.jpg)
«Mon diplôme ne vaudra rien», «les étudiants trichent au boutte», «on déprime de n’avoir aucun sentiment de communauté avec nos camarades de classe»… On entend beaucoup de critiques sur les cours virtuels, surtout sur les aspects sociaux, comme l’isolement, et comportementaux, comme la tricherie. J’ai voulu en apprendre un peu plus sur les coûts liés à l’enseignement à distance, tant du côté des institutions universitaires que des étudiants. J’ai analysé les revendications des associations étudiantes, les explications des universités et j’ai regardé le rapport annuel de l’Université de Montréal à titre d’exemple.
Universités: les cours virtuels, un instrument de domination mondiale?
Même si les universités déplorent les coûts supplémentaires engendrés par la transition vers l’enseignement virtuel, à moyen ou long terme, on prédit que ça pourrait générer des économies pour elles.
Amphithéâtres virtuels
Décrié par de nombreux professeurs, «parler à un mur», ou plutôt à un écran, n’est pas ce qu’il y a de mieux pour la motivation au travail (ni aux études).
Réduire les coûts de personnel pourrait devenir un avantage économique intéressant pour les universités, en mettant un prof pour 400 étudiants alors qu’auparavant, la disponibilité des locaux jouait contre cette tactique (généralement peu appréciée des syndicats). Par exemple, si une université dispose de 20 classes pouvant accueillir plus de 400 étudiants, le reste doit inévitablement être divisé en plus petites classes.
À noter que du point de vue des apprentissages, c’est loin d’être tous les cours qui se prêtent bien à ce mode d’enseignement.
Les universités doivent continuer d’entretenir des locaux qui… ne servent pas à grand-chose.
Les universités ont souligné que les conventions collectives continuaient de s’appliquer de la même manière qu’avant, donc pour l’instant, la réduction des coûts du personnel reste un avantage potentiel.
Immobilisations et autres affaires qui coûtent cher
Les universités pourraient-elles moins investir dans les immeubles dont elles n’auraient plus besoin, voire s’en départir, advenant l’adoption des cours à distance au-delà de la pandémie? L’actif en immobilisations de l’Université de Montréal se chiffre à 1 472 982 000$. Un milliard quatre cent soixante-treize millions de dollars.
Vendez-moi tout ça et faites-en des condos!
À court terme, cependant, les immobilisations constituent plutôt d’un désavantage. Les universités doivent continuer d’entretenir des locaux qui… ne servent pas à grand-chose.
Dans les charges de l’Université de Montréal, la gestion des immeubles représente 55 033 000$.
Au chapitre des dépenses engendrées par la transition abrupte vers le «à distance», on pense au prêt et à l’acquisition d’équipements informatiques supplémentaires, aux abonnements à Zoom ou toute autre plateforme pour enseigner à distance, et à l’embauche d’un plus grand nombre de techniciens en informatique.
Le rapport de l’Université de Montréal affiche une catégorie «Dépenses inhabituelles liées à la pandémie», qui révèle un montant de 1 081 000$. Par contre, on n’a pas vraiment de détails et plusieurs frais peuvent appartenir à d’autres catégories. Concordia a affirmé avoir puisé 25 millions dans ses réserves pour le déploiement de l’enseignement à distance.
Les nouveaux marchés
Dans les dernières années, on a vu une prolifération de campus un peu partout: par exemple, l’Université de Sherbrooke se trouve maintenant à Longueuil et au Saguenay. La tendance est fermement implantée et elle fait pousser des petits un peu partout.
Avec les formations virtuelles, sky is the limit!
À quoi ça sert? À offrir des services à la population, si on met nos lunettes roses… et à prendre des parts de marché aux autres universités, si on est un peu plus cynique.
Avec les formations virtuelles, sky is the limit! On peut suivre des cours à l’Université de Montréal, par exemple, de partout. À condition d’avoir une bonne connexion internet, bien entendu.
Gain potentiel pour les universités: LE MONDE!
Étudiants: payer le même montant pour des services moins bons?
La situation économique des étudiants n’est pas reluisante cette année. La PCUE compense plus ou moins pour la diminution des emplois dans les restaurants et dans d’autres secteurs qui embauchent cette population.
Ni loyer ni déplacement
La bonne nouvelle, c’est que les étudiants économisent peut-être quelques centaines de dollars par mois sur le bail qu’ils n’ont pas renouvelé, en restant chez leurs parents cette année. Pas besoin de se loger près du campus.
La plus grande peur des étudiants: que ça plante pendant un examen!
Et pour ceux et celles qui n’avaient peut-être pas de logement, mais qui prenaient les transports en commun quelques heures par semaine pour faire la navette vers leurs cours? Plus besoin de se déplacer, ils économisent la passe d’autobus/métro et surtout, un temps précieux!
High tech
Les cours en ligne, ça prend absolument une connexion qui a de l’allure. La plus grande peur des étudiants: que ça plante pendant un examen!
Preniez-vous des notes à la main avant la pandémie? Toujours possible, si ça aide votre mémoire, mais l’ordinateur est maintenant un essentiel des cours universitaires. Pas une vieille affaire qui date de 10 ans, là! Quelque chose d’assez puissant pour ne pas surchauffer pendant un Zoom de trois heures.
Frais afférents
Mot-valise pour désigner tout ce qui entoure la scolarité, les frais «afférents» regroupent la vie étudiante, les cliniques, la technologie informatique, les centres sportifs, la radio, etc. Ils totalisent quelques centaines de dollars par année (par étudiant) et varient selon l’université. La grogne s’est installée dans la communauté estudiantine au début de la session d’automne. Pourquoi payer pour des services qu’on ne pourra pas utiliser, les campus étant en bonne partie inaccessibles?
Je prédis que la question va revenir sur le tapis tôt ou tard.