Est-ce que je paie de l’impôt sur ma crypto?

Avec la frénésie autour des cryptomonnaies et des efforts communautaires pour faire grimper la cote boursière d’entreprises vouées à l’échec, pas mal de gens qui ne s’y attendaient pas se retrouvent tout à coup avec plus d’argent qu’ils ne l’auraient imaginé. Sur papier, du moins.

Un des principaux attraits des cryptomonnaies est qu’elles sont décentralisées. Pas de gouvernement ou de banque centrale pour diriger son cours ; le pouvoir est entre les mains des gens qui décident de s’investir dans le projet.

Mais attention, si vous avez fait une bonne passe de cash avec vos bitcoins, l’Agence du revenu du Canada (ARC) va venir chercher sa cut! Voici quelques trucs importants à retenir lorsque vous ferez votre déclaration de revenus, si vous avez de la crypto dans votre portefeuille virtuel.

Depuis 2018, l’ARC ainsi que ses homologues américains et britanniques se sont dotés de nouvelles lois et de nouveaux pouvoirs afin de pouvoir taxer les cryptomonnaies, qui étaient jusque-là surtout vues comme des devises associées au marché noir et aux recoins sombres des transactions web. Revenu Québec a aussi maintenant un formulaire dédié à la déclaration de cryptomonnaies,.

Aux yeux de l’ARC, les bitcoins, ethers et autres dogecoins sont considérés « comme une marchandise aux fins de la Loi de l’impôt sur le revenu. Tout revenu provenant d’opérations en cryptomonnaie est généralement traité comme un revenu d’entreprise ou comme un gain en capital, selon les circonstances. »

Le premier conseil, et celui qui restera le plus important durant tout l’exercice, est de prendre des notes et de garder un livret financier de toutes vos transactions impliquant des cryptomonnaies, principalement quand vous en achetez et que vous en vendez. Il sera aussi important de comptabiliser séparément chaque devise dans votre portefeuille numérique, lorsque vous ferez vos comptes.

Le plus important sera de déterminer si vos profits empochés grâce à la crypto sont un gain en capital ou un revenu d’entreprise, et pour cela il vous faudra d’abord déterminer si votre activité financière avec les cryptomonnaies constitue ou non une entreprise. C’est le genre de décision qu’il vaut mieux prendre avec un expert. Seulement 50% des gains en capital sont imposables, alors que les revenus d’entreprise le sont à 100%.

Toutefois, le site de l’ARC spécifie que dans la plupart des cas, « la possession ou la détention de la cryptomonnaie n’est pas imposable ». Attention, ça ne veut pas dire que vous n’allez pas payer d’impôt! En effet, vous allez devoir de l’impôt si vous avez effectué des transactions et fait un profit. Par exemple, si vous avez acheté un bitcoin à l’époque où il valait environ 1000$ canadiens, et l’avez revendu en décembre lorsqu’il a atteint les 35 000$, vous avez empoché un gain en capital d’environ 34 000$, et 17 000$ seront imposables.

Par contre, comme les devises virtuelles ne sont pas considérées comme étant des devises officielles selon les définitions du gouvernement, payer pour un service ou un bien avec un bitcoin, par exemple, sera considéré comme du troc. Cette transaction sera donc taxée différemment, et il vous faudra assigner une valeur raisonnable en dollars canadiens à votre transaction. Idem si vous troquez une cryptomonnaie pour une autre, ou si vous la convertissez en devise légale, comme en dollars canadiens ou en euros.

Pour ceux qui voudraient tout le thrill du Bitcoin sans avoir à ouvrir un portefeuille électronique, le Bitcoin Fund échangé sur le TSX suit le cours du Bitcoin. Vous pourriez investir une partie de vos avoirs REÉR ou CELI dans ce fonds, ce qui placerait vos profits à l’abri de l’impôt. Par contre, comme vous vous en doutez sûrement, mieux vaut ne pas avoir froid aux yeux, parce que pour l’instant, les cryptomonnaies restent assez imprévisibles et volatiles.