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Faire du sport en étant enceinte : ce que cette étape de vie m’a appris
Nous sommes au printemps 2017. À ce moment, je n’ai aucune idée de ce qui m’attend, mais j’ai la forte impression que les mois à venir changeront le cours de ma vie. Je me trouve au pied du monument de la Pacific Crest Trail (PCT), à la bordure des États-Unis et du Mexique, avec sur mon dos tous mes essentiels (et même plus encore puisque je n’ai aucune expérience en backpacking) pour la longue aventure qui m’attend.
Fast forward de quelques mois et de centaines d’heures passées sur la PCT. Par-dessus tout, cette expérience m’a appris à me reconnecter avec la nature et à l’apprécier pour ce qu’elle est : imprévisible, fragile et grandiose à la fois. Sur la trail, mon esprit était libéré de ses soucis, léger, vagabondant à la vue de paysages époustouflants. Mon corps, quant à lui, me prouvait une fois de plus qu’il était capable d’endurer toutes sortes d’épreuves, de se transformer et de s’adapter à beaucoup plus que ce que je lui donnais le mérite de faire au quotidien.
Cette impression de changement que j’éprouvais lors du premier jour de cette marche s’est avérée plus qu’exacte. En fait, cette aventure n’était que la première d’une série sans fin. Le plein air est devenu un must dans ma vie. Depuis, j’ai complété plusieurs longues randonnées et gravi des sommets dont je suis bien fière aux côtés de mon partenaire d’aventure.
Plus récemment, il y a huit mois pour être exacte, une belle surprise nous attendait quelques semaines après mon retour d’une randonnée traversant l’île de Vancouver (Vancouver Island Trail) : nous apprenions que j’étais enceinte! Avec une immense joie et quelques craintes, je me suis questionnée sur mon mode de vie, mes activités sportives et mes sorties de plein air.
Est-ce que je pourrais continuer à courir? Est-ce que je pourrais supporter des nuits en camping? Et l’escalade, est-ce qu’une personne enceinte peut en faire? J’avais beaucoup de questions et, sur le coup, peu de réponses, jusqu’à ce que je rencontre mon médecin. Celui-ci m’a rassurée en m’expliquant brièvement que je pourrais continuer sans risque la quasi-totalité des activités sportives que je pratiquais à quelques exceptions près, telles que le ski (à ma plus grande tristesse) en raison du risque de chutes.
Entre ces paroles rassurantes et comment je me suis sentie concrètement au fil des trimestres, mon rapport au sport en général et la pratique de mes activités se sont transformés (tout comme mon corps) pour refléter et honorer mon énergie ainsi que mes limites.
Petite clarification avant d’aller plus loin : chaque grossesse se déroule différemment et, bien qu’il soit souvent encouragé de continuer à faire de l’activité physique pendant le processus, il vaut toujours mieux avoir l’avis d’un.e professionnel.le de la santé avant de se mettre à l’action.
Le mot d’ordre : s’adapter!
Au début (premier trimestre), c’était mon énergie qui n’était pas au rendez-vous. Mon envie habituelle de course s’est rapidement envolée et j’ai remplacé le tout par des siestes, des séances d’étirement ou de yoga, et des entraînements avec haltères.
Quand j’ai retrouvé mon pep, je me suis remise à la course en sentier, j’ai commencé l’escalade de glace et j’ai même fait quelques nuits en camping à -30 °C!
Le prochain défi qui m’attendait, c’était l’apparition d’une bedaine de plus en plus proéminente. Ça ne m’a pas empêchée de rester active, mais j’ai dû encore une fois adapter mes activités.
À chaque discipline son apprentissage
À travers mon expérience, j’ai aussi réalisé que chaque activité physique nécessite une approche différente lorsqu’on a le bedon tout rond. Voici donc quelques leçons que j’ai tirées en pratiquant ces activités dans les derniers mois.
L’escalade : Il existe des harnais de corps qui permettent aux personnes enceintes de pratiquer l’escalade en toute sécurité pour le bébé. La corde vient se sécuriser au niveau de la poitrine plutôt qu’au bassin et évite ainsi de donner des coups au ventre en cas de chute.
Attention, les pieds vont peut-être eux aussi changer (allô, la rétention d’eau et le troisième trimestre)! J’ai dû magasiner une nouvelle paire de chaussons d’escalade (merci, Marketplace) parce qu’à un certain point, mes pieds ne rentraient simplement plus dans mes chaussures.
Le paddle board : Avant de partir pour une excursion, il faut s’assurer de son habilité à remonter sur le paddle. Oui, oui! Avec une bedaine, cette épreuve autrefois banale peut s’avérer beaucoup plus ardue que prévu.
La course : Contrairement aux croyances populaires, la course n’est pas proscrite chez les personnes enceintes. J’ai eu mon lot de regards désapprobateurs sur les sentiers, croyez-moi. Mais attention aux blessures! Bon nombre de coureurs et coureuses se blessent chaque année. Une personne enceinte court un plus grand risque de blessure en raison de l’hyperlaxité ligamentaire.
D’ailleurs, pour tout sport cardio, il est important de garder un niveau d’activité modéré. À tout moment, il faut être en mesure d’avoir une conversation. Si ce n’est pas le cas, il est préférable de ralentir ou de s’arrêter complètement afin de reprendre son souffle. On s’assure de cette façon que bébé reçoive l’oxygène nécessaire.
L’entraînement avec poids : La twist est de modifier certains de ses exercices, et surtout d’écouter ce que son corps envoie comme message. Consulter un.e spécialiste du mouvement comme un.e kinésiologue permet de continuer à s’entraîner sur de bonnes bases.
Conseil général : cessez tout mouvement qui procure un pincement, des crampes, ou de l’inconfort. Ça veut peut-être dire que vous vous poussez trop.
Ma grossesse m’aura certainement appris à renouer avec l’envie de pratiquer des activités sportives et de plein air pour le simple plaisir que ça me procure au quotidien. J’ai arrêté de comparer mes temps à la course ou le nombre de kilomètres que je pouvais parcourir lors d’une randonnée parce qu’en vérité, ça me décourageait pas mal plus qu’autre chose.
Mon petit côté compétitif en a assurément pris un coup, mais ce lâcher-prise m’a permis de continuer mes activités tout au long de ma grossesse, et surtout, de les pratiquer pour les bonnes raisons. C’est une leçon que j’espère bien me rappeler même après mon retour à l’activité physique post-partum avec un bébé dans la poussette.