Avertissement : cet article s’intéresse surtout à la dynamique des couples hétérosexuels, bien qu’elle puisse aussi être présente dans les ménages issus de la diversité. Certaines généralisations liées au genre sont aussi mises de l’avant en lien avec les rôles parentaux.
Êtes-vous un père de famille? Si oui, il vous est fort probablement déjà arrivé d’effectuer des prises de lutte à vos petits ou de regarder, sans intervenir, votre enfant de 4 ans grimper dans un module pour grands en serrant les dents parce que les chances qu’il se pète la gueule étaient bien présentes.
Depuis que je fréquente les parcs et autres endroits propices à manger une tasse de sable en tombant, j’ai remarqué que le rôle du parent « fun/jeu risqué » revenait surtout au père. La mère, de son côté, campe davantage la fonction du parent « réconfort », qui veille à la sécurité et au bien-être de sa progéniture.
Mais ces observations sont-elles justes ou simplement anecdotiques? Et quelle est l’importance du risque dans le développement d’un enfant? J’ai fouillé sur le web et discuté avec Lory Zephyr, Ph.D., psychologue spécialisée en santé mentale maternelle, périnatalité, l’attachement parent-enfant et l’attachement dans les couples, pour que ces questions cessent d’être parmi les 494 qui me passent par la tête quand je fais de l’insomnie.
La prise de risques, une nécessité pour le développement d’un enfant
Même si la prise de risques de notre progéniture peut nous donner 2, 3 frissons, le temps d’un saut du haut d’une grosse roche, selon les spécialistes en santé, elle est essentielle.
« C’est nécessaire pour le développement de l’enfant, entre autres parce que ça lui permet de voir où sont ses limites. S’il est toujours surprotégé, c’est plus difficile pour lui de savoir s’il est allé trop loin, trop haut, s’il a sauté de façon dangereuse », comme l’explique Dre Lory Zephyr.
Une étude de la docteure Mariana Brussoni, psychologue et professeure en pédiatrie et en santé publique à l’Université de la Colombie-Britannique, avance par ailleurs que le jeu à l’extérieur permet un meilleur développement cognitif chez les enfants. À ce sujet, la Dre Zephyr ajoute que cette prise de risques permet aux tout-petits de mieux réguler leurs émotions puisqu’ils apprennent à apprivoiser la peur qui peut les envahir quand ils font face à un nouveau défi, comme la descente du fameux poteau de pompier au parc, par exemple.
Évidemment, tout ça sous-entend que les parents se doivent de faire preuve de jugement et ne placent pas leurs enfants dans une situation dangereuse. Il n’est donc pas question de laisser une petite fille de 5 ans s’aventurer seule dans une centrale nucléaire désaffectée.
Le parent « fun » et le parent « réconfort »
Et qu’en est-il de la dynamique souvent hétéronormative qui peut s’installer dans les couples voulant qu’un des deux parents ait davantage un rôle lié au jeu, alors que l’autre s’occupe plutôt du bien-être des enfants?
La docteure Zephyr a elle aussi constaté que la mère est souvent celle qui réconforte les petits, alors que le père les pousse à essayer de nouvelles expériences et à prendre des risques sous son œil bienveillant. Elle mentionne que la différence peut causer des frictions entre les partenaires puisque bien que ces deux visions soient complémentaires, elles sont aussi en opposition.
« Le but n’est pas d’amener un parent à être comme l’autre, mais de se dire que dans chaque famille, il y aura les besoins de prise de risques et de réconfort qui seront comblés, ce qui est bénéfique pour l’enfant de façon générale », précise-t-elle.
« Comme le yin et le yang », dirait probablement ma tante un peu ésotérique.
La tolérance au risque, un autre sujet de possible discorde
Bon, ça y est! Vous vous êtes mis d’accord pour que vos enfants adoptent le jeu risqué. Bravo!
Maintenant, il se peut très bien qu’il y ait un certain écart dans le niveau de tolérance au risque que chaque parent est prêt à accepter. Selon la docteure Zephyr, dans une telle situation, la communication et l’ouverture, ces deux bons vieux outils, sont toujours de mise. La psychologue suggère aux têtes de la famille de se rappeler qu’elles veulent le bien-être de leurs enfants et que leurs efforts sont dirigés en ce sens, même lorsqu’elles ne sont pas sur la même longueur d’ondes, ce qui est parfaitement normal.
La communication permet aussi de mieux comprendre la perspective de son partenaire et d’éviter de lui apposer des étiquettes comme « mère poule ».
Pas exactement le genre de surnom affectueux qu’on entend dans une comédie romantique, disons.
Des pères mal à l’aise avec la prise de risques
Si le rôle du parent « le fun » ou adepte du jeu risqué est la plupart du temps octroyée aux pères, cela ne veut pas dire que tous y trouvent leur compte. Il est parfaitement possible que des hommes vivent davantage d’anxiété et que des femmes soient plus en paix face à des situations à risques. Rien n’est coulé dans le béton. Selon la Dre Zéphyr, c’est d’abord et avant tout une question de personnalité.
« Si un père a plus tendance à jouer, à se bagarrer, peut-être qu’il sait plus jusqu’où il peut aller dans le jeu avec son enfant tandis que la mère est peut-être moins habituée à ça, mais ça ne veut pas dire que papa ne sera pas plus stressé que maman dans certaines situations », ajoute-t-elle.
Encore une fois, ça dépend de la situation de tout un chacun et d’un million d’autres facteurs. L’important, c’est que chaque cocon familial y trouve son compte et que les enfants puissent s’épanouir pleinement.
Même s’ils mangent 2, 3 tasses de sable au passage.
Bonne fête des Pères à tous les papas! Sur ce, je retourne faire des descentes du coude à mon petit de 3 ans et demi.