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Est-ce que je suis en train de devenir un parent sévère ?

Est-ce que je suis en train de devenir un parent sévère ?

7 signes à surveiller, selon un psychoéducateur.

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On m’avait mis en garde que deux ans et quatre ans, c’étaient des âges terribles. En entendant ça, j’ai tenté de voir le positif en me disant que j’aurais un peu de lousse entre les deux. Eh bien non.

Mon enfant de trois ans fait constamment des crises où il se jette par terre, crie, donne des coups de pied, griffe et va même parfois jusqu’à mordre. J’en ai eu des marques de dents à travers un jean. UN JEAN!

Les raisons de ces crises sont, vous vous en doutez, assez futiles. Mon garçon ne veut pas s’asseoir sur la toilette. On lui demande de venir souper, mais il n’a pas fini de ranger ses petites voitures en ordre de couleur. On ne veut pas qu’il regarde le film Le Livre de la jungle parce que c’est la semaine. Et pow, mon enfant part en orbite.

Si la fatigue a souvent un effet sur son comportement, elle en a aussi sur le mien.

J’ai beau tenter de garder mon calme tout en me faisant donner des coups de pied, quand je me fais mordre, j’ai parfois de la misère à appliquer les principes de l’éducation bienveillante.

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La semaine dernière, j’ai fini par lever le ton et confisquer les petites voitures de mon fils. Aussitôt, la culpabilité m’a fait l’effet d’un raz-de-marée. J’étais persuadée être une mère trop sévère.

Comment sait-on si on est trop sévère? C’est grave, d’être rigide? C’est quoi l’idéal de rigueur et de discipline pour élever notre enfant? J’ai posé la question à André Plamondon, docteur en psychologie, professeur titulaire et directeur des programmes de 1er, 2e et 3e cycles en psychoéducation à l’Université Laval, et grand spécialiste des relations parent-enfant.

Voici donc sept signes que l’on est trop sévère, et les trucs d’un expert pour rectifier le tir.

1. J’ajoute constamment de nouvelles règles qui manquent de précision

Nos attentes doivent être claires et prévisibles pour l’enfant. On reste assis sur le divan : clair. On respecte le mobilier : pas clair.

Puisque ces règles doivent être établies à l’avance, il faut penser en amont à ce qui est interdit et les conséquences qui seront de mise.

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« On essaie d’éviter de créer des règles sur le moment », explique le professeur Plamondon. Si un mauvais comportement survient sans crier gare, « on doit accepter qu’à ce moment-ci, on l’a permis. Ça peut nous amener à avoir une discussion avec l’enfant : “ Voici mes attentes à l’avenir, et voici les conséquences.” ».

2. J’essaie de contrôler jusqu’à la vie interne de mes enfants

Il ne faut pas chercher à faire du contrôle psychologique en jouant sur les émotions ou les pensées : ça peut être néfaste pour le développement de notre enfant.

Par exemple, on ne devrait pas lui interdire d’être fâché, mais on peut lui interdire de frapper.

3. Je n’explique pas les règles

« Quand on implante une règle, comme manger des légumes, on peut expliquer les raisons derrière », expose notre docteur en psychologie. En imposant des règles sans discuter ou démontrer de l’ouverture, on adopte une posture… ben, sévère.

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4. Mes règles sont trop difficiles à respecter

Les attentes doivent être raisonnables et réalistes par rapport à l’âge de notre enfant. Si les règles sont trop exigeantes ou trop nombreuses, l’enfant aura tendance à vouloir s’opposer ou en arrivera à cacher des choses pour ne pas se faire punir.

Par exemple, on ne peut pas demander à un enfant de ne jamais échapper son verre de lait, ou de ne jamais briser un jouet. Les accidents arrivent, et on ne peut pas tout contrôler.

De même, il faut éviter de donner des règles trop complexes par rapport à l’âge de notre enfant. Sinon, on risque de le mettre en échec. Selon Naître et grandir, lorsqu’elle s’adresse à des enfants de deux à trois ans, la consigne devrait comporter deux éléments maximum : « Quand tu as fini de jouer, range les morceaux de casse-tête dans la boîte », par exemple. À partir de trois ans, on peut y aller avec trois éléments : « Avant de manger ta collation, va dans la salle de bain et lave-toi les mains. »

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5. Je ne renforce pas les comportements positifs

« Si on n’essaie pas d’instaurer un comportement positif, si on fait juste décourager ou diminuer le comportement négatif, un autre comportement négatif auquel on ne s’attendait pas va apparaître », met en garde le professeur Plamondon.

6. Mes punitions ne sont pas raisonnables

Un enfant devrait savoir d’avance quelle est la conséquence lorsqu’il frappe quelqu’un, par exemple. C’est ce qui va l’inciter à se retenir sur le long terme. Cette conséquence doit aussi être toujours la même, et idéalement, avoir un lien avec la règle que l’enfant n’a pas respectée.

Donc, quand j’enlève ses petites voitures à mon enfant, il ne comprend pas que c’est parce qu’il m’a donné des coups de pied : il n’y a aucun lien logique entre les deux.

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Plutôt, je pourrais exiger des excuses de la part de mon enfant, lui expliquer qu’il m’a fait mal, et l’inviter à trouver une façon d’exprimer sa colère autrement : en criant super fort dans son oreiller, par exemple.

D’ailleurs, les conséquences ne doivent pas être trop sévères. « Si, pour avoir dit un gros mot, l’enfant ne peut pas voir ses amis pendant un mois, c’est une punition exagérée par rapport au comportement, explique le professeur Plamondon. Il pourrait plutôt devoir reformuler, s’excuser, trouver d’autres façons de communiquer. »

Il faut aussi toujours garder en tête l’âge de notre enfant. Un enfant de trois ans qui frappe sa maman, c’est plus normal qu’un ado qui en ferait de même, et les conséquences ne seront pas les mêmes.

« C’est une période où il y a beaucoup d’instabilité et d’agressivité physique, comme mordre et frapper, souligne le docteur en psychologie. C’est normal : l’enfant de deux à trois ans n’a pas d’autres stratégies ou de compétences verbales pour composer avec des conflits sociaux. »

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En tant que parent, c’est notre travail d’amener notre enfant à adopter des « comportements alternatifs socialement acceptables ». Une bonne façon de faire, c’est de lui apprendre à verbaliser les choses en le faisant nous-mêmes.

7. J’emploie des punitions physiques

Envoyer nous-mêmes une tape à notre enfant ne lui apprendra rien, souligne le professeur Plamondon, sinon que c’est une réponse acceptable lorsque lui-même est en colère. Même s’il ne nous tape plus, « ce que ça lui enseigne, c’est qu’il peut taper dans d’autres contextes ».

Aucune étude ne démontre que la correction physique fonctionne. « Les punitions physiques ont des conséquences soit neutres, soit négatives », souligne notre spécialiste.

Et quand on lève le ton? Selon Naître et grandir, crier après notre enfant peut être aussi néfaste que de lever la main sur lui, parce que ça nuit à sa confiance et à son estime personnelle.

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En conclusion, les parents, on doit apprendre à demeurer calmes. De mon côté, je dois apprendre à ne pas pogner les nerfs, et je confirme que c’est difficile. Mais depuis ma conversation avec le docteur en psychologie, je fais des efforts pour appliquer ses conseils, et je constate déjà une différence auprès de mon enfant.

Lâchez pas!

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