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Est-ce qu’on économise tant que ça en confinement?

Moins de sorties vs plus d'achat en ligne.

Par
Edouard Ampuy
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Avec le confinement pas mal de choses ont changé (littéralement) du jour au lendemain, envoyant un grand coup de pied dans la fourmilière de nos habitudes.

On ne se déplace plus ou pas comme avant, on ne s’amuse plus comme avant, on mange tous les jours à la maison, les apéros Zoom ont remplacé les sorties du samedi soir et le streaming a définitivement pris la place du cinéma.

Sur papier, la situation semble parfaite pour économiser de l’argent. Confinés entre quatre murs, c’est évident qu’on ne va pas continuer à puiser l’argent qu’on n’a pas sur notre carte de crédit, n’est-ce pas ? Il y a un peu de vrai et un peu de faux dans cette dernière phrase.

Sans compter que plusieurs personnes ont connu une baisse substantielle de leurs revenus.

Enfermés avec nous-mêmes on peut s’égarer dans les dépenses de consolation, qui nous forcent à subir le regard moralisateur du livreur Amazon présent pour la troisième fois de la semaine sur notre palier.

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Avec les mesures d’hygiène en place on oublie forcément les restaurants, bars, et autres activités culturelles qui bouffent beaucoup d’argent. Mais comme nous sommes des êtres complexes, quand les temps sont difficiles, on peut développer une certaine tendance à vouloir se réconforter avec des achats supplémentaires. On peut penser au kit du parfait boulanger, ou à la Nintendo Switch qui nous permet de jouer à Animal Crossing puisque tout le monde à l’air de trouver ça si le fun. Bref, enfermés avec nous-mêmes on peut s’égarer dans les dépenses de consolation, qui nous forcent à subir le regard moralisateur du livreur Amazon présent pour la troisième fois de la semaine sur notre palier.

On est allé faire le point en posant la question autour de nous pour déterminer si pendant le confinement on économise vraiment ou si c’est une illusion.

Transports et certains loisirs

Les transports en commun n’ont plus trop la côte et les dépenses de métro et d’autobus tournent autour de zéro pour beaucoup de monde. Pour certaines personnes, comme Camille Vigneault qui travaillait sur la rive sud de Montréal avant la pandémie, il s’agit d’une économie de plus de 130$ par mois.

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Puis il y a la voiture qu’on utilise beaucoup moins, et il n’y a pas que pour l’environnement que c’est bon, le portefeuille aussi apprécie ça. «Avant, je payais 200$ d’essence par mois, mais oublie ça, là je n’ai pas fait le plein depuis le confinement», précise Audrey, une enseignante en télétravail. L’Association des distributeurs d’énergie du Québec (ADEQ) a d’ailleurs constaté une baisse de consommation de 40 à 50% des produits et services de son industrie depuis le début de l’isolement volontaire.

Et nos habitudes de sorties ont forcément pris un coup, et un sacré coup. Dans un certain jargon, on appelle ça une patate de forain. Quand on est vissé sur le canapé de la maison devant un épisode de The Office, la seconde bière est quand même bien moins le fun à ouvrir, surtout quand votre ami n’est pas là pour vous encourager. Fait surprenant d’ailleurs, la grande majorité des Québécois disent ne pas avoir augmenté leur consommation d’alcool, selon un sondage.

«Avant, je sortais tous les week-ends, je faisais plein d’activités en ville ou des randonnées, du ski, bref des activités coûteuses.»

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Pour Audrey, la réduction du budget loisir fait une différence de presque 200$. «Avant, je sortais tous les week-ends, je faisais plein d’activités en ville ou des randonnées, du ski, bref des activités coûteuses. Récemment, j’ai reçu un remboursement de 210$ pour quelques pièces de théâtre qui ont été annulés».

Le constat est le même pour les voyages à l’étranger. Les rêves de tour du monde en 2020 semblent sérieusement compromis. Mais pour y voir du positif, la somme qui n’est pas dépensée est économisée, comme l’explique Camille Vigneault: «Normalement, on part en voyage une à deux fois par année. L’argent qu’on avait mis de côté pour le prochain voyage est là, et il pourra servir pour autre chose.»

Oui pour d’autres petites habitudes

Mais il y a plus, pour toute la partie esthétique par exemple comme le rendez-vous chez le coiffeur ou l’esthéticienne. Audrey calcule économiser 75$ par mois au minimum.

Pour Julie Saintonge, qui est étudiante, le confinement lui permet d’éviter les dépenses impulsives et d’économiser sur les cafés, sandwichs ou pâtisseries qui accompagnent normalement les heures d’études dans un café avec ses amis.

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Et pour les familles, les frais de garderie sont une importante dépense en moins. «Normalement ça représente 1000$ par mois, ça s’est éliminé vu qu’on a l’enfant chez nous», confie Camille. Une économie utile pour le portefeuille, ça c’est sûr, mais dont les répercussions sur la bonne santé mentale des parents confinés avec leurs enfants pendant la crise seront encore à déterminer une fois sortis du confinement.

Camille, qui est physiothérapeute en milieu sportif, précise néanmoins que si le confinement a réduit ses dépenses elle ne fait pas pour autant d’économie. «Pas parce qu’on a dépensé plus, mais parce qu’on gagne moins. Là, je suis en congé payé et je gagne le tiers de ce que je gagnais avant».

Mais attention à certaines dépenses

Tous les jours à la maison à raison de trois repas par jour = une facture à l’épicerie plus salée. Évidemment, si on ne sort plus, c’est que l’on consomme une partie à la maison.

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Sur sa facture d’épicerie, Audrey a observé une augmentation hebdomadaire qui va de 25$ à 50$. «Mais on économise, car on ne va plus au restaurant, on se fait des lunchs le midi qui, au lieu de coûter 10$, vont juste coûter 2$.»

Puis l’enseignante voit le côté positif. Avec le confinement elle a réduit son gaspillage alimentaire et attend que les placards soient vides pour retourner faire des courses.

«Je sauve sur l’essence et les restaurants, mais je n’arrête pas de commander des trucs en lignes de produits québécois. Donc, je ne pense pas économiser.»

Mais ces bonnes pratiques d’économie ne sont pas les mêmes pour tout le monde, et les achats de consolation pour s’autosoutenir mentalement pendant cette période incertaine sont multiples. En posant la question sur Facebook: «est-ce que vous économisez pendant le confinement?», les réponses étaient mitigées. «Je sauve sur l’essence et les restaurants, mais je n’arrête pas de commander des trucs en lignes de produits québécois. Donc, je ne pense pas économiser», indique une étudiante de l’Université de Montréal.

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«Absolument pas», a carrément écrit Rémy. Il a simplement réorienté ses dépenses en fonction de ce qui est accessible en confinement. «Le McDo à 4h du matin après une soirée de travail a tout simplement changé d’horaire. D’une part, je dépense sur les mêmes choses. D’autre part, je sens que, pour m’occuper, j’achète des trucs que j’aurais pas achetés normalement.»

Alcool pour les soirées entre amis sur Zoom, un set Lego, plusieurs jeux vidéo, beaucoup plus d’Uber Eats. En tout, Rémy estime les dépenses additionnelles à 200$. «Je suis bien plus ouvert à dépenser dans le but de me rendre confortable chez nous. Je me dis que vu que je ne sors plus en fin de semaine, j’ai le droit.»

Et la facture d’électricité dans tout ça?

En restant chez nous, la réflexion logique serait que notre consommation augmente. On oublie d’éteindre les lumières, on chauffe toutes les pièces de l’appartement même celle où on ne reste pas. Bref, on aurait tendance à penser que la facture d’électricité sera plus élevée.

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Mais réjouissez-vous, la COVID-19 a un impact très faible sur notre consommation. Du 13 mars au 20 avril, les modifications d’habitudes de vie causées par le coronavirus ont augmenté la consommation résidentielle de 0,8% seulement. «Nos clients ne devraient donc pas remarquer d’impact sur leur facture lié à ce facteur. Bien sûr, un client qui changerait ses comportements drastiquement pourrait noter une différence, mais cela ne serait pas lié au confinement», déclare Maxence Huard-Lefebvre des affaires publiques et médias d’Hydro-Québec.

«Le mois de mars a été particulièrement chaud. Il ne serait donc pas étonnant que certains clients remarquent une diminution de leur facture malgré le fait qu’ils étaient confinés à la maison.»

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Il faut garder en tête que le chauffage et l’eau chaude sont les principales sources de consommation, pouvant représenter jusqu’à 70% de notre facture Hydro. Comme le confinement a commencé avec le printemps ces sources de consommation ne sont que peu affectées par notre constante présence à la maison. «Le mois de mars a été particulièrement chaud. Il ne serait donc pas étonnant que certains clients remarquent une diminution de leur facture malgré le fait qu’ils étaient confinés à la maison», indique même Maxence Huard-Lefebvre.

Même nos ordinateurs branchés à longueur de journée n’auront pas un impact majeur, car ils consomment peu d’énergie. Mais bon, pour travailler la conscience environnementale, faites tout de même attention à débrancher les appareils quand ils ne sont pas en utilisation.

L’économie au temps du confinement semble donc varier en fonction de la façon dont on appréhende cette situation. Il y a moyen de réaliser de grosses économies. Avec un rapide calcul, Audrey a déterminé qu’elle était proche des 700$ d’économies depuis le début du confinement.

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Mais ça prend une réorganisation des priorités, et une certaine résistance au chant des sirènes de l’achat en ligne.

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