Est-ce qu’on va un jour arrêter d’être dans la performance ?

C’est en écoutant le podcast L’hyperperformance : à quel prix ? que je me suis posé la question « pourquoi, donc, je fais ça ? », en pensant à mon plan d’entrainement.

Quand la performance devient un objectif en soi, on finit parfois par perdre de vue le vrai « pourquoi » du mouvement.

Entre deux segments Strava et une chasse aux médailles, je trouve facile de négliger que le sport, à la base, est censé être quelque chose qu’on fait par plaisir. Et en étant trop rigide avec notre plan d’entraînement, on risque de perdre cette notion. À force de traquer nos kilomètres aux mètres près, on finit par oublier pourquoi on a commencé à bouger.

Récemment, c’est en développant une blessure et que j’ai été forcée de couper dans mon volume et mon intensité, qu’au lieu de me sentir « coupable » ou de voir ce que je « perdais », j’ai plutôt redécouvert le plaisir de jogger mollo, sans objectif précis. Puis c’est pendant un gros rush au niveau professionnel que mon plan d’entraînement s’est retrouvé au bas de ma to-do list. Mon monde ne s’est pas écroulé, je suis simplement retournée à ma routine une fois que la tempête est passée, avec une forte envie de le faire, parce que je n’avais pas le sentiment de devoir « rattraper » quoi que ce soit.

L’optimisation à tout prix

Sur Strava comme sur les autres réseaux sociaux, on ne voit qu’une partie de la vie des utilisateurs. Notre cerveau complète le reste du portrait : on s’imagine leurs entraînements parfaits, leurs records, les encouragements, etc. Sans s’en rendre compte, on se compare.

Toutefois, le contenu qu’on consomme est méticuleusement sélectionné par notre algorithme. Ce n’est donc pas vrai que tout le monde court des marathons ou qu’il faudrait normaliser cette distance. Au contraire, c’est moins de 1 % de la population qui parvient à courir un marathon en entier.

Cette logique (et même cette culture) de performance ne s’arrête pas au sport. On a souvent tendance à vouloir porter plusieurs chapeaux : étudiant, professeur, ami, cuisinier, guitariste, la liste continue à l’infini. Et parfois, on se met la pression de « performer » dans chacun d’eux.

Bouger, c’est une activité, pas une étiquette. On peut être coureur ET cousin, étudiant, professeur, ami, cuisinier, guitariste… Bref, il est possible de se définir à travers une foule de choses sans nécessairement exceller dans chaque domaine.

Au bout du compte, on a tous la même banque de 24 heures dans une journée. Chaque activité répond à un besoin différent : bouger pour canaliser notre énergie, cuisiner pour se nourrir (ou parce qu’on aime concocter des repas pour nos proches), travailler pour payer le loyer. On ne peut pas tout pousser au maximum en même temps, et c’est ben correct.

Et si, à force de vouloir toujours faire mieux, on finissait par s’épuiser plutôt que de s’épanouir ?

Tous, on devrait se demander ce que nous apporte réellement le contenu qu’on consomme sur les réseaux sociaux. Pourquoi ne pas supprimer les personnes sur Strava qui ne vous font pas bien feeler, qui vous font ressentir de la pression ou qui ne vous inspirent pas?

Ou pourquoi ne pas supprimer Strava, tout simplement?

Pourquoi ne pas revenir à l’essentiel en se demandant ce qu’on recherche quand on fait des activités sportives ? Pourquoi ne pas tenter différentes façons de bouger en maintenant le focus sur le plaisir que ça nous apporte ? Pourquoi ne pas « oublier » sa montre à la maison un peu plus souvent ?

Parce que le bonheur, c’est ça qui nourrit la vraie performance, et ce, dans toutes les sphères de la vie.

En manque d’inspiration? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube et suivez-nous sur Instagram et TikTok pour ne manquer aucun guide et recommandation d’activités.

Tous les mois, Dehors vous envoie une infolettre avec des idées d’activités et des secrets bien gardés de l’équipe éditoriale. Abonnez-vous ici pour rester dans la loop.