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Être ami avec nos enfants: bonne ou mauvaise idée?

La fusion, ce n'est pas toujours la meilleure solution.

Par
Lory Zephyr
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Dernièrement, je suis tombée sur l’émission américaine sMothered qui montre des mères et leurs enfants rendus à l’âge adulte qui sont très (très!) fusionnels. Appeler régulièrement son parent ou aller au gym ensemble ne ferait sourciller personne. Ceci dit, prendre sa douche avec lui, s’habiller pareil pareil, partager ses sous-vêtements et dormir souvent dans le même lit, c’est moins commun.

Si les duos mères-enfants de cette émission expriment leur plaisir et leur gratitude d’être de meilleurs amis, ça crée également des tensions avec les gens qui les entourent puisque cette fusion laisse peu de place pour les autres.

Alors, est-ce une bonne idée d’avoir une relation d’amitié avec son enfant ou pas?

Veux-tu jouer avec moi?

Dès leur plus jeune âge, les enfants peuvent commencer à démontrer une préférence pour certains amis avec qui ils aiment jouer. Chez les jeunes enfants, l’amitié est souvent basée sur la proximité, par exemple s’ils sont voisins, fréquentent la même garderie ou école. La beauté de ces amitiés c’est qu’elles offrent, entre autres, la possibilité d’acquérir des compétences sociales, telles que la façon de communiquer avec les autres et de résoudre des conflits. La réciprocité est donc un élément important de l’amitié chez les enfants.

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En revanche, le rôle du parent change selon le stade développemental. Vous l’avez remarqué, à quelques jours de vie, vous aviez un contrôle presque total sur votre enfant. Cette posture s’ajuste graduellement au fil du temps vers l’adolescence pour favoriser l’indépendance tout en étant un guide au besoin.

S’il est vrai qu’il est primordial de garder un rôle de cadre pour son enfant, il y a bien entendu aussi de la place pour développer une relation à l’extérieur des règles et de la discipline.

En s’intéressant aux passe-temps de vos enfants, en développant des intérêts communs et en trouvant des occasions pour avoir du plaisir en jouant, vous nourrissez une certaine forme d’amitié avec eux, et c’est tant mieux!

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Si vous n’êtes pas du type à grimper partout au parc ou à vous mettre à 4 pattes avec votre enfant sur le dos, pas de panique. Que ce soit à travers la construction d’une tour en legos, d’un fort de couvertures dans le salon, en cuisinant ou en dessinant ensemble, vous montrez à votre enfant une autre facette de vous. Il faut se l’avouer, vous ne serez peut-être pas toujours LEUR personne préférée avec qui jouer comme vous n’aurez pas le même niveau d’énergie et de jeu. Mais là n’est pas le but. En plus de favoriser la communication, ces moments permettent de mettre de l’avant le côté chaleureux et agréable de votre relation. C’est une zone où on peut développer une forme d’amitié, sans toutefois être des pairs et cette nuance est importante.

Alors pas si vite…

Il demeure essentiel de garder son rôle d’autorité parentale face à son enfant. Une limite trop peu définie entre « l’ami » et « le parent » n’est pas bénéfique.

Une confusion dans les rôles peut plutôt amener l’enfant à ressentir une pression de prendre soin des besoins de son parent, à développer une peur ou de la culpabilité de faire des choix différents de lui, ou à être exposé hâtivement aux problèmes d’adultes.

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À ce sujet, différents chercheurs se sont intéressés aux interactions parents-enfants et ont relevé 4 styles parentaux que l’on vous présente brièvement ici. Précisons tout de même que les parents au style démocratique caractérisent plutôt des parents à la fois encadrants et sensibles. Ces parents encouragent l’enfant à négocier, à exprimer ses objections et l’impliquent dans les décisions qui le concernent dans le but de favoriser le développement de son autonomie. Le parent au style démocratique est bien engagé et offre un encadrement structuré avec une supervision active. Sans brimer l’enfant, ces parents n’hésitent pas à intervenir lorsque nécessaire au niveau de la discipline. Les parents démocratiques ont généralement de meilleures relations avec leur enfant et ce style parental favorise un meilleur développement psychologique, émotionnel, social, scolaire et cognitif.

Cela dit, on comprend qu’il peut y avoir des conséquences négatives à entretenir une relation où le parent opterait pour une relation d’amitié, plutôt que d’assumer une position de cadre parental comme dans le style permissif.

Conséquences possibles chez l’enfant ayant un parent permissif :

(Source : American Psychological Association)

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  • Impulsivité
  • Rebellion
  • Attitude dominatrice
  • Agressivité
  • Faible autonomie
  • Difficulté d’autocontrôle
  • Difficulté à se fixer et atteindre des buts

Les parents qui adoptent le style permissif peuvent le faire parce qu’ils ont été eux-mêmes élevés par des parents stricts et ne souhaitent pas imposer la même expérience à leurs enfants. D’autres se sentent parfois coupables de passer peu de temps avec eux, par exemple après une séparation. Parfois, c’est aussi par manque d’informations ou parce qu’ils souhaitent à tout prix se sentir aimés par leurs enfants. Un désir marqué que son enfant développe son indépendance et sa créativité peut également mener vers un style parental permissif.

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Au final, tout est une question d’équilibre entre le développement d’une complicité avec son enfant tout en gardant des rôles clairs et distincts. C’est cette danse dès la petite enfance qui permet de mettre des bases pour l’âge adulte où votre rôle de cadre sera plus en retrait… Pour peut-être faire de la place à celui de grand-parent!