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Exprimer son lait par solidarité
URBANIA et Héma-Québec s’unissent pour vous faire découvrir à quel point c’est facile et bénéfique de faire don de son lait maternel.
C’est fraîchement atterrie en Espagne, à des kilomètres de la farmacia la plus proche, que j’ai véritablement compris l’étendue des pouvoirs magiques du lait maternel. En effet, quelques gouttes de lait maternel sur son œil infecté par une conjonctivite a permis à mon bébé de guérir en moins de 24 heures.
J’ai raconté cette anecdote à Gabrielle alors que nous buvions des lattes en discutant par fragments dans un adorable petit café. Mes phrases se terminaient presque toutes par des points de suspension, le temps que je prenne soin de mon bébé, déterminé à combattre le sommeil qui creusait pourtant des cernes sous ses yeux (à ce moment, j’avais aussi l’impression qu’il creusait un trou pour y enterrer ma vie sociale, mais ça, c’est une autre histoire). Malgré tout, mon amie souriait, me rappelant gentiment le fil des 12 conversations que je tentais de mener en même temps et attendant patiemment que j’aille au bout de mes histoires – sans pour autant s’offusquer lorsque je les abandonnais au profit d’un autre sujet de conversation!
Enceinte de 28 semaines, Gabrielle venait tout juste d’entrer dans le dernier trimestre avant l’incroyable rencontre. Elle était attendrie par les grands yeux de mon bébé curieux, que je devais bouncer et promener un peu partout dans le café pour éviter qu’il manifeste son mécontentement. Son ventre tardait à s’arrondir, elle avait très hâte de planifier une séance photo pour immortaliser la grossesse de son bébé arc-en-ciel. C’était là sa seule plainte : elle était la définition même du glow de grossesse.
Deux semaines plus tard, elle signait une décharge pour une césarienne d’urgence à Sainte-Justine. Je me souviens du texto qui a créé un bouchon de circulation dans ma gorge et ma cage thoracique. Elle pleurait les photographies souvenirs de son ventre rond qu’elle n’accrocherait finalement jamais dans son salon. C’était l’un des nombreux deuils qu’elle s’apprêtait à traverser, submergée par les bruits des machines et des moniteurs.
Le tiers des mères qui accouchent avant terme peinent à produire assez de lait pour nourrir leur bébé.
L’allaitement de mon amie a bien démarré. Grâce à ça, elle ne se sentait pas totalement impuissante. Et je crois que cela a été l’un des rayons de lumière qui a éclairé son chemin vers la fin de cette épreuve.
De mon côté, je tirais mon lait tous les matins, pensant naïvement que les surplus serviraient lors de futures sorties sans bébé. J’ai toutefois appris, grâce à Gabrielle, qu’il était possible de faire des dons de lait maternel, lequel permet de soigner les grands prématurés nés avant 32 semaines et qui nécessitent des soins médicaux.
Les bénéfices du lait maternel pour les grands prématurés sont aussi énormes que la mémoire de stockage dont nous avons besoin sur notre cellulaire lorsque nous sommes parents : il contribue à protéger l’appareil digestif des bébés, favorise le développement de leur flore intestinale, les aide à atteindre un poids satisfaisant plus rapidement et réduit les risques de futures hospitalisations.
La journée même où j’ai fait cette découverte, j’ai rempli le formulaire en ligne sur le site Web d’Héma-Québec pour faire des dons de mon lait. Je n’ai pas hésité, même que je me trouvais très chanceuse qu’un acte de solidarité si puissant soit aussi simple à réaliser.
La sororité entre mères, ça aussi, c’est pas mal magique!
Mon bébé avait environ six mois. On doit s’inscrire alors que son enfant est âgé de moins de huit mois, question d’assurer suffisamment de temps pour procéder aux dons (il faut compter de deux à trois mois entre l’envoi du formulaire et le premier don). Une semaine après l’envoi de mon formulaire, j’ai reçu un appel me demandant de répondre à un questionnaire médical. À la suite à cet entretien, j’ai appris que je pourrai faire des dons jusqu’à ce que mon fils soit âgé de 12 mois.
L’avant-dernière étape est un prélèvement sanguin à l’un des points de service d’Héma-Québec. Quand j’ai su ça, je l’avoue, ma générosité a eu envie de mettre ses souliers de course pour s’enfuir… Je DÉTESTE les prises de sang! Je fais régulièrement des chocs vagaux, et pendant mes suivis de grossesse, ma sage-femme n’avait d’autre choix que de me piquer quand j’étais couchée sur le lit d’examen.
Puis, dans un moment aussi quétaine que prévisible, je me suis mise à penser à mon amie et à sa fille. Elles auraient pu en avoir besoin… Alors que mon amie devait se désinfecter les mains et mettre des gants pour prendre son enfant, je n’aurais qu’à tendre le bras en serrant fort une balle antistress pour contribuer à aider des mères faisant face à une situation semblable à la sienne. Chaque année, il faut 4 000 litres de lait maternel pour soigner 1 000 bébés prématurés.
Puisque j’habite Montréal, Héma-Québec est venue directement chez moi pour collecter mon don. Cela dit, les personnes qui vivent en région doivent se rendre à un point de service (toujours situé à moins d’une heure de route) pour remettre leurs précieuses bouteilles. Le don minimal équivaut à environ vingt bouteilles contenant un minimum de 15 ml. Le lait est ensuite analysé, traité et pasteurisé avant d’être offert à un bébé prématuré.
Eh oui, c’était aussi simple que ça, me joindre à la courtepointe tissée serrée de mères qui ne se laissent pas tomber.
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Si vous aussi aimeriez venir en aide aux mères de bébés prématurés, rendez-vous sur le site d’Héma-Québec pour y remplir le formulaire d’inscription au don de lait maternel.