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Expédition Bleue : une aventure écoféministe pour documenter et étudier le Saint-Laurent

Entretien avec la cheffe d’expédition Anne-Marie Asselin. 

Par
François Breton-Champigny
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Il est pratiquement impossible de rester insensible devant les images de continents de plastique qui ravagent les eaux et les plages du Pacifique ou de toute autre contrée lointaine. Mais soyons honnêtes, cette réalité est bien loin de la nôtre ici au Québec. Du moins, c’est ce qu’on ose croire.

Pourtant, notre chère province comporte aussi son lot de problèmes en termes de pollution plastique dans ses eaux. Documenter ce fléau est d’ailleurs au cœur de la mission de l’Expédition Bleue. Cette initiative mise sur pied par l’Organisation Bleue et portée par sept femmes, membres de la communauté LGBTQ2+ et leurs « acolytes », vise à étudier et documenter la pollution plastique et les changements climatiques sur le fleuve Saint-Laurent pendant trois semaines.

Nous avons profité d’un court moment de réseau cellulaire pour l’équipage afin de poser quelques questions à Anne-Marie Asselin, cheffe de mission de l’expédition, après plus de 16 jours à voguer sur les flots à bord d’un voilier.

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Votre équipe de chercheuses est constituée de plusieurs profils différents, de la création littéraire en passant par l’ingénierie. Comment est-ce que vos intérêts arrivent à se conjuguer dans cette mission?

Tout d’abord, on voulait élever les voix qui sont sous-représentées dans la communauté scientifique en ayant un équipage diversifié, autant en ce qui a trait aux compétences qu’à la diversité sexuelle et de genre.

Ensuite, c’est rare d’avoir un projet intersectoriel de la sorte, que des scientifiques travaillent avec des équipes de création et inversement. Je dois avouer qu’au départ, on se demandait comment tout ça allait se dérouler. Finalement, les équipes s’inspirent beaucoup, que ce soit dans la rationalisation des étapes plus scientifiques qui sont teintées avec plus d’émotivité ou dans les processus de création inspirés de découvertes scientifiques, il y a une grande connectivité entre les différents partis.

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Quel est votre constat par rapport à la pollution plastique dans le fleuve et sur les berges le bordant?

On s’est retrouvé dans des zones très peu habitées comme l’île d’Anticosti et on a tout de suite remarqué que la présence de plastique est carrément alarmante. Nous n’avons pas encore de statistiques précises pour appuyer nos observations, mais je peux confirmer que l’empreinte plastique est carrément partout dans le golfe du Saint-Laurent et sur les rivages.

C’est vraiment triste de constater tout ça parce qu’il y a plusieurs espèces fauniques qui cohabitent avec cette pollution. Ce sont souvent des lieux de biodiversité extrêmement riches et fragiles qui subissent ces contrecoups.

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Une fois les données récoltées et l’expédition terminée, quelle est la suite des choses?

Il y a un plan de match à plusieurs niveaux d’action. D’une part, on veut sensibiliser le grand public sur ces enjeux à l’aide de nos créations littéraires et de nos communications faites sur notre page Facebook durant le voyage.

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Ensuite, il y a une équipe de production qui nous suit actuellement pour réaliser un documentaire sur l’expérience, on va partager nos découvertes avec la communauté scientifique pour alimenter encore plus le contenu sur ces enjeux et on va contacter des décideurs politiques dans les régions que nous avons visitées afin de leur partager nos trouvailles pour les motiver à prendre action. On pense même mettre sur pied une pétition pour que le gouvernement mette la main à la pâte plus sérieusement.

Quels ont été les plus gros défis durant votre expédition?

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Le mal de mer en fait clairement partie (rires)! Sinon, l’étroitesse de l’espace partagé comporte son lot d’adaptation, surtout au départ. Maintenant, on trouve ça grand et on a chacun notre espace. On s’est également transformés en pros de Tetris avec l’équipement pour que tout soit bien rangé.

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Combiner les besognes de la vie quotidienne, comme faire à manger par exemple, et nos tâches en lien avec l’expédition représente un bon défi. C’est assez time consuming de faire trois repas par jour pour 16 personnes!

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Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens retiennent de votre expérience?

Que rien n’est impossible. Je pense qu’on est en train de démontrer qu’on peut accomplir de grandes choses peu importe les domaines dans lesquels on évolue.