Étant moi-même un artiste (si les employés chez Subway peuvent s’appeler des « artistes du sandwich », je vois pas pourquoi je pourrais pas dire que je suis un artiste), je suis toujours partagé par rapport au concept de droits d’auteurs.
D’un côté, j’aimerais bien être payé pour mon travail, et m’assurer que n’importe qui ne puisse pas simplement reprendre mes écrits et faire de l’argent avec sans m’en parler.
Mais de l’autre, je crois aussi que l’art sert à inspirer l’art, et que c’est normal que les œuvres circulent et soient réutilisées. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout devient un beat de Kanye West.
Mais voilà : pourquoi ne pas utiliser des œuvres dans le domaine public pour m’enrichir? Anyway, les artistes concernés sont déjà morts!
Immersion dans le monde un peu compliqué du droit d’auteur.
C’est quoi, le domaine public?
Pour comprendre la loi sur le domaine public, il faut comprendre le concept de droit d’auteur.
L’idée de la loi sur le droit d’auteur est de permettre aux artistes d’être récompensés de façon raisonnable pour leur création.
Ainsi, pourvu qu’il peut prouver en être le créateur, un artiste bénéficie des pleins droits sur son œuvre pour une durée déterminée.
Celle-ci varie de pays en pays et selon certains cas précis, mais au Canada, en général, une œuvre est protégée pendant la vie de l’auteur plus 50 ans.
Une fois passé ce délai, l’œuvre tombe dans le domaine public. Elle peut donc être utilisée par n’importe qui de la façon qu’il l’entend.
Ainsi, ça veut dire que je pourrais, par exemple, prendre une chanson de la Bolduc, m’enregistrer en train de faire des bruits de pets par-dessus, et vendre le disque de mon « œuvre ».
Voici d’ailleurs le lien pour les précommandes.
L’œuvre sur l’œuvre
Mais ça ne s’arrête pas là.
Il faut également savoir que le travail sur une œuvre peut être soumis à un nouveau droit d’auteur.
Paniquez pas, je vous explique.
Reprenons mon exemple : j’ai endisqué des chansons de la Bolduc agrémentée de mes bruits de flatulences, brillamment intitulé La Bolduc turbo fiouzes remix.
Même si les chansons de la Bolduc font partie du domaine public, mon remix n’en fait pas partie, parce que j’y ai ajouté un travail créatif qui m’appartient. Il faudra donc attendre 50 ans après ma mort pour pouvoir l’utiliser (mettez ça à vos calendriers!).
L’exemple le plus courant est probablement celui des textes de théâtre. Si l’œuvre de Molière est libre de droits, la plupart des éditions que vous trouverez en librairie viennent probablement avec des commentaires ou des analyses de l’œuvre.
Il s’agit d’un travail intellectuel dont vous n’êtes pas propriétaire. Vous ne pourriez donc pas simplement photocopier le livre et le revendre.
Abandonner volontairement ses droits
Il y a certains cas, par contre, où l’auteur d’une œuvre est toujours bien vivant, mais où les droits sont quand même dans le domaine public.
C’est que les créateurs ont le droit de faire don au public de leur travail.
Les motivations pour en décider ainsi sont multiples; par exemple, les textes de loi du gouvernement fédéral sont libres de droits. On comprend l’intention; il s’agit de « garantir aux citoyens un accès facile aux lois qui régissent leur vie ».
Mais parfois, un artiste voudra simplement collaborer à la vie publique et le motif est généreux.
Par exemple, le site web Pixabay offre des photos libres de droits. Certaines sont vraiment très belles, d’ailleurs.
…alors que d’autres, euh… c’est moins ça :
Mais c’est gratisse! À vous de vous en faire de beaux t-shirts, maintenant!