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C’est vendredi fin d’après-midi et pendant que tout le monde quitte le travail un peu d’avance pour se diriger au 5 à 7 ou à la maison, vous êtes la seule personne à rester au bureau pour terminer vos tâches de la semaine.
Devoir rester au travail plus longtemps que prévu, ça arrive. Les grosses semaines, les périodes de rush, tout ça c’est compréhensible. Par contre, si vous restez systématiquement au bureau après les heures de job, c’est le temps de se demander pourquoi.
La réponse: on abuse de votre gentillesse. Et c’est le temps d’y remédier.
La perle rare
Cette situation n’est pas nécessairement volontaire. Vous êtes probablement juste victime de votre succès.
N’importe quel patron.ne vous le dira: c’est difficile de trouver des gens talentueux, efficaces, autonomes, et surtout, fiables. Je me souviens qu’à l’époque où j’ai commencé à travailler pour URBANIA en tant que pigiste, quelqu’un m’avait dit «Hugo, on aime travailler avec toi… parce que tu remets tes articles à temps».
J’ai compris que ce «strict minimum» était rarement respecté.
À ce moment, ça m’avait semblé exagéré. Il me semble que de rendre son texte à temps est la moindre des choses et que cette «compétence» que j’ai répond simplement au strict minimum. Quelques mois plus tard, alors que je me suis moi-même retrouvé à la tête d’un des magazines d’URBANIA, j’ai compris que ce «strict minimum» n’était pas la norme.
En tant que boss, quand on trouve ces gens fiables, on s’y accroche et on n’hésite pas à les solliciter lorsque la tâche est importante. Si votre liste de tâches grossit à vue d’œil, il y a de bonnes chances que vous soyez cette personne dans votre équipe.
Et comme vous avez à cœur que le travail soit bien fait, alors on se tourne vers vous lorsqu’on a besoin d’aide. Bien sûr, puisque vous êtes une gentille personne, vous acceptez d’aider.
Hop! Vous voilà maintenant pris.e dans l’engrenage.
Le couteau à double tranchant
Qu’est-ce qu’il y a de mal à être gentil? C’est vrai qu’en principe, c’est positif. Même que vous avez surement l’impression que ça vous méritera une promotion à l’avenir. Tout ça est possible, mais en attendant vous oubliez tous les côtés négatifs à être le dindon de la farce.
Ce collègue que vous avez voulu aider s’en tire bien, puisqu’il allège sa charge de travail grâce à vous et s’attire les éloges de vos supérieurs.
Chaque fois que vous prenez sur vos épaules la tâche de quelqu’un d’autre, vous libérez du temps dans son agenda et vous remplissez le vôtre. Plus de tâches veut aussi dire plus d’opportunités de ne pas avoir le temps de bien les accomplir. Si votre liste s’allonge, c’est plus facile d’en échapper une. Là est le danger d’être généreux et d’avoir l’appétit plus gros que la panse. On peut y perdre au change. Et on remarquera beaucoup plus vos erreurs que vos succès.
Pendant ce temps, ce collègue que vous avez voulu aider s’en tire bien, puisqu’il allège sa charge de travail grâce à vous et s’attire les éloges de vos supérieurs.
Finalement, cette tendance à la gentillesse vient avec la gestion d’un équilibre qui joue parfois contre vous. Et votre santé mentale mange un coup par la bande dû à votre horaire chargé. Sans compter toutes ces heures de travail supplémentaires qui vont s’ajouter, ainsi que ces pauses dîner que vous passez devant votre écran.
La générosité a un prix, et c’est souvent vous qui payez la note.
Comment briser le cercle?
Alors la question maintenant: est-ce qu’on doit arrêter d’être gentil?
Je répondrai à ça: bien sûr que non.
Personne ne veut vivre dans une société où tout le monde est indifférent face aux autres. On aspire à évoluer dans une société qui promeut l’entraide. Le but maintenant est que cette gentillesse bénéficie autant à vous qu’aux autres.
On ne peut éteindre tous les feux, sinon c’est nous qui finissons brûlés.
Pour se faire, il faut commencer à savoir dire non. Trop souvent, on a cette impression que refuser d’aider une personne fait de nous quelqu’un de méchant. Sauf que la générosité à ses limites, et on ne peut éteindre tous les feux, sinon c’est nous qui finissons brûlés. Apprenez à mettre vos limites, et vous réaliserez que la Terre continue de tourner, qu’on vous apprécie autant. Encore mieux: on vous respectera pour votre transparence.
Ensuite, n’hésitez pas à demander de l’aide vous aussi. Si tout le monde le fait, pourquoi pas vous? Pratiquez-vous à déléguer et à inclure les autres personnes de votre équipe dans vos tâches. C’est la base même de la coopération, puis il y a une raison à ça: ça marche.
Questionnez-vous sur le rôle que vous voulez avoir dans votre équipe: «Au fond, ça me dérange-tu d’être celui ou celle qui met les bouchées doubles?». La réalité est que pour chaque personne accommodante, on en retrouve deux qui en profitent. À vous de savoir dans quel rôle vous êtes le plus confortable et de vous y faire. Il y a rien de mal à être la personne qui en donne trop si vous êtes incapables d’être à l’aise dans le rôle de celui qui pile sur les autres.
Tel est le fardeau d’avoir une conscience. Tel est le fardeau des gentils.