qui m’a valu une cote de 1,9 sur 4, juste élevée pour ne pas être mise en probation. À ma deuxième session, j’étais prête à aller à un examen même avec une grosse fièvre, jusqu’à ce que je réalise que je faisais une mononucléose avec complications. On travaille de façon tellement acharnée à Polytechnique, qu’on peut oublier d’écouter notre corps et nos limites.
Pour ceux qui se sentent écrasés par la pile de travaux à remettre, il y a maintenant la station Polytechnique-Alstom. Cet ancien wagon de la STM installé dans le pavillon Lassonde est un nouveau projet étudiant qui valorise la santé mentale. L’association des étudiants de Polytechnique (l’AEP) fait également un travail remarquable afin de s’assurer de votre bienêtre.
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Ici, il n’y a jamais d’arrêt de service.
La place des femmes
Les femmes représentent près de 30 % de l’ensemble des étudiants. Heureusement, il y a des comités comme Poly-L ou Poly-φ (Poly-FI, pour « femmes ingénieures ») pour nous guider et nous rappeler que l’on mérite notre place en ingénierie. On commémorait les 30 ans du féminicide de Polytechnique le 6 décembre dernier, mais tous les étudiantes et étudiants ont une pensée pour les victimes, et ce tout au long de leurs études.
Quelques points de repère
Pour faciliter votre expérience à Polytechnique, il y a tout de même quelques trucs et astuces. D’abord, l’école est perchée au haut d’une immense montagne. S’y rendre est une périlleuse mission, surtout l’hiver. Comme si prendre la ligne bleue n’était pas un défi suffisant, il faut ensuite affronter les chemins glacés vers le premier pavillon. Pour ceux qui choisissent de venir en auto, sachez que vous risquez d’être pris entre deux véhicules qui n’ont pas compris le concept de logistiques FIFO (first in first out).
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Rouge magma.
L’école est principalement divisée en deux pavillons, soit le pavillon Lassonde et le pavillon principal. Le pavillon Lassonde, c’est celui avec des escaliers qui rappellent ceux de Poudlard, mais avec des couleurs plus punchées. Le rouge vibrant du premier étage fait d’ailleurs référence au magma en fusion, alors que la couleur orange représente la terre ; le vert, le végétal ; et enfin l’étage de la bibliothèque rappelle le ciel.
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Bleu ciel et ciel.
Étonnamment, la bibliothèque est l’endroit où l’on retrouve le plus d’action. Elle deviendra sans doute votre deuxième maison (surtout si vous vivez dans un 3 ½ trop petit et très bruyant). J’ai déjà vu, un soir de fin de session, une étudiante lancer un lipsil dans un élan de détresse à un groupe qui dérangeait tout le monde avec leur jeu de société. Heureusement, il y a une zone de travail individuel au 2e étage de la bibliothèque, en plus d’une zone légèrement plus calme avec de grandes tables pour les travaux d’équipe.
Ç’a l’air de rien, mais imprimer un travail, surtout en couleur, demande énormément de planification. Il faut trouver la seule imprimante couleur (près des laboratoires d’informatique), prévoir de la monnaie, espérer que la machine veut bien recharger notre compte et prier pour que la brocheuse soit disponible et fonctionnelle. Mon conseil : mieux vaut toujours avoir une brocheuse sur soi.
Ensuite, les cafétérias sont également un lieu de rassemblement essentiel à la communauté étudiante, parce qu’on peut bien sûr y manger, mais également terminer la feuille de notes manuscrites à laquelle on a droit à l’examen, ou se faire résumer la matière par des amis plus à leur affaire juste avant un contrôle.
La Rotonde, c’est le deuxième niveau de la cafétéria, là où ont lieu les fameux pubs le vendredi. Le pub est définitivement une institution. La file pour y entrer commence dès 15 h et les places sont limitées alors il faut s’armer de patience et de sa carte étudiante (avec le collant d’expiration à jour, car la sécurité prend son rôle très au sérieux). Si vous êtes malchanceux et que vous avez un laboratoire de thermodynamique le vendredi après-midi, vous aurez des décisions crève-cœur à prendre et vous devrez sortir votre matrice multicritères AHP afin de peser les pour et les contre (c’est du génie industriel, vous voyez que ce n’est pas seulement du bricolage). Les festivités se terminent généralement dans les bars des alentours, à la Maisonnée, au McCarold ou au Zeppelin notamment.
Sans oublier le légendaire beach party, lors duquel la cafétéria est transformée en plage, avec sable, piscine et glissades. Malheureusement, je n’y ai jamais assisté parce que les billets sont encore plus difficiles à avoir qu’un stage pour les étudiants en génie physique.
La partie la plus l’fun !
L’ultime plaisir, c’est d’obtenir le statut de finissant après trois ans d’études. Il y a la tournée des grands-ducs (une virée des bars en limousine) et une journée pour déambuler bruyamment dans l’école avec des trompettes ou casseroles et faire savoir à tout le monde que la fin approche. Cette journée se termine par une tradition, la prise du bock, dont l’objectif est de verser autant de bière que possible sur le poncho de vos amis.
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Après tous ces efforts, c’est le temps d’enfiler le jonc (remis à tous les finissants en ingénierie à travers le Canada) et d’aller faire honneur à notre école sur le marché du travail, parce que le jonc ce n’est pas qu’un accessoire, mais c’est aussi une responsabilité en tant qu’ingénieur auprès de la population.