Être le papa de fiston

À la base, je ne devais même pas jouer dans la série Papa et encore moins mon fils.

J’avais une idée de scénario de film (plutôt dramatique) en tête depuis la naissance de Xavier. L’histoire inverse que l’on voit traditionnellement, ET SI, pour une fois c’était une femme qui sacrait son camp après l’accouchement laissant son marmot au père pour aller vivre une vie professionnelle? Personnage de femme forte qui ne trouve pas son compte dans la maternité.

J’ai laissé flotter ce concept dans mon cortex préfrontal quelques années en me disant qu’un jour je ferais de quoi avec cette idée.

Ensuite, cet article : Enlève ta banane de ma face

Mon gérant m’appelle en riant : “Wow j’aurais aimé voir ça Jo, c’est hilarant !!!”

Et on s’est mis à imaginer… ET SI je m’étais battu, ET SI je m’étais enfui avec mon flo qui ballote dans un bras en tenant mon pain pis ma margarine de l’autre.

Quelle image de loser hilarante!

Mon coauteur et bon ami Mathieu Genest m’a dit : “ET SI ton personnage de ‘père épais/cru’ de la série Fiston était le rôle principal question que les diffuseurs s’intéressent à notre projet”. Pas fou… “ET SI on mixait mon idée de film pour que l’histoire soit linéaire au lieu d’être qu’une série de sketchs décousus.” Pas fou !

La série PAPA est née !

Nous avons écrit une douzaine d’épisodes, mais les questions qui nous ont été posées par la suite étaient :

• Où est-ce que vous allez trouver un jeune comédien aussi bon?
• Qui va jouer le petit gars mon Jo?
• Va falloir qu’il soit bon!

(Sourire en coin voulant dire : “Bonne chance, le gros.”)

On a dressé une liste de comédiens potentiels et JAMAIS mon fils ne figurait sur cette liste. Xavier avait fait de la figuration dans un vidéoclip de Pierre Lapointe, reçu de l’eau dans la face dans un sketch des Appendices et that’s it. Il trouvait ça cool, c’est tout.

Quelques années plus tard…

Un soir, alors que mes textes étaient encore en construction et qu’on regardait Maman, j’ai raté l’avion 2, j’ai dû expliquer à Xa, que les briques que Kevin McCallister lançait dans le visage des casseurs-flotteurs et bien, c’était des fausses. Il commençait à s’inquiéter de leur santé et je devais briser la magie. S’en est suivi une longue discussion sur les films, le cinéma et il m’a lancé :

“Wow ! C’est facile faire semblant comme Kevin McCallister moi aussi je veux faire ça!”

J’ai pris un air snob, j’ai ri et j’ai dit que c’était très dur de jouer certaines émotions. J’ai voulu le tester et il m’a jeté sur le cul. Drette là ! Dans mon salon! Avec Home Alone sur pause en background. Il s’est mis debout dans le salon et je m’amusais à le mettre dans différentes situations et il s’amusait big time! Il pleurait presque sur commande, il jouait la jalousie, la tristesse, la joie et il sautait sur place pour que je lui en donne d’autres à faire! Comme si c’était facile…

Il était FANTASTIQUE !

Nous partions en France pour nos vacances d’été. J’ai profité de ces deux semaines pour lui parler de la série, lui expliquer en quoi ça consistait, un tournage. Que c’était du travail, beaucoup de plaisir, mais surtout beaucoup de travail. Je lui ai expliqué que dorénavant ça serait comme moi, il se ferait reconnaître par des inconnus, qu’il y en avait même des plus méchants que d’autres. Qu’à l’école ses amis allaient lui en parler, etc. Il sautait sur place comme si c’était Noël et me répondait qu’il voulait faire des films comme Kevin McCallister.

On le questionnait régulièrement, on le mettait en contexte et sa réponse déterminait (sans qu’il ne le sache) si oui ou non, il ferait partie de l’aventure. Quand je dis “on”, c’est moi, ma conjointe, mon ex et certains ami(e)s comédiens.

Sur près d’un an, nous l’avons préparé, ET SI jamais dans le processus il voulait débarquer, il était libre de partir. Que JAMAIS personne ne serait fâché qu’il quitte. Nous lui avons dit qu’une fois que le tournage était commencé, il devait respecter sa parole et au moins tourner les quelques jours qu’il avait. Mais que pour les autres saisons, il n’était pas obligé de rester.

La priorité de ce projet, c’était lui et rien d’autre.

Les horaires étaient en fonction de Xavier pour qu’il travaille le moins possible et qu’il puisse continuer sa première année, nous avons respecté les normes de l’UDA et Mathieu et moi prenions le temps de réécrire certains passages pendant qu’il apprenait ses textes pour lui faciliter la tâche avec certaines phrases/mots.

Dans tout le processus, j’étais ULTRA nerveux. Je voulais le protéger, mais en même temps il sautait de joie constamment, il avait dont hâte d’aller tourner, un vrai poisson dans l’eau.

Les gens le reconnaissent maintenant dans la rue, il prend le temps de jaser, de prendre des photos. Nous avons établi nos signes, quand il est tanné, il me fait son signe et je demande aux gens poliment de le lâcher un peu. Mais pour vrai, les gens sont tellement gentils avec lui et rarement intrusifs, justement parce que c’est un enfant.

J’ai toujours une crainte pour lui, c’est toujours dans mon arrière-pensée, mais être parent c’est justement ça, laisser aller ton enfant qui s’amuse et toujours être là pas loin à s’inquiéter. Certains ont comme passion la natation, le hockey ou le ballet; le mien aime se mettre un costume et jouer devant la caméra avec son père.

Ça l’expose, il comprend bien, est-ce qu’il comprend tout? Je ne crois pas, car il n’a que 7 ans, mais il comprend le plus important et ça me rassure. Et nous sommes là autour de lui.

Nous bâtissons des souvenirs et une relation unique en ce moment avec cette série. Xa me demande tous les jours quand est-ce qu’on recommence. J’aurai à vie ces images de lui dans mes bras : on regarde nos playbacks, on ajuste notre jeu, on se conseille mutuellement et on retourne faire la scène. Quel beau trip!

Il ne veut même pas faire ça quand il sera grand en plus, il m’a dit ça il y a quelques semaines quand nous avons reçu pleins d’offres pour lui. Il veut continuer PAPA et il veut devenir astronaute et aller sur Mars ramasser des roches et les ramener ici…

Il joue devant la caméra pour s’amuser et il ne peut pas concevoir que c’est un travail ! Quand je lui ai dit qu’il avait des sous dans son compte de banque il m’a dit :

“Ce n’était pas une blague !!!!! On est VRAIMENT payé pour faire des niaiseries?!”

Mon job de père dans le futur sera de continuer à le protéger, l’encadrer et m’assurer qu’il puisse aller sur Mars en fusée et non avec des drogues dures comme un certain Kevin McCallister.

Pour tout savoir sur Papa, c’est ICI.