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Être propriétaire ne fait pas le bonheur
Dans notre société, il y a (ou du moins il y avait jusqu’à récemment) un ordre établi de moments marquants dans la vie d’un.e jeune adulte : acheter une voiture, obtenir un diplôme, se marier, acheter une maison et avoir des enfants.
Non seulement chacune de ces étapes arrivent désormais plus tard qu’avant en moyenne, mais elles se produisent aussi moins souvent. Une voiture? Trop polluant. Un enfant? Avec la planète qui brûle, non merci. Une maison? À moins d’être un Rothschild, pas la peine d’y penser.
Si vous faites partie de la vaste majorité de gens qui aimeraient un jour devenir propriétaire, mais qui commencent tranquillement à abandonner ce rêve, on a de bonnes nouvelles pour vous! Posséder une maison, ce ne serait pas SI important que ça pour avoir une belle vie.
Le bonheur, c’est un gage
Notre espèce est bonne à beaucoup de choses, mais il lui manque encore certaines capacités. On est notamment un peu poche quand il est question de faire des prédictions sur notre niveau de bonheur et de satisfaction. C’est pourquoi même si être blindé aux as nous semble attrayant, la richesse peut être synonyme de descente aux enfers pour beaucoup de gens. Il y a aussi un degré de richesse à partir duquel on n’est pas plus heureux ou heureuse, peu importe le nombre de vols en jet privé qu’on fait.
« Les participants qui sont orientés vers le statut social (…) ont tendance à surestimer la hausse de satisfaction que l’achat d’une maison apporterait »
Une toute nouvelle étude de la Faculté de commerce et d’économie de l’Université de Bâle s’est donc penchée sur les prédictions de bonheur de gens qui comptaient acheter une maison. L’équipe de recherche a sondé et suivi près de 800 futurs acheteurs et acheteuses allemands, en leur demandant d’évaluer, sur une échelle de 0 à 10, leur niveau de bonheur actuel et de prédire où celui-ci se situerait dans cinq ans, une fois qu’ils seraient emménagés dans leur nouvelle demeure.
Plus heureux… mais pas tant!
Bien que les gens soient en général légèrement plus heureux une fois propriétaires, l’équipe de recherche a trouvé que le taux réel de bonheur était généralement en-deçà de celui prédit par les participant.e.s.
« L’adaptation a un effet relativisant sur la satisfaction dans nos vies. Les gens ont tendance à l’anticiper, mais ils la sous-estime », explique le Dr Reto Odermatt, qui a conduit la recherche aux côtés du Dr Alois Stutze. « Quand il est question de prédire la satisfaction future, après avoir investi leur demeure, toutefois, les gens semblent ignorer complètement l’adaptation », ce qui les conduirait à surestimer la plus-value à moyen terme d’être propriétaire.
Il était donc important de questionner les participant.e.s à différents moments du processus de devenir propriétaire, de trois mois avant à un an après avoir emménagé. Ainsi, cela leur permettait d’avoir une idée assez claire de ce à quoi leur vie dans leur nouvelle maison ressemble, sans que l’effet d’adaptation se soit pleinement installé.
C’est une question de valeur
Ce qui ferait vraiment la différence dans notre niveau de bonheur, de satisfaction et de plénitude lorsqu’on devient propriétaire, c’est notre rapport aux autres.
Si, par exemple, votre raison principale d’acheter une maison est d’emménager dans un endroit plus grand et luxueux dans un meilleur quartier pour impressionner les gens ou avoir le sentiment d’appartenir à une autre classe sociale, il y a de grandes chances que vous soyez déçu.e. « Les participants qui sont orientés vers le statut social, pour qui l’argent et le succès sont d’une importance particulière, ont tendance à surestimer la hausse de satisfaction que l’achat d’une maison apporterait », estime le Dr Odermatt.
même si être blindé aux as nous semble attrayant, la richesse peut être synonyme de descente aux enfers pour beaucoup de gens.
Les gens qui privilégient plutôt les expériences, les ami.e.s et la famille tendent à avoir une vision plus rationnelle de leur éventuel bonheur. Cela renvoie à la notion, qui se vérifie de plus en plus, que nous ne sommes pas aussi bon.ne.s que nous le pensons pour savoir ce qu’il nous faut pour être heureux ou heureuse. Nous avons plutôt tendance à évaluer notre bonheur, ou comment l’atteindre, à travers notre perception du bonheur, qui est influencée par des facteurs externes comme notre famille, notre culture et la publicité.
C’est un peu réconfortant de savoir que peut-être qu’on surestime la joie qu’être proprio pourrait nous apporter, surtout dans le contexte actuel. Et que malgré ce qu’il dit, notre beau-frère baveux n’est pas si heureux dans sa nouvelle grosse maison, et que nos bonheurs ne sont pas comparables. Mais bon, quand même, je continue de croire que je serais *un peu* plus heureux si j’étais propriétaire…