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Et si le meilleur jeu, c’était pas de jeu?
Mélissa Audy, professeure d’éducation physique, a accepté de coacher les familles à jouer à l’extérieur.

URBANIA et Vifa Magazine s’unissent pour que les familles jouent dehors!
Certaines qualités d’un bon parent sont méconnues, telles que savoir laisser son enfant s’ennuyer et être en mesure de l’encadrer lorsqu’il se pète la margoulette!
Ces deux compétences parentales – mine de rien essentielles, comme vous le découvrirez – se développent aisément à travers le jeu libre, un concept où l’enfant suit ses propres idées sans avoir un résultat précis en tête.
«Ça semble niaiseux, mais le premier gros conseil que je donnerais, c’est d’aller dehors en famille, tout simplement.»
En tant que parent ayant beaucoup de responsabilités, on délaisse souvent la spontanéité et l’idée de faire des activités « juste pour le fun ». Comment on s’y prend, alors? « Ça semble niaiseux, mais le premier gros conseil que je donnerais, c’est d’aller dehors en famille, tout simplement. Il faut intégrer ces sorties à notre routine quotidienne, il faut que ça devienne plaisant », affirme d’entrée de jeu Mélissa Audy, enseignante en éducation physique au primaire et au préscolaire.
En effet, selon de nombreuses études, les enfants qui jouent régulièrement à l’extérieur ont une plus grande créativité, sont plus actifs et ont moins de problèmes de déficit d’attention. Le simple fait d’être dehors procure d’innombrables bénéfices sur la santé physique et mentale.
On attend quoi pour sortir, dans ce cas? Mélissa nous livre quelques trucs pour y arriver facilement.
Plan de match : « Tassez-vous de d’là »
« Le jeu libre s’appuie sur le fait qu’il y a de nombreuses possibilités dans l’environnement qui nous entoure. Certains adultes encadrent ou dirigent souvent trop les activités, ce qui ne permet pas à l’enfant de voir toutes les possibilités », explique Mélissa.
Il faut faire confiance à leur instinct – parce que parfois, nous sommes dans le chemin de leur imagination! C’est valorisant, pour un enfant, de trouver lui-même une façon de jouer. Apprenons plutôt de lui : peut-être serions-nous plus confiants si nous étions capables, nous aussi, de voir une cape de superhéros dans une simple nappe!
Conseil de vestiaire : la sobriété permet de s’émerveiller
Nous nous compliquons souvent la vie à essayer de trouver les expériences les plus mémorables, alors qu’un enfant veut simplement que ses parents soient présents et portent des vêtements dotés de grandes poches, parce que pour eux, choisir entre toutes les roches, branches, fleurs et feuilles trouvées au sol est aussi difficile que ce l’est pour nous ne pas succomber aux cafés sucrés aux épices d’automne aussitôt qu’il y a un petit vent frais.
«Les forêts et les parcs sont des lieux gratuits, sécuritaires et propices aux jeux libres, qui offrent une foule d’options créatives!»
« Une bonne vieille sortie au parc, aussi : il n’y a rien de mieux pour le développement moteur d’un enfant! », ajoute Mélissa. « J’entends souvent les gens dire qu’ils ne savent pas où aller, mais les forêts et les parcs sont des lieux gratuits, sécuritaires et propices aux jeux libres, qui offrent une foule d’options créatives! »
En effet, au-delà des aires de jeux, l’enfant peut grimper dans les arbres, jouer dans la boue, sauter dans les flaques d’eau, dévaler des pentes à vélo, se rouler dans le gazon, marcher sur une slackline, jouer à la marelle, ramper sous un banc de parc ou tenir en équilibre sur un tronc d’arbre.
Au coup de sifflet : rester passif
Cela peut sembler contre-intuitif, mais le rôle d’un parent est aussi de prévoir du temps à l’horaire pour que son enfant s’ennuie et soit tenté d’aller jouer dehors – le tout, bien entendu, dans un endroit sécuritaire où il y a du matériel extérieur adapté à ses capacités.
« Le parent doit être un modèle. Par exemple, je ne sors pas du matériel dans mes cours en disant : “Let’s go, voyons ce qui se passe!” Je manipule moi-même les objets de différentes façons devant mes élèves. Selon moi, pour encourager le jeu et le réflexe de jouer à l’extérieur, il faut aussi le faire soi-même! », croit l’enseignante en éducation physique.
Cela ne signifie donc pas que vous ne devez pas jouer avec votre enfant. Ça reste un moment familial précieux! Cela veut tout simplement dire que vous devez lui laisser le temps et l’espace pour créer son univers de jeu, sans le diriger, en l’incitant à jouer à l’extérieur. Une fois qu’il a statué que son vélo est une fusée et que le carré de sable est la lune, rien ne vous empêche de vous joindre à la mission!
Test ultime : arrêter de dire « Fais attention! »
Cette phrase, à première vue inoffensive, affecte pourtant l’estime d’un enfant, peut lui causer de l’anxiété et le faire douter de ses capacités. Évidemment que notre baromètre de confiance n’est pas à son plus haut lorsque notre enfant « se sauve du sol de lave » en se hissant au plus haut sommet d’un arbre. Dans ces moments-là, dites-vous qu’il fera certainement des choix encore plus téméraires dans quelques années et savourez la quiétude qui accompagne le fait que votre plus gros problème est une possible grosse ecchymose multicolore et non un possible tatouage dans le visage.
«L’objectif du jeu libre est de laisser l’enfant découvrir son milieu et l’explorer sans contrainte»
Un enfant doit apprendre à évaluer les risques et à s’écouter. Cela lui permet de découvrir ses ressources internes, d’acquérir de nouvelles compétences et de développer sa confiance en lui et son autonomie.
« De toute façon, les enfants se mettent rarement en danger », rassure Mélissa. « Cela dit, je crois qu’il est important de respecter nos limites comme parents. L’objectif du jeu libre est de laisser l’enfant découvrir son milieu et l’explorer sans contrainte. Si, comme adultes, nous sommes plus craintifs face aux situations risquées, rien ne nous empêche de confronter notre enfant à un milieu qui nous sécurise davantage. Si nous ne respectons pas nos limites, nous allons intervenir, empêcher notre enfant de faire quelque chose et lui répéter de faire attention. Au final, ce sera plus nocif que bénéfique! », ajoute-t-elle avec bienveillance.
Quelques solutions de remplacement à « Fais attention! »
– Prends ton temps!
– Bien joué! Quelle est la prochaine étape, maintenant?
– Je te fais confiance.
– Crois-tu que cette branche est assez solide?
– Je suis là si tu as besoin d’aide.
– Comment te sens-tu?
Ça prend du temps, redevenir jeune
Parce qu’on n’est pas tous et toutes experts en activité physique comme Mélissa (et qu’on n’a surtout pas nécessairement l’imagination de nos enfants), voici les meilleurs trucs de notre experte de l’éducation physique pour optimiser les activités extérieures.
Les incontournables pour favoriser le jeu libre actif extérieur
– Un ballon
– Des balles de toutes les grosseurs et textures
– Une corde à sauter
– Un cerceau
– Un vélo ou une planche à roulettes
– Les bancs dans les parcs
– Les arbres
– Etc!
Comment jouer dehors, selon l’âge de l’enfant?
– « De 5 à 7 ans, c’est une phase de découverte des Il faut privilégier des manipulations de base, de façon individuelle. Par exemple, s’exercer à donner des coups de pied sur un ballon de soccer. »
– « De 8 à 12 ans, il y a de plus en plus de capacités de coopération et d’interaction. Les enfants vont commencer à jouer en groupes et en équipes. »
– « Puis, à 12 ans et plus, la notion d’opposition s’acquiert. Les enfants vont donc pouvoir jouer les uns contre les autres. »
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