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Est-ce que les émissions de rénovation banalisent la surconsommation?

Tout a commencé avec Décore ta vie…

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
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Sans blague, il y a quelques années, nous comptions seulement quelques émissions de rénovation faites au Québec. Aujourd’hui, je n’arrive plus à nommer tous les acteurs, personnalités publiques ou influenceurs qui ont leur propre émission de rénovation.

Et ça, c’est sans compter les locomotives comme Vendre ou rénover.

Je compte ces émissions dans mes plaisirs pas très coupables. Tout comme les émissions de cuisine, elles touchent à des préoccupations assez universelles. Elles répondent à ce besoin d’ordonner les choses autour de nous et de s’entourer de beau. Plus on écoute de tels programmes, plus on se prend à rêvasser.

Et si j’avais, moi aussi, un ilôt de 14 pieds…

Toujours plus gros

À l’époque de Décore ta vie et de Manon tu m’inspires, les transformations étaient assez abordables. Avec 1000$, on pouvait revitaliser une pièce en une seule journée. Les émissions de décoration avaient un charmant petit côté do-it-yourself et on y découvrait tout le potentiel du souvent sous-estimé fusil à colle chaude.

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Maintenant, les rénovations télévisées ont beaucoup plus d’ampleur. Elles ne se concentrent plus sur du pratico-pratique, mais misent plutôt sur l’effet « wow ». On veut changer du tout au tout : le salon, la cuisine, la salle de bain et la chambre des maîtres. De 1000$, on est passé à 50 000$, et maintenant à 100 000$ et plus.

Avant on se serrait la ceinture, maintenant on ré-hypothèque.

Il faut dire que ces rénovations s’attardent désormais à la cuisine et aux salles de bains, deux pièces qui coûtent la peau des fesses à refaire. Et ça, c’est quand ce n’est pas la maison qui est à refaire au complet.

Oui, le résultat des rénos est accrocheur. On se fait prendre, on en veut plus. Mais les impacts sur nous sont réels. Quels sont ces impacts, vous demandez-vous ? Voici :

1- On devient insatisfait de notre décor

Bien évidemment. Après un marathon de Vendre ou rénover, notre mini-salon et notre cuisine laboratoire nous semblent vraiment tristes.

2- Elles banalisent le luxe

Une salle de bain attenante, un garde-robe walk-in, un plancher chauffant, un garage… tous ces éléments ne sont pas essentiels, mais ils se glissent doucement dans notre subconscient et passent de désirs à besoins. Et on voit le résultat dans les demandes mirobolantes que font certains clients à leurs courtiers dans ces émissions.

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3- Elles sont polluantes

Ces émissions optent malheureusement beaucoup pour la démolition et la reconstruction plutôt que pour la conservation. Trop souvent, ce sont des comptoirs et des robinets encore fonctionnels qui prennent le chemin de la poubelle.

En plus d’être du gaspillage, c’est un désastre sur le plan écologique.

4- Elles enlèvent leur personnalité aux maisons

Murs blancs, décors beiges, minimalisme, open space… tout ça finit par se ressembler. Et à la longue, ça devient profondément ennuyant.

5- Elles stimulent les flips de maisons

C’est probablement la conséquence la plus néfaste. Non seulement ce type d’émissions de rénovation font croire à une hausse souvent exagérée de la valeur des maisons après les rénovations, mais cela encourage tout un marché de gens qui achètent des maisons, les strippent de leur identité, les rénovent à bas prix et les revendent à gros prix.

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Malgré toutes ces conséquences néfastes, je suis quand même accrochée à ce type d’émissions. L’important, j’imagine, c’est de se rappeler que c’est de la télé. Et la télé, bien, ce n’est pas la réalité.