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Est-ce que je peux lâcher mon stage?

Oui mais non... mais oui. On vous explique ça.

Par
Philippe Julien-Bougie
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Votre stage est-il ennuyant? Pourtant, l’offre d’emploi trouvée sur internet était si intéressante… Vous voulez abandonner, car vous vous sentez berné.e, mais votre honneur vous retient de le faire. « J’étais mieux quand je travaillais au café du coin de la rue », grommelez-vous devant votre ordinateur chaque matin. Que faire?

« Commencez par en parler »

Ce conseil vous fait peut-être cringe (comme disent les jeunes), mais ne le balayez pas du revers de la main de sitôt. Retournons à la base : « Un stage, c’est un échange de connaissances entre les entreprises et les étudiants. Ensuite, lorsqu’ils retourneront à l’école, les étudiants auront une meilleure connaissance du marché du travail. Ce qui les aidera dans la compréhension de leurs cours », relate Alain Tremblay, directeur général du service des stages et du développement professionnel de l’Université de Sherbrooke.

La notion d’échange, ici, est primordiale. N’oubliez jamais que l’entreprise dans laquelle vous travaillez dépense de ses ressources pour vous accueillir, car elle est persuadée que cela va l’aider dans sa mission. Si votre employeur apprend que vous vous tournez les pouces, il sera plus que content de vous refiler davantage de travail pour rentabiliser son investissement. Faites-lui part de votre ennui!

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Dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre actuel, certains stages ne sont jamais pourvus, par manque d’étudiant.e.s intéressé.e.s. « Le mot se passe rapidement. Année après année, les étudiants savent quels employeurs sont stimulants et lesquels sont plates. Personne ne veut être dans la deuxième catégorie », soutient Alain Tremblay. Parler des problèmes au boulot peut non seulement améliorer votre expérience, mais rendre service à l’entreprise et aux futur.e.s stagiaires.

Comme les stages sont encadrés par l’université, vous avez accès à des ressources pour vous aider. Si l’idée de parler avec votre employeur directement vous intimide, confiez-vous à la personne désignée de votre université. Cette personne a vu neiger, elle n’est pas à son premier barbecue. Elle pourra sûrement vous aider et faire bouger les choses.

Un conflit de valeurs

Deux étudiant.e.s ont confié à GDU avoir abandonné un stage, car l’entreprise ou sa culture allait à l’encontre de leurs valeurs. Les deux ont accepté de partager leur expérience, mais sous le couvert de l’anonymat.

Thomas (prénom fictif), un étudiant en communication, s’est trouvé un stage non rémunéré dans un grand média québécois. « Le premier jour, on m’accueille pour une journée d’observation et je comprends que mon travail est de faire la promotion de cette compagnie-là auprès des gens de mon âge, mais je ne cautionne aucunement leur message. Red flag après red flag, j’ai su que ça allait confronter mes valeurs wokes (rires) », explique-t-il sans amertume, étant quand même reconnaissant de s’être fait accueillir dans ce média.

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« À 11 h, j’ai été voir le gars et j’ai prétendu avoir un rendez-vous chez le dentiste, raconte-t-il. Rendu chez moi, je lui ai envoyé un courriel pour lui dire que ça ne pouvait pas fonctionner. »

Malgré tout, Thomas s’est ensuite trouvé un emploi dans son domaine. Comme quoi ce n’est pas la fin du monde d’abandonner un stage.

Sophie (prénom fictif), quant à elle, étudie en kinésiologie. Ce qu’elle souhaite, c’est d’offrir des services de réadaptation en milieu hospitalier. « Moi, les gros gyms, ça ne m’intéresse pas et c’est justement dans un gros gym que j’étais supposée faire mon premier stage. Très vite, je ne me suis pas sentie à l’aise avec la culture de l’endroit », admet-elle.

« En échange du stage, je devais travailler à la réception, mais je n’avais pas le temps de faire ça avec mon autre emploi, mes études et mon stage. J’ai décidé de partir. J’ai eu de la chance. Je m’étais prise d’avance. J’avais donc le temps de me trouver un autre stage qui concordait beaucoup plus avec mes valeurs. Rétrospectivement, je suis très contente de mon choix. »

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De son expérience, Alain Tremblay confie que les étudiant.e.s qui abandonnent un stage se font rares et que « ça arrive pas mal tout le temps dans les deux premières semaines du stage ».

Très souvent, ces expériences immersives sont nécessaires à l’obtention du diplôme. Nombreux sont ceux et celles qui se sentent parfois aliéné.e.s et qui trouvent leur stage ennuyant. N’oubliez pas que ça ne dure que douze à quinze semaines! Même si on vous confie seulement la tâche de préparer le café, vous en apprenez probablement beaucoup sur les réalités de votre milieu sans vous en rendre compte. Courage, stagiaires!