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Est-ce que les milléniaux pensent à leur avenir?
Est-ce que vous pensez parfois à votre avenir, votre retraite, à la mort même? Avez-vous des REER, un CELI, une propriété? À l’heure où la perspective d’un généreux fonds de pension pour financer ses vieux jours semble aussi improbable qu’un mode de vie non épicurien pour Christian Bégin, j’ai sondé plusieurs jeunes sur le sujet dans les couloirs de l’UQAM.
La retraite existera-t-elle encore dans 30 ou 40 ans? Est-ce que j’aurai un emploi stable un jour? Va-t-on tous mourir à cause de la crise climatique? Ce sont des réflexions auxquelles je m’attendais en discutant avec de jeunes gens dans le bourgeon de l’âge.
Mais avant de m’y aventurer, j’ai cherché un son de cloche professionnel sur ces enjeux.
Regarder vers l’avenir, le défi
J’en ai donc parlé avec Christiane Van Bolhuis, planificatrice financière, conseillère en sécurité financière et représentante en épargne collective à la Financière Sun Life (ouf!).
« Les assurances, les investissements, la retraite, ce ne sont pas des sujets bien sexy pour les jeunes. »
Âgée de 35 ans, Mme Van Bolhuis comprend parfaitement la réalité financière d’aujourd’hui. « Les assurances, les investissements, la retraite, ce ne sont pas des sujets bien sexy pour les jeunes », constate-t-elle d’emblée, ajoutant que la définition même de la retraite a bien changé.
« Avant, on visait une retraite à 55 ans. Maintenant, on recherche une liberté financière à toutes les étapes d’une carrière et pas juste à la fin », explique Christiane Van Bolhuis, citant une de ses clientes qui lui a dit vouloir « une photo d’elle devant le Taj Mahal pour ses 40 ans ».
Très intéressant.
Plutôt que d’attendre l’automne de sa vie pour s’offrir une vie de snowbird ou une carte de membre dans un club de golf, les jeunes souhaitent disséminer leur retraite tout au long de leur parcours professionnel.
Pas juste intéressant en fait, brillant même.
On est ainsi encore jeunes, en bonne forme physique, et parcourir le monde à 30 ans m’apparaît plus séduisant qu’à 70 ans dans un autobus climatisé.
« On est loin de la philosophie poussiéreuse qui vise à pelleter de l’argent pour la retraite », renchérit Christiane Van Bolhuis, précisant que la clé pour profiter d’une liberté financière à toutes les étapes de sa vie, c’est d’avoir un bon plan de match.
Et si chaque individu est unique, chaque plan l’est aussi, en fonction des objectifs, note la planificatrice. « Les fonds de pension (régimes à prestation déterminée) sont tranquillement en voie de disparition. C’est trop coûteux pour l’employeur et les gens vivent de plus en plus longtemps. Les REER, CELI, proposent des alternatives », explique-t-elle, ajoutant qu’un plan financier empêche un saut dans le vide et peut se modifier en cours de route.
« On est loin de la philosophie poussiéreuse qui vise à pelleter de l’argent pour la retraite. »
Même si je suis né à la fin des années 70 (ouark!), la retraite, la vraie, demeure pour moi une chose abstraite. Et je me retrouve parfaitement dans cette idée de m’offrir plusieurs petites retraites durant ma carrière.
Mais une chose est sûre, je ne suis pas en train de prévoir mes vieux jours, qui arrivent pourtant plus vite que les vôtres.
La parole aux jeunes
Dans les couloirs de l’UQAM, j’ai rencontré plein de gens tout aussi désinvoltes (à leur défense, eux ils ont 20 ans), mais aussi des gens déjà super organisés (ce qui m’a d’ailleurs beaucoup impressionné et terrifié).
Âgée de 18 ans seulement, Emmanuelle, une étudiante en droit et relations internationales, se donne jusqu’à trente ans pour settle down et penser à sa retraite. « Je n’ai pas de job encore, je n’ai pas encore cette conscience-là et personne n’en discute autour de moi », explique l’étudiante, qui s’attend toutefois à changer souvent d’emploi durant sa carrière.
Fun fact : mon père a pris sa retraite à 49 ans, après trente ans de bons et loyaux services à servir et protéger la veuve et l’orphelin montréalais.
C’est jeune, trop même. Dans moins de dix ans, il aura passé autant de temps à la retraite que sur le marché du travail.
Pour la quasi-totalité des jeunes interrogés, travailler 30 ans pour le même employeur relève désormais de l’anachronisme.
Pire, Éloïse ne sait même pas si elle sera vivante dans 30 ans, « à cause de la crise climatique ». « Sinon je risque de travailler longtemps et sans doute comme contractuelle », souligne l’étudiante à la maîtrise en littérature.
« C’est du chinois pour moi les CELI, les REER, etc., mais on vient d’acheter et parler de l’avenir financier est quelque chose que j’ai en tête depuis des années. »
Drôle de hasard, Christine et son chum ont justement rencontré un planificateur financier la veille de notre rencontre. « C’est du chinois pour moi les CELI, les REER, etc., mais on vient d’acheter et parler de l’avenir financier est quelque chose que j’ai en tête depuis des années », raconte l’étudiante en création littéraire de 35 ans, qui travaille parallèlement à plein temps.
Son chum, plus âgé, connaît pour sa part l’âge de sa retraite et se montre plus cartésien sur le sujet. Christine, elle, a du mal à se projeter. « C’est très flou et à un moment donné, on se complaît un peu dans l’ignorance. Je pense que ça va être encore plus dur pour les plus jeunes, qui veulent des choses rapidement et n’envisagent pas à long terme », explique l’étudiante, ajoutant que pour la génération de ses parents, la planification semblait un automatisme.
Étudiante en marketing, Jasmine fait mentir les préjugés pour avoir déjà stratégiquement pensé à ses vieux jours. « Je ne crois pas aux REER, mais je crois en l’immobilier », souligne l’étudiante, qui a acheté une maison qu’elle loue sur Airbnb pendant qu’elle vit en appartement. « Les gens vivent longtemps, il faut y penser plus tôt que tard à la retraite, pas juste pour avoir un coussin, mais aussi pour prévenir les bad lucks », explique Jasmine, qui travaille en assurance… comme ses parents. « J’ai des assurances vie, je suis sûrement la seule! », lance la jeune femme en riant.
« J’ai déjà des placements, j’y pense un peu, mais je ne stresse pas avec ça. Peut-être à la fin de mes études… »
Hugo, un étudiant en kinésiologie, met déjà de l’argent de côté avec le salaire qu’il gagne en travaillant dans un gym. « J’ai déjà des placements, j’y pense un peu, mais je ne stresse pas avec ça. Peut-être à la fin de mes études… », explique-t-il.
Jessica, elle, a déjà un objectif bien concret : acheter une maison dans la vingtaine avec son copain, sur la Rive-Sud. « Mes deux parents sont comptables, alors je gère très bien mon argent à cause de ça », explique l’étudiante en ressources humaines, qui cotise déjà à son REER et son CELI. « Je n’attendrai pas la retraite pour voyager, je l’ai fait souvent en famille, mais j’attends d’avoir une maison pour rédiger mon testament », ajoute Jessica, qui espère travailler 30 ans dans son domaine d’études.
Une chose est sûre, tous les jeunes rencontrés semblent conscients que leur retraite sera leur responsabilité et ne prendra pas la forme d’un chèque de pension envoyé mensuellement.
Conscients que ça sera chacun pour soi jusqu’au bout.
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