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Être une entreprise responsable, ça veut dire quoi?

«La certification B-Corp, c'est le commerce équitable qu'on connait avec les produits, mais à un niveau entrepreneurial.»

Par
Alexandre Perras
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«Je pense qu’il y a eu un peu trop de greenwashing pour malheureusement faire confiance à une parole lancée en l’air», me lance Thomas Ferland-Dionne, cofondateur de l’entreprise Boite Pac.

«Et c’est le temps que les entreprises walk the talk», ajoute à son tour Judith Dignard, cofondatrice du projet qui a pour mission d’accompagner et de soutenir les entreprises à atteindre leurs objectifs de responsabilités sociales et environnementales.

Lancée en juin 2019 par Thomas puis rejoint à la fin mars par Judith, l’entreprise surfe aujourd’hui sur la vague d’un mouvement qui, selon eux, n’est pas près de s’arrêter.

Redéfinir le succès en affaires

Le cash.

Le gage de succès par excellence. Celui qui mène le monde et qui, dans sa forme actuelle, est aussi celui qui nous garantit un billet pour une méchante débarque.

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Oui, une entreprise qui a un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars c’est un signe d’un certain succès, mais est-ce que c’est le seul qu’on souhaite? Mais surtout, est-ce celui qu’on peut se permettre?

«On est en 2020. Venir en aide à sa communauté. Laisser une marque. De supporter notre société, ça devrait aller de soi.»

«Je serais très surpris de voir des entreprises qui pensent juste au cash prospérer et perdurer à travers le temps, m’explique Thomas. Il va y avoir un clash si les enjeux environnementaux et sociaux ne sont pas considérés, surtout auprès des plus jeunes générations de travailleurs et de consommateurs. Ça va devenir une nécessité, même si certains peuvent encore voir ça comme étant avant-gardiste.»

«On est en 2020. Venir en aide à sa communauté. Laisser une marque. De supporter notre société, ça devrait aller de soi.»

Pour Judith, ce nouveau gage de succès doit devenir (et deviendra!) une normalité et elle souhaite, avec Thomas, en devenir les ambassadeurs avec Boite Pac.

Responsable et certifié

Ce gage de succès est évalué selon les plus hauts standards de performance sociale et environnementale sous cinq piliers d’impact qui mènent à l’obtention de la certification B-Corp. L’environnement, la communauté, les employés, les clients et la gouvernance sont les piliers qui doivent être respectés pour accéder à la certification.

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«Les entreprises qui vont prendre part à ce mouvement vont décider de mettre sur le même pied d’égalité la maximisation de leur profit et leur impact. Elles vont donc intégrer dans leur modèle d’affaires des actions et des façons de mesurer leur impact tout comme ils en ont pour mesurer leurs profits», m’explique Judith.

«C’est le commerce équitable qu’on connait avec les produits, mais à un niveau entrepreneurial», me résume Thomas.

On peut bien évidemment penser à Patagonia qui est un chef de file et influenceur important pour la notoriété du mouvement B-Corp à l’international, mais aussi à PRANA et ses collations biologiques, ainsi que The Unscented Company, fournisseur de produits nettoyants biodégradables, qui font partie du mouvement au Québec.

Par où commencer?

«B-Corp ou non, la première des choses à faire pour s’améliorer, c’est de mesurer son impact actuel», lance l’entrepreneur.

En gros, à quoi ressemblent les activités de l’entreprise et ses impacts sur l’environnement? À l’interne? Niveau diversité et inclusion, ça dit quoi? À l’externe, est-ce que l’entreprise a un impact sur sa communauté? Et ainsi de suite.

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«À titre d’exemple, intégrer du compost dans son quotidien, c’est une bonne chose, mais c’est peut-être pas là que la plus grosse des lacunes de l’entreprise se trouve. C’est pas une question d’arrêter le compost. Loin de là. C’est vraiment d’analyser et parfaire l’entreprise sous tous les fronts, surtout là où il y a des places à amélioration», mentionne-t-il.

Comme le duo me le confirme, «nombreux sont ceux qui vont agir sans certification», ce qu’ils trouvent génial.

Toutefois, la réalité dans laquelle nous évoluons présentement fait en sorte que beaucoup d’entreprises doivent avoir ce stamp de responsabilité qui vient avec une régulation trisannuelle pour qu’il y ait des actions concrètes qui se produisent.

Justement, quoi faire avec ceux qui s’en foutent?

«C’est l’énorme défi, mais ce n’est pas une cause perdue, loin de là», me dit Thomas avec optimisme.

«Oui, certains pensent encore que d’être responsable c’est d’avoir un logo vert et ne pas faire de cash, mais c’est de leur faire comprendre qu’aujourd’hui c’est différent. Tu peux être responsable et tu peux faire du cash», ajoute-t-il.

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«C’est d’être réaliste et parler leur langage, ajoute Judith. De les confronter, c’est le meilleur moyen de les éloigner de nous et de les conforter dans leur idée qui est déjà faite.»

Et parler leur langage, c’est bien évidemment de parler des avantages financiers. Mais le duo est d’avis que par la force du nombre et avec beaucoup d’éducation, de grandes choses pourront se produire.

«Dans 10 ans, même avant, les jeunes de la génération Z représenteront un bon pourcentage des consommateurs et des employé.e.s de ces entreprises-là», me dit Judith.

«Ces jeunes veulent et voudront travailler pour des employeurs responsables. La même logique s’appliquera pour les consommateurs. D’ignorer ça, ce sera de se priver de quelque chose qui paiera et c’est là qu’on parle leur langage», ajoute-t-elle.

La nouvelle génération d’entrepreneurs

Thomas Ferland-Dionne et Judith Dignard
Thomas Ferland-Dionne et Judith Dignard
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Bien qu’aux balbutiements de l’entreprise, les jeunes entrepreneurs se sont fait dire que leur spécialisation B-Corp était peut-être trop nichée, aujourd’hui, le vent a certainement tourné.

«L’intérêt est vraiment là. On reçoit beaucoup de questions et plusieurs jeunes entrepreneurs nous contactent puisqu’ils souhaitent intégrer ces principes de responsabilité dans leur modèle d’affaires ainsi que leur stratégie de croissance», affirme Thomas.

D’ailleurs, les deux jeunes entrepreneurs sont à même de comprendre la tâche puisqu’en plus d’être experts en la matière, ils sont eux-mêmes en train de bâtir leur entreprise sur les principes B-Corp.

«Ça peut paraître lourd et laborieux de concilier entreprise, profit et responsabilité, mais il y a de quoi de cool et quasiment sexy à concrétiser tout ça. Et nous, on veut aider les intéressés dans ce processus.»

Parce que disons-le, il n’y a rien de plus sexy que d’être un vecteur de changement ayant un impact positif sur sa communauté.

Retenez-moi, quelqu’un.

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