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Être pigiste et travailler au soleil: mode d’emploi

Trois pigistes et grandes voyageuses livrent leurs conseils pour travailler à son compte à l'étranger.

Par
Rose-Aimée Automne T. Morin
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Chaque hiver, je regarde avec jalousie mon amie Marie Mello partir pour le Sud. Depuis sept ans, elle va à la découverte de pays ensoleillés tout en poursuivant ses activités de rédactrice et traductrice pigiste. Elle ne réduit même pas le nombre de contrats qu’elle accepte, elle fait simplement son travail à distance. Le rêve!

Cette année, je l’ai enfin rejoint dans la grande famille des pigistes. Et peut-être même que je vais suivre ces pas de nomade dans un avenir pas si lointain. J’ai donc recueilli ses trucs pour planifier la plus parfaite des sessions hivernales de télétravail. J’en ai également profité pour consulter d’autres expertes de la job au chaud, question de ne me réserver AUCUNE surprise.

J’ai pu compter sur les bons conseils de la designer Laura Lee Moreau, qui part environ cinq mois par année pour mener à distance ses contrats de spécialiste UX/UI, puis ceux de la journaliste montréalaise Elisabeth Massicolli, basée en Italie et experte voyageuse.

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Puis, vu qu’entre pigistes, on se tient, voici le compte-rendu de mes rencontres… On n’aura pas de retraite. Faut bien profiter de ce qui passe!

1- Choisir le bon moment

« Je pars généralement en janvier et février, soit les deux mois les plus relax pour ma business », m’explique Marie Mello. Travaillant depuis longtemps dans la même industrie, elle sait très bien quelle période de l’année lui permet de ralentir un peu le rythme. « Et ça tombe bien, parce que les vols sont plus cheap entre le temps des Fêtes et la relâche », ajoute-t-elle, rendant sans doute sa comptable fière au passage.

La rédactrice pigiste a entamé cette tradition il y a sept ans. Ce qui a commencé par deux semaines d’escapade s’est graduellement transformé en six à huit semaines de voyage annuel. Un modèle à suivre, selon Laura Lee Moreau : « S’il s’agit d’une première expérience, je recommande de ne pas partir trop longtemps, à moins d’être très à l’aise avec les voyages en solo. Je conseille aussi de ne pas être trop cheap, question de rester confortable dans cette première adaptation. »

« J’ai des collègues qui ne disent rien, moi je prends plutôt le camp de l’honnêteté. De toute façon, je publie des photos sur les réseaux sociaux… Ils finiraient par le savoir! »

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La designer ajoute qu’en terme de communication avec les clients, il existe deux grandes écoles chez les pigistes voyageurs : « Soit tu leur dis que tu pars et que tu seras disponible comme d’habitude, soit tu ne les avertis pas parce que tu crains qu’ils trouvent ça étrange et qu’ils se méfient de toi. J’ai des collègues qui ne disent rien, moi je prends plutôt le camp de l’honnêteté. De toute façon, je publie des photos sur les réseaux sociaux… Ils finiraient par le savoir! »

2- Trouver la bonne destination

Les trois voyageuses ont une même approche, au niveau de la destination. Elles ne privilégient pas nécessairement celles qu’elles RÊVENT de visiter, mais celles dans lesquelles il leur fera bon travailler.

« Je n’irais pas faire ça sur une plage aux Maldives, résume Elisabeth Massicolli. Je choisis des destinations en fonction du fait que ça ne va pas trop me stresser de sortir mon ordi et de travailler. »

« On ne finit pas toujours dans les plus belles villes, mais ce sont les plus confortables pour vivre », selon Marie, qui ajoute chercher des lieux dont le fuseau horaire se rapproche du nôtre, question de pouvoir répondre plus facilement aux clients.

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3- Rentrer dans son argent

Maintenant, comment on fait pour survivre financièrement à de pareilles escapades? Voici trois excellents trucs.

« L’idéal, c’est de louer notre appartement pour la durée de notre départ, m’explique Marie. Dans mon cas, selon les destinations que je choisis, je peux même faire du profit! C’est en quelque sorte ce qui finance mon voyage. Cette année par exemple, je vais en Colombie. Le coût de la vie est beaucoup plus bas qu’ici. Un mois et demi en Europe, ça demande un gros portefeuille. La même durée en Amérique latine, c’est à ma portée. »

« Avant de partir, je m’arrange pour faire le plein. Je vais prendre un peu plus de contrats pour avoir un petit coussin en voyage. »

De son côté, Elisabeth ne se casse pas la tête : « Avant de partir, je m’arrange pour faire le plein. Je vais prendre un peu plus de contrats pour avoir un petit coussin en voyage. En même temps, je n’ai pas de grandes ambitions! Je n’ai pas l’intention de m’acheter un condo demain, donc ça ne me dérange pas trop d’arriver à zéro… »

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D’un point de vue pratico-pratique, Laura souligne pour sa part l’importance de trouver un logement où on pourra facilement cuisiner, ce qui réduit de beaucoup les dépenses.

4- Faire son nid

Parlant de trouver une maison, Marie Mello prévoit habituellement un toit pour les premières nuits suivant son arrivée, mais elle réserve la suite sur place. « Je rencontre des gens, je leur demande conseil. Il y a toujours des expats qui nous aiguillent vers des bonnes chambres. »

À ce rayon, le wi-fi n’est pas à négliger. C’est pas mal l’or des pigistes, comme en témoigne Elisabeth Massicolli : « Avant de partir, je fais des recherches pour trouver les meilleurs cafés où travailler. Maintenant, tu peux chercher sur Google Maps « café, wifi, freelancers » et ça te sort les endroits pour lesquels les gens ont laissé des commentaires avec ces mots-là. Grâce à ça, je me fais une petite liste de cafés et ça me permet de mieux choisir un quartier où résider. »

« Cherche le bon internet du village, les pigistes seront là! », comme dit Marie.

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5- Adapter sa routine

« Essayez de vous booker un horaire moins chargé que d’habitude, conseille Laura Lee Moreau. C’est vraiment chiant faire 40 heures quand on est ailleurs. Moi, je prends un contrat de moins quand je pars en voyage, question de travailler environ 30 heures par semaine. »

« Je m’étais fait une illusion quant à ma productivité. Je pensais que ce serait comme à la maison, mais dans un meilleur endroit. »

Une recommandation appuyée par Marie Mello, qui a fait un moyen saut lors de son premier voyage de pigiste… « Je m’étais fait une illusion quant à ma productivité. Je pensais que ce serait comme à la maison, mais dans un meilleur endroit. Sauf que j’ai réalisé que lorsque tu es dans un nouvel endroit, tu as envie de tout explorer! En même temps, il ne faut pas s’attendre à faire tout ce que les gens en vacances font. C’est comme du slow travel quand tu travailles. »

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Toutes deux changent également leur routine pour travailler autant que possible le matin et flâner le reste de la journée. « Comme je suis généralement sur le bord de l’océan, j’ai compris qu’en me levant avec le soleil, je pouvais sauter dans la mer avant de commencer ma journée. Ça, c’est… c’est comme un très bon café, je dirais », résume mon amie Marie (comme pour me faire chier).

6- Éviter les pièges

Être trop préparé.e peut s’avérer dangereux, selon la rédactrice : « J’éviterais de trop planifier en avance. Par exemple de choisir à distance un endroit où on restera longtemps, parce qu’une fois sur place, on peut découvrir que ce n’est pas un bon spot pour travailler. Des fois, c’est trop bruyant, il fait trop chaud, on est déconcentré. Il faut pouvoir bouger rapidement. »

À l’inverse, un petit manque de préparation peut causer des surprises. Elisabeth nous raconte : « La seule fois où ça s’est vraiment mal passé, c’est quand je suis partie travailler à Dieppe, en Normandie. Je devais absolument appeler un client à 15h, mais je ne trouvais pas de wi-fi et mon 3G italien n’était pas assez puissant pour partager mes données cellulaires. Je suis allée partout en ville, même à l’Office du tourisme! Je capotais. Un resto a finalement accepté de me partager son wi-fi privé. Depuis, je m’assure toujours d’avoir une carte SIM de l’endroit où je suis. Comme ça, je peux accéder à un réseau en tout temps. Ça m’évite bien du stress. »

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7- Savoir si c’est fait pour nous avant d’acheter notre billet

J’ai demandé aux trois expertes si, à leur avis, ce type de télétravail est fait pour tout le monde ou si, au contraire, c’est mieux de demeurer un rêve lointain pour certain.e.s.

« Je pense que ça ferait du bien à tous les pigistes, reste qu’il faut un minimum de flexibilité, m’explique Marie. L’an passé, j’étais dans un village où, parfois, tout le monde perdait internet pendant une journée complète. Il faut savoir laisser aller, mettons. »

« Je pense que les gens idéalisent beaucoup cette vie-là et c’est vrai que je suis ultra privilégiée, mais ça vient avec beaucoup de solitude, aussi. »

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Pour Elisabeth, l’important, c’est plutôt d’être réaliste : « Je pense que les gens idéalisent beaucoup cette vie-là et c’est vrai que je suis ultra privilégiée, mais ça vient avec beaucoup de solitude, aussi. Si tu prévois partir pour la première fois pendant quatre mois, c’est super! Tu vas découvrir plein d’affaires! Mais quand tu te déracines, tu perds ton cercle social et comme tu dois travailler, tu as des contraintes qui t’empêchent de juste faire le party et frencher des beaux gars dans les bars. Tu passes beaucoup de temps seule et il faut être prête à ça. Je te conseillerais donc de commencer étape par étape, de trouver un.e autre pigiste pour t’accompagner ou alors de prévoir des espaces de coworking dans lesquels tu pourras te poser et des évènements de réseautage auxquels tu pourras participer. »

D’ailleurs, Laura me parle aussi de cette solitude : « Des fois, je vais en auberge de jeunesse pour avoir le côté social, sinon ça peut devenir long. » Reste que selon elle, pour bien vivre le travail à distance, il faut surtout être organisé.e et avoir une structure de travail déjà bien établie. C’est tout moi, ça!

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8- Ne pas tourner le dos au repos

Tout ça est bien tentant, mais est-ce qu’en conjuguant voyage et travail, on se permet tout de même de prendre de véritables vacances, parfois? Parce qu’il me semble que c’est important de décrocher entièrement, à l’occasion… N’y a-t-il pas là un risque de surtravailler?

Marie m’affirme que le fait de changer de lieu de travail est suffisant pour lui permettre de se ressourcer : « Ça ne m’empêche pas de prendre des vacances, j’en prendrais juste pas si je restais à Montréal! »

Voilà une situation que plusieurs travailleurs.euses autonomes connaissent bien… « En tant que pigiste, c’est difficile de faire la part des choses, selon Elisabeth. Tu veux répondre le plus rapidement possible, tu es toujours devant un écran. Ce n’est pas simple de prendre des vraies vacances. Au moins, travailler en voyageant me permet de découvrir de nouveaux endroits sans trop m’appauvrir! »

Laura est pas mal au même endroit : « C’est le moyen que j’ai trouvé pour combiner ma passion pour le voyage et le fait que je ne peux pas prendre de break, vu que je n’ai pas de vacances payées… Au moins, chaque fois que je pars travailler ailleurs, ça fait un reset à mon énergie. Je prends plus de pauses, ça m’impose un rythme de travail sain et quand je reviens, j’ai deux mois de bonne vibe! »

VENDU!
(Mais reposez-vous, pour vrai.)

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