Et si l’on s’inspirait de Porto pour nos élections municipales?

Bom Dià ! En ce moment, c’est la phrase que j’utilise chaque jour, car je suis en échange étudiant à Porto. En posant mes valises, je pensais admirer le coucher de soleil au Jardim do Morro, mais ma vue a plutôt été obstruée par des centaines de pancartes électorales. Eh oui, même à 7 heures de vol de chez moi, j’ai vécu des élections municipales alors que le Québec en est à ses derniers retranchements.

En apercevant ces affiches, je me suis demandé si les jeunes Portugais prennent les élections municipales plus au sérieux que ceux du Québec. En effet, selon une étude réalisée par l’Université catholique portugaise de Porto auprès de 931 jeunes âgés de 18 à 30 ans, 79,1 % d’entre eux ont voté aux élections municipales de 2022, contrairement à seulement 21 % au Québec.

Pourquoi les jeunes Québécois votent-ils si peu ?

Même si 5 000 kilomètres séparent Montréal de Porto, les jeunes adultes des deux villes font face aux mêmes enjeux. Comme je l’ai vite constaté en discutant avec Gonzalo, le fils de mon propriétaire, le prix des loyers est un sujet particulièrement épineux : « Le salaire minimum au Portugal est très bas (870 euros par mois alors qu’en Europe, la moyenne se situe à environ 1 000), et en ce moment, il y a très peu de logements décents dont le loyer est inférieur à 400 euros ».

Les jeunes Portugais ont donc plus d’intérêt à se rendre aux urnes, car contrairement au Québec, les enjeux qui les concernent font partie des compétences municipales. Autrement dit, les jeunes sentent que leur vote a un impact direct sur leur quotidien.

Danielle Pilette, professeure associée à l’UQAM et spécialiste de la gouvernance municipale, explique que le Portugal est un État unitaire, signifiant qu’on retrouve les mêmes partis politiques autant aux niveaux municipal que provincial. Le Canada, lui, est une fédération où les partis politiques municipaux ne sont pas représentés au niveau provincial. « Quand le parti au pouvoir au niveau municipal est financé par un gouvernement similaire au niveau national, il y a forcément une plus grande participation. »

Après avoir discuté avec quelques amis montréalais, j’ai constaté que le domaine d’étude peut aussi avoir un impact sur l’intérêt porté aux élections municipales. Par exemple, j’ai discuté avec une étudiante en science politique qui affirme qu’elle ira voter, car elle se sent très concernée par la crise de l’itinérance et du logement. Par contre, même si ses enjeux sucitent l’intérêt de plusieurs jeune, une partie de la gestion de ses compétences relève du domaine provincial. Selon Danielle, plusieurs jeunes adultes sont conscients de ce fait et ont donc moins tendance à aller voter aux élections municipale

À Porto, c’est tout le contraire; tout le monde me parle avec grand intérêt des élections. Pour le professeur de science politique à l’Universidade Fernando Pessoa de Porto, João Casqueira, cet intérêt est aussi dû au fait que les élections municipales sont les seules qui se rapprochent de la vie courante. « Il n’y a pas d’élections régionales comme en France Donc, voter aux municipales, c’est la seule façon de se sentir vraiment représenté. »

Qu’il s’agisse des élections québécoises ou portugaises, toutes deux se tiendront ce dimanche, date à laquelle vous serez probablement en train de travailler… Comme les étudiants portugais, d’ailleurs.

C’est pour cette raison que le gouvernement portugais a mis en place des bureaux de vote par anticipation réservés aux étudiants.

Montréal compte aussi tenter l’expérience avec un projet pilote qui offrira la possibilité aux étudiants de certains cégeps et universités de voter directement sur leur campus, du 24 au 29 octobre. Si cette solution n’est toutefois pas envisageable pour vous, sachez que votre employeur est dans l’obligation de vous laisser 4 heures consécutives pour aller voter sans diminution de salaire.

J’espère que les Portugais vous ont inspiré à aller voter, parce que travail ou pas, aucune raison ne justifie le fait de ne pas aller voter.

Les dates importantes à retenir pour les élections municipales québécoises :

• 24, 27, 28 et 29 octobre : bureaux de vote étudiant sur les campus universitaires et dans les grands cégeps (horaire variable selon ces lieux) et vote dans les bureaux du président d’élection
• 26 octobre : vote par anticipation de midi à 20 h.
• 2 novembre 2025 : journée officielle du scrutin, de 10 h à 20 h