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Je me suis retrouvée ici un peu par hasard. Mes parents ne parlent pas un mot d’anglais, je viens d’une famille indépendantiste : rien n’aurait pu laisser présager que j’irais à Concordia. Mais comme je n’avais pas une cote R suffisante pour entrer en stratégie de production culturelle et médiatique à l’UQAM, je me suis rabattue sur le programme de communication et études culturelles en anglais. À ce jour, ça reste une de mes meilleures décisions.
Étudier en anglais quand ce n’est pas ta langue maternelle
Commençons par une évidence : à Concordia, les cours se donnent en anglais et la vie étudiante se passe beaucoup dans cette langue. Par contre, c’est possible d’écrire tous les travaux en français. Les professeurs, qu’ils parlent la langue ou non, s’adaptent, à l’aide de correcteurs ou de traducteurs. Il y a d’ailleurs 4400 étudiants (sur 45 000) dont le français est la langue maternelle sur le campus.
Dans mon cas, ça n’a pas été facile tout le temps d’étudier en anglais, surtout au début. N’étant pas bilingue, ça voulait dire perdre le fils du cours la seconde où je me retournai pour prendre des notes (notes en excellent franglais, en passant). Ça voulait aussi dire être épuisée, et pleurer parfois, en rentrant le soir. Sauf que ça s’est amélioré. Aujourd’hui, après un bac de 3 ans, je suis parfaitement bilingue.
Étudier en anglais, c’est une autre culture. Non, on n’est plus à l’époque du Haut et du Bas-Canada, mais on sent quand même les différences culturelles entre les anglophones et les francophones. Nos références ne sont pas les mêmes.
Sauf que moi, j’y ai trouvé une belle richesse. Ici, on a tendance à oublier ou diminuer Concordia aux dépens de McGill, mais c’est loin d’être le cas partout. L’université a une excellente réputation au Canada et à l’international. Grâce à la présence d’étudiants et de profs de partout dans le monde, j’ai appris autant sur la culture juste en fréquentant l’université qu’en assistant à mes cours.
L’université est inclusive et respectueuse des diversités et des minorités, visibles ou non. Il y a entre autres une salle de prière au septième étage dans le Hall Building (coin Maisonneuve et Mackay). Il est aussi possible de préciser par quel pronom nous voulons être nommés. Très 2020.
L’autre réalité, c’est Loyola
En 1974, ce qu’on appelait à l’époque Loyola College a été jumelé à la Sir George Williams University pour créer l’université Concordia. Aujourd’hui, le campus Loyola, à Notre-Dame-de-Grâce, héberge notamment les facultés de journalisme, de communication, de théâtre, de thérapie athlétique, de biologie, de chimie, de géologie et de psychologie. On s’y rend en autobus ou encore par une navette qui part du campus du centre-ville. Et des fois, on a l’impression que c’est à l’autre bout du monde.
Malgré ses airs de vénérables institutions anglaises (nous ramenant un peu à nos soirées Harry Potter d’enfance), certaines parties de ce campus sont fraîchement rénovées et à la fine pointe de la technologie. À Loyola, on vous dira que votre école est construite sur un territoire non cédé appartenant aux premières nations (« We would like to begin by acknowledging that Concordia University is located on unceded Indigenous lands ») et il y a des statues à leur effigie qui se mêlent au paysage.
De cette partie ouest du campus, j’ai adoré le paysage rempli d’arbres, les tables extérieures pour étudier et la bibliothèque, même si elle n’est pas aussi formidable que celle du centre-ville.
Au-delà des cours
La vie étudiante ne m’a pas paru particulièrement vibrante, du moins si je compare à mes amis qui ont fréquenté d’autres universités. Il y a beaucoup d’évènements à l’école de commerce et d’activités parascolaires — du journal étudiant aux différentes équipes sportives, en passant par les confréries (oui, oui, il y a des fraternités et sororités comme sur les campus américains). Mais je n’ai rien trouvé de très pertinent pour les étudiants francophones (sauf peut-être les fameux jeux de la communication).
Par contre, je ne peux pas passer sous silence les installations sportives aux deux pavillons : deux gymnases complets avec services de professionnels du sport et physiothérapeutes sur place. Un immense stade aux couleurs de nos Stingers préférés se dresse aussi au campus Loyola.
L’université met le paquet dans l’aide à la réussite. L’assurance de Concordia (175 $) donne accès à une variété de professionnels : médecins, nutritionnistes, psychologues, conseillers financiers, etc.
Pour les plus gourmets, les deux campus ont leur Hive, le café écofriendly végé de Concordia. On peut y manger un burrito ou un grilled cheese pour 3,50 $. Sinon, le People’s Potatoe offre tous les midis jusqu’à 400 dîners végétaliens à tous les étudiants en échange d’une contribution volontaire. Premier arrivé, premier servi.
Près du People’s Potatoe du centre-ville, vous trouverez d’autres incontournables de la vie étudiante : une vingtaine de micro-ondes (qui fonctionnent), des espaces pour manger en groupe, des divans pour relaxer et/ou dormir, des toilettes non genrées et des espaces pour créer et danser. Sans oublier, bien sûr, la bibliothèque fraîchement rénovée qui donne littéralement envie de passer du temps à l’intérieur et, peut-être même, d’étudier.
Un programme sur mesure
Important à savoir : Concordia ne fonctionne pas comme d’autres universités au Québec. Si à l’UQAM on peut s’inscrire dans un baccalauréat et avoir un parcours presque tout tracé pour les trois ou quatre prochaines années, ici, c’est différent. On choisit d’abord une majeure, puis une mineure (ou pas). Moi, par exemple, j’ai fait une majeure en communication et études culturelles (42 crédits), et j’aurais pu faire une mineure en études cinématographiques pour compléter.
L’avantage, c’est que ça permet de choisir un parcours universitaire à votre image, mais surtout à l’image de la carrière qui vous attend. Et ne vous inquiétez pas, il y a des gens pour vous guider dans vos choix. Et si, comme moi, vous ne comprenez pas comment tout ça fonctionne avant votre dernière année, pas de panique, vous aurez votre diplôme quand même.
En plus de tous les cours traditionnels, Concordia offre plusieurs cours qui sortent des sentiers battus. Par exemple « Beats, rhymes and life » (où les cours consistent à assister à des spectacles de musique) ou « We are what we eat » (un cours sur la sociologie et la psychologie de l ’alimentation). Personnellement, j’en ai profité pour apprendre l’espagnol.
Concordia, c’est vraiment plus qu’un campus anglo en plein cœur du centre-ville et que la John Molson School of Business. C’est aussi la faculté d’étude féministe Simone de Beauvoir, les équipes sportives Stingers, des échanges internationaux dans une centaine de pays, une ouverture sur le monde, une bibliothèque ouverte 24 h pour les travaux commencés la veille, des rencontres significatives, des professeurs de partout… Concordia, ça pourrait aussi être votre futur.