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Est-ce que je devrais congeler mes ovules ?

À 32 ans, je dois admettre que la pression liée à mon horloge biologique commence à se faire sentir.

Par
Laurence C Germain
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J’ai commencé à prendre la pilule à l’âge de 16 ans, sans trop me poser de questions. Je n’ai jamais arrêté de la prendre dans le but d’essayer d’avoir un enfant, alors je n’ai aucun moyen de savoir si je suis fertile ou non.

À 32 ans, je dois admettre que la pression liée à mon horloge biologique commence à se faire sentir : après tout, la baisse de fertilité débute entre 25 et 35 ans.

D’un autre côté, ce n’est pas comme si j’étais prête à avoir un enfant demain matin. Je pense sérieusement à congeler mes ovules, mais je ne sais pas par où commencer.

J’ai donc contacté une médecin et deux femmes qui ont eu un parcours en fertilité pour en apprendre plus sur la procédure.

Docteur, par où commencer ?

Si nous avons désormais la chance d’avoir accès aux cliniques de fertilité du réseau public et privé, il faut savoir que ça n’a pas toujours été le cas. Lucie me précise qu’il y a 30 ans, lorsqu’elle a commencé sa pratique à titre de médecin de famille, il y avait beaucoup moins de ressources pour répondre aux enjeux de fertilité. « Il y a encore trop d’éléments entourant la santé des femmes qui sont méconnus en raison du manque d’information et de la désinformation qui circule », affirme-t-elle.

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Avant de pouvoir recommander une patiente aux cliniques de fertilité du réseau public, un médecin de famille doit s’assurer que la femme a tenté de concevoir durant une période de 1 an (si elle est âgée de moins de 35 ans) ou de 6 mois (si elle a plus de 35 ans). Il faut aussi garder en tête que les cliniques de fertilité du réseau public acceptent seulement les femmes de moins de 42 ans.

Suite à ma discussion avec Lucie, j’ai la confirmation que puisque je suis célibataire, ma seule option pour accéder aux tests de fertilité au public serait d’avoir un projet de soloparentalité prêt à être réalisé dès maintenant (ce qui n’est pas le cas).

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Sinon, je peux me tourner vers le réseau privé et assumer les frais associés aux tests, soit 1090 $ (avant taxes)*, sauf que les résultats de ces tests ne sont valables que pour 1 an ! Finalement, si l’on décide d’aller de l’avant avec l’extraction des ovules et leur congélation, il ne faut pas oublier que l’on devra payer l’entreposage au coût de 330 $*/an. Toutefois, la Clinique Fertilys m’apprend que désormais, certaines compagnies d’assurances remboursent une partie des frais.

L’histoire de Kim au privé

En 2017, Kim a 32 ans, elle est célibataire et n’est pas prête à avoir un enfant, comme sa carrière est en pleine expansion. Elle va consulter au privé pour obtenir les tests de fertilité et congeler ses ovules afin de s’assurer de pouvoir bien vivre sa parentalité au moment où elle sera prête. On lui annonce que les tests de fertilité ont révélé qu’elle a une basse réserve ovarienne, un vieillissement prématuré des ovaires et des problèmes d’œstrogène. Ce diagnostic peu encourageant la convainc de procéder à la congélation de ses ovules, et ce, même si les médecins ne sont pas en mesure de lui garantir la qualité de ceux-ci. Pour reprendre son expression : « Ça, c’est du gros gambling! »

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C’est quand elle a 35 ans que Kim est prête à se lancer dans la soloparentalité. Malheureusement, elle m’explique que le processus ne s’est pas déroulé comme elle l’aurait souhaité : « Il y a eu le transport de mes ovules entre une clinique A et une clinique B, mais comme c’était la pandémie, le transport a pris beaucoup plus de temps que prévu et quand mes ovules sont arrivés à la clinique B, on les a décongelés et ils sont tous morts ! ». Tout le processus était à recommencer !

« Ça a été 30 000 $ et un an et demi de ma vie aux poubelles », raconte-t-elle.

Selon Kim, les médecins n’ont pas pris le temps de lui expliquer en détails les étapes du processus et elle est déçue d’avoir payé le gros prix pour un service impersonnel.

Toutefois, Kim se sent choyée d’avoir eu les moyens financiers de mener à terme son projet. Aujourd’hui, en tant que mère solo, elle se sent épanouie et n’a aucun regret.

Mais qu’est-ce qui arrive si l’on choisit de se lancer dans la soloparentalité et qu’une personne incroyable avec qui l’on s’imagine fonder une famille apparaît sur notre chemin ? Est-ce qu’on est disqualifié du processus ?

L’histoire de Caroline au public

C’est justement ce qui est arrivé à Caroline. À 31 ans, elle est célibataire et travailleuse autonome. Elle décide donc d’aller de l’avant avec son projet de soloparentalité. Son objectif premier, ce n’est pas de congeler ses ovules, mais bien de tomber enceinte.

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« J’ai décidé d’opter pour le public en raison du coût, car je savais que les tests et les consultations étaient gratuits. Ça ne me dérangeait pas d’attendre », relate-t-elle. Les résultats des tests de fertilité de Caroline s’avèrent positifs.

Durant le processus qui s’étend sur plusieurs mois, elle rencontre un partenaire extraordinaire de 10 ans son cadet. Elle doit annoncer à son médecin que son plan initial a changé.

« Je t’avoue que je n’ai pas dormi la veille, parce que je me disais : il faut que je lui annonce demain que je ne me fais pas inséminer, que je veux congeler mes ovules. Est-ce qu’elle va me remettre à la fin de la liste ? », me dit Caroline.

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Finalement, la médecin s’est montrée compréhensive face à la nouvelle situation. Caroline se dit soulagée de savoir que ses ovules sont maintenant congelés, parce que son horloge biologique commençait à la stresser !

En me lançant dans cet article, je m’étais naïvement imaginé que je vous ferais le topo des étapes du processus pour congeler ses ovules. Cependant, j’ai vite compris que chaque trajectoire en clinique de fertilité est différente. Par contre, Caroline et Kim s’entendent toutes deux pour dire qu’il y a un manque d’informations criant sur le sujet.

Je me demande si l’on peut espérer qu’un jour, les frais en clinique de fertilité soient entièrement couverts par la RAMQ. Personnellement, j’ai décidé d’attendre, avant de prendre un rendez-vous au privé. Il me reste trop de zones grises à explorer pour réussir à me faire une idée!