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Est-ce que je devrais retirer de l’argent de mes REER pour passer au travers?

Une explication sous le thème du «mais».

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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COVID rime avec insécurité. Pour passer à travers des temps difficiles, l’idéal, c’est d’avoir des liquidités. Beaucoup de liquidités. Ce qu’on appelle communément un fonds d’urgence.

Mais nous n’avons pas tous la chance de pouvoir bénéficier d’un 10 000$ bien tassé dans un CELI ou un compte d’épargne. S’endetter est alors envisageable, mais c’est une solution qui repousse le problème à plus tard. Dans une telle situation, il est compréhensible que certains d’entre nous reluquent notre REER avec des yeux gourmands.

Le mot REER nous rappelle nécessairement la retraite. Mais le REER, c’est avant tout un véhicule d’épargne. Et si là, je me lance dans les explications, c’est, pour que le moment venu, vous preniez la bonne décision.

C’est quoi un REER?

Le REER est un régime d’épargne enregistré dont le but n’est pas nécessairement de préparer sa retraite, mais d’éviter l’impôt au moment du dépôt pour le reporter au moment du retrait. C’est cette caractéristique qui en fait l’outil parfait pour la retraite. Lors de notre vie active, alors que notre salaire est plus élevé, on diminue notre impôt. Et quand nos revenus baissent à la retraite, on paye l’impôt sur le retrait de nos REER. En résumé, on baisse notre revenu imposable quand on épargne, et on est imposé quand on a un plus petit revenu imposable. Win-win.

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Il y a deux situations dans lesquelles on peut retirer notre REER sans payer d’impôt: le RAP pour l’achat d’une première propriété, et le REEP pour payer vos frais de scolarité en vue d’une réorientation. Il est toutefois à noter que dans ces deux cas, il vous faudra remettre la somme dans votre REER au cours des années suivantes, soit 15 ans pour le RAP et 10 ans pour le REEP.

Vous constaterez que ces situations ne couvrent pas les crises. Perte d’emploi, divorce, déménagement, etc. Malheureusement, les REER ne sont pas très empathiques de ce côté-là.

Question de survie

Nous terminons ce long préambule pour poser une question essentielle: peut-on retirer ses REER pour survivre financièrement?

La réponse courte c’est oui. La réponse longue c’est: oui, mais ce n’est pas toujours une bonne idée.

Pour deux raisons bien simples. D’abord, si vous retirez vos REER, vous ne toucherez pas la somme complète. Vous devrez nécessairement payer de l’impôt sur votre retrait et peut-être davantage au moment de remplir votre déclaration de revenus.

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Est-ce si grave? Pas si vos revenus annuels ont substantiellement baissé.

«Mais.»

Mais le mot le dit: annuels. Donc si les activités reprennent immédiatement après votre période de chômage, vous serez perdants, mathématiquement parlant.

Mais si votre chômage prend fin et que vous pouvez pallier votre absence de revenus avec vos REER, allez-y gaiement.

Mais sachez que vous paierez de 5 à 15% d’impôt fédéral, selon le montant retiré. À cela s’ajoutera l’impôt provincial.

Ouch.

C’est donc le moment de vous poser la question McSween: retirer ton REER, en as-tu vraiment besoin?

Si vous vivez une crise importante, et qu’il vous est impossible d’obtenir des liquidités autrement qu’en vous endettant à un haut taux d’intérêt, vous répondrez peut-être par l’affirmative.

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À deux doigts de la faillite…

L’autre question à vous poser c’est: à quel point vos finances vont mal?

Je m’explique. Si vous faites faillite, seules vos cotisations effectuées dans les 12 derniers mois pourraient être saisies. Et dans le cas d’une proposition de consommateur, vos REER sont à l’abri.

En résumé, si vos finances sont mal en point, au point que vous consultez un syndic, ne touchez pas à votre REER.

C’est quoi la règle?

En examinant ces deux points, on peut établir une règle générale: vous pouvez retirer vos REER en tout temps, mais l’idéal, c’est si vous êtes assez dans la m*** pour que le ⅔ de vos REER vous sauvent les fesses, mais pas assez dans la m*** pour risquer de faire faillite anyway.

Et vous voulez retirer vos REER en visant une réorientation de carrière dans un métier jugé essentiel en temps d’apocalypse, ben retire mon chum. Retire.