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Est-ce que l’alcool québécois vit enfin son heure de gloire?

Des files d'attente aux ruptures de stock, on dirait que tout le monde veut boire local.

Par
Alexandre Perras
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Que ce soit en ligne, au coin de la rue où les gens font la file devant les épiceries spécialisées, ou encore sur les réseaux sociaux, avec les incalculables stories qui les mettent en vedette: les vins et cidres québécois font fureur.

La SAQ annonçait même au début du mois que la vente des vins québécois avait bondi de 50% depuis le début de la pandémie.

«Les produits sont annoncés et tout est vendu en moins d’une demi-heure! C’est surprenant!»

«Les producteurs et vignerons ont travaillé fort pendant très longtemps, ce qui donne des résultats spectaculaires et les gens sont plus réceptifs que jamais. En épicerie spécialisée, les produits sont annoncés et tout est vendu en moins d’une demi-heure! C’est surprenant!», raconte Cyril Kérébel, l’homme derrière l’agence de vin La QV.

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Mais qu’est-ce qui explique qu’on se garroche soudainement sur les Pervenches, Polisson, Nival et Pinard de ce monde?

L’achat local

«Je pense que les gens ont soif, ça c’est définitif», me lance d’entrée de jeu Vincent Laniel, alias Vincent Sulfite, qui travaille aux côtés de la sommelière Emily Campeau au restaurant Candide. «On se rend compte que les gens qui buvaient dans les restos et dans les bars avant la crise boivent maintenant à la maison. La demande s’est déplacée.»

Du côté du Comptoir Sainte-Cécile, une épicerie spécialisée, c’est la ruée vers les précieuses bouteilles québécoises à chaque nouvelle mise en vente sur son site web. «Il y a effectivement une effervescence autour de ces produits depuis les derniers mois et les dernières années, explique Adèle Prud’homme, la copropriétaire. Les gens s’intéressent de plus en plus à ce qui se passe chez nous».

«Le milieu lui-même est en effervescence et c’est assez excitant!»

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«Et les gens ont le goût d’encourager la culture d’ici, poursuit-elle. Ils réalisent qu’il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans le monde du vignoble québécois depuis les dernières années. Le milieu lui-même est en effervescence et c’est assez excitant!»

Et l’épicerie est loin d’être la seule à vivre cette frénésie.

«Une des épiceries avec qui je fais affaire m’a rappelé deux jours après une livraison parce qu’il ne leur restait plus rien! Dans les circonstances, les vignerons sont contents», me dit Cyril Kérébel.

La qualité du terroir

«Je pense que c’est directement en lien avec la qualité des vins et des produits en général qui a augmenté», me lance Guillaume Laliberté, sommelier au restaurant Damas, qui est aussi derrière Lieux Communs, un petit projet de vignes en partenariat avec le domaine Le Grand Saint-Charles.

«On voit de petits vignobles qui font en petite quantité, et qui sont de plus en plus qualitatifs, se démarquer depuis les dernières années. Et veut, veut pas, ça crée un changement de garde aussi, ça change le casting du vigneron québécois», ajoute-t-il.

«Ça va exploser dans les prochaines années, il y a beaucoup de jeunes qui s’installent, autant du côté des cidreries, des hydromeleries que des vignobles.»

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«On voit apparaître des projets avec une viticulture plus propre, des vinifications plus libres, un travail qui est beaucoup plus simple et beaucoup plus naturel. Tout ça mis ensemble, ça ne peut qu’augmenter la qualité du produit et attirer plus de clientèle», me dit Cyril.

«Ça va exploser dans les prochaines années, il y a beaucoup de jeunes qui s’installent, autant du côté des cidreries, des hydromeleries que des vignobles», ajoute-t-il, enthousiaste.

Vincent Laniel abonde dans le même sens.

«Je suis en train de prendre des notes de tout ce qui se fait en ce moment, tout ce qui se prépare, les gens qui sont en train de planter des vignes, les gens qui sont en train de changer la façon de faire leur vin. Des produits à échelle humaine et qualitatifs!», dit-il.

«En tant que sommelier, tu veux avoir les grands vins de ce monde, mais il est tout aussi important sinon plus de mettre de l’avant ce qui nous distingue, ce qui nous rend uniques.»

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Et force est de constater qu’on fait du maudit bon alcool au Québec! Les grandes tables de la province s’assurent elles aussi d’avoir des bouteilles d’ici, quitte à réserver des produits avant même l’embouteillage des cuvées. C’est le cas chez Candide où, depuis plusieurs mois, l’équipe travaille à construire une carte offrant une dizaine de produits différents.

Vin québécois, @vincentsulfite
Vin québécois, @vincentsulfite

«En tant que sommelier, tu veux avoir les grands vins de ce monde, mais il est tout aussi important sinon plus de mettre de l’avant ce qui nous distingue, ce qui nous rend uniques. On a un grand territoire puis c’est ce qui va nous permettre de nous distinguer», ajoute Guillaume Laliberté.

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Un intérêt grandissant

«Aujourd’hui, il y a un genre de plafond de verre qui s’est aboli. Dans la tête des gens, il est tout aussi plaisant de boire des vins québécois que les vins d’ailleurs», me dit le sommelier.

«On voit les gens faire la file au Comptoir Sainte-Cécile. On voit les bouteilles partout sur nos réseaux sociaux.»

«Et le tout est plus concret que jamais, poursuit-il. Avant, le hype et la frénésie de ces releases-là se passaient par courriel, par téléphone, en arrière-plan. Maintenant, on s’en rend compte, c’est directement dans notre face. On voit les gens faire la file au Comptoir Sainte-Cécile. On voit les bouteilles partout sur nos réseaux sociaux.»

Adèle Prud’homme est aux premières loges pour constater le phénomène. «Les gens prennent maintenant le temps d’essayer. Ils remplissent souvent des caisses et essayent autre chose que les cuvées connues. Et si cela fait en sorte qu’ils découvrent des produits qu’ils aiment, c’est sûr que ça va rester!»

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La vinfluence

«Jumelés à tout ça, les réseaux sociaux ont un impact et prennent un sens encore plus fort en ce moment. Ça permet aux gens de découvrir, apprendre, comprendre et réaliser qu’il y a un terroir qui est en train de se développer autour de chez eux finalement», ajoute Adèle.

Justement, ça va bientôt faire deux ans que Vincent Laniel envoie chaque semaine son infolettre Qu’est-ce qu’on boit?, source de découverte des nouveaux arrivages, dont ceux québécois, pour plusieurs néophytes. «C’est sûr que le mouvement de “vinfluenceurs” permet d’ouvrir les yeux et présenter ces vins-là au grand jour, mais il reste très important pour moi de garder une approche journalistique et une certaine rigueur dans tout ça. Faire une recherche de fond, revérifier mes sources, etc.», nuance-t-il.

Alors tant mieux si la pandémie vous a permis de découvrir les produits du terroir québécois. Les experts le disent, les alcools québécois se peaufinent, se diversifient et n’ont rien à envier au reste de la planète.

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Et tant mieux si l’appel du gouvernement à consommer localement a permis aux vins et cidres de la province de se retrouver dans votre frigo de confinement.

Souhaitons maintenant que cette tendance soit là pour rester. À la santé de l’économie locale!