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Est-ce que j’ai les moyens de devenir médecin ou dentiste?
Yes! Vous avez bûché pendant tout le cégep pour fracasser le record de la meilleure cote R et vous savez que les chances sont de votre bord pour être accepté dans un programme très contingenté à l’université. Ce qu’on sait moins, c’est que ça coûte cher, étudier en médecine, en médecine dentaire, en génie, en droit, en pharmacie… Bref, des programmes qui s’étalent sur quatre, cinq ou six ans, commencent plus tôt dans l’année, terminent plus tard (parfois sans semaine de relâche… oups, de lecture!), comportent des stages obligatoires durant l’été et une charge de travail immense pendant la session.
Oubliez ça, boucler vos fins de mois en vendant des bols. Tout le monde n’est pas Laurent Duvernay-Tardif!
Alors, comment budgéter vos études?
Pour répondre à quelques questions concernant le coût des études (et les dettes que ça engendre), on a interrogé une jeune dentiste et une ancienne étudiante en médecine. Laurent n’était pas disponible! (joke)
Payer : combien ça coûte?
Prenons un premier exemple : la médecine dentaire pour un étudiant québécois. Dès le départ, il y a des tests à passer pour soumettre une demande d’admission qui font « l’évaluation des caractéristiques personnelles »… pour savoir si vous êtes un dangereux psychopathe? Ils sont peu coûteux, mais quand même.
L’Université de Montréal avertit quant à elle que chaque étudiant doit prévoir environ 40 000$ pour l’achat d’instruments obligatoires et essentiels à sa formation.
Une fois admis, un étudiant en première année de médecine dentaire s’en tire avec des dépenses d’environ 8000$ par année, selon le simulateur de l’Université McGill. Mais attention, il y a de l’équipement à acheter dès la deuxième année, ce qui fait monter la facture à plus de 27 000$. L’Université de Montréal avertit quant à elle que chaque étudiant doit prévoir environ 40 000$ pour l’achat d’instruments obligatoires et essentiels à sa formation.
Et c’est sans compter les livres, qui coûtent facilement au-dessus de 100$ chacun. La dentiste que j’ai interrogée confirme avoir payé un montant d’un peu moins de 30 000$ pour les instruments, mais c’est sans compter le « surplus d’instruments et de matériaux pour les travaux de laboratoire, qui varie selon l’intensité avec laquelle tu pratiques en dehors des cours ». Pour un dentiste, les loupes, non obligatoires, sont très utiles et la majorité des étudiants en achètent pour environ 2500$.
Vous aurez aussi des examens payants à passer vers la fin de votre formation. Par exemple, l’examen d’aptitude du Conseil médical du Canada que l’ex-étudiante en médecine à qui on a parlé a effectué à la fin de sa deuxième année d’externat coûtait 1305$. La dentiste a passé un examen national de 3000$.
Notre répondante qui a étudié en médecine estime que « pour les cinq premières années d’études dans le programme [de médecine], il faut se prévoir un coussin d’environ 25 000$. Et ça, c’est sans parler du logement, de la nourriture, des dépenses personnelles, etc. ».
Il faut quand même dire qu’au Québec, les droits de scolarité sont moins dispendieux qu’ailleurs au Canada et aux États-Unis. Mince consolation!
« Pour les cinq premières années d’études dans le programme [de médecine], il faut se prévoir un coussin d’environ 25 000$. Et ça, c’est sans parler du logement, de la nourriture, des dépenses personnelles, etc. »
Mais certains étudiants se questionnent parfois sur la pertinence de ces dépenses titanesques. La dentiste interrogée explique que « l’université décide de tous les instruments que l’on achète et de quelle compagnie au début de chaque année, nous n’avons aucun contrôle sur cela et, malheureusement parfois, il y a des matériaux ou des instruments inutiles ou possible d’acheter ailleurs pour moins cher. »
S’endetter, une bonne idée?
Beaucoup d’institutions financières sont prêtes à filer de l’argent aux futurs médecins et dentistes, et la tentation est facile! La dentiste explique que les étudiants peuvent obtenir des taux avantageux sur une marge de crédit dès la première année en médecine dentaire : « Les banques venaient nous rencontrer à l’université ou nous invitaient à un souper-soirée », dit-elle.
Personnellement, j’ai étudié en communication et aucune banque ne s’est jetée à mes pieds pour me prêter des sous! Bon, je ne fais pas le salaire d’un médecin non plus.
« Les banques venaient nous rencontrer à l’université ou nous invitaient à un souper-soirée. »
La marge de crédit que vous offriront les institutions financières peut varier selon votre programme d’études. Faites un concours avec vos amis, qui obtiendra la plus grosse marge entre dentisterie et histoire? Le lucratif métier d’historien, bien entendu.
Comment faire pour ne pas vous mettre (trop) dans le trou pendant vos études? Est-ce que ça pèse sur le mental? L’endettement risque-t-il de devenir une chaîne qui vous attache à une profession que vous préféreriez peut-être laisser tomber? Avoir une dette de médecin sans le salaire qui vient avec, ça peut faire mal!
« Une dette étudiante devient définitivement un fardeau supplémentaire et peut influencer notre décision de rester ou non dans le programme. »
La dentiste à qui on a parlé a en effet remarqué davantage de stress financier pour ceux qui ne reçoivent pas d’aide de leurs parents, et qui doivent travailler pendant leurs études. L’ex-étudiante en médecine abonde dans le même sens : « Une dette étudiante devient définitivement un fardeau supplémentaire et peut influencer notre décision de rester ou non dans le programme. Particulièrement en médecine, où le fait de terminer le programme promet un bon salaire, ce qui fait alors voir cette option comme étant la seule solution possible quand on est très endetté. » D’anciens partenaires d’études se sont confiés à elle, lui avouant que la seule raison qui les retenait en médecine, c’était leur endettement. Dans certains cas, ils avaient accumulé plus de 120 000$ sur leur marge de crédit.
« Ne pas avoir de dettes, ou en avoir très peu, procure plus de liberté. Si vous envisagez de changer de branche ou que vous n’êtes pas sûrs de votre avenir, évitez l’endettement. » Sages paroles!
Se préparer : comment?
Les dettes étudiantes sont une réalité pour tous les domaines d’études et plusieurs facteurs autres que les coûts reliés au programme sont à considérer. Pour l’ancienne étudiante en médecine, par exemple, c’est par la suite, en étudiant dans un autre programme et en vivant de manière autonome, que les difficultés financières sont apparues. Voici quelques trucs à retenir.
– Informez-vous bien sur les différents types de crédit. Essayez de ne pas vous endetter inutilement. Optez pour les prêts et bourses gouvernementaux bien avant la marge, si c’est possible. Et ne stressez pas trop avec votre dette pendant vos études, prenez ça au jour le jour!
– Si vous pouvez économiser sur les grosses dépenses, par exemple en vivant chez vos parents, en colocation ou en vous passant d’une voiture, faites-le! Si vous pouvez mettre votre famille à contribution pour vous aider avec les frais de scolarité ou les instruments, remerciez-les chaudement!
– Travaillez pendant vos études, mais pas au détriment de votre santé ni de vos résultats scolaires. Pour la dentiste, le mieux est de ne pas travailler pendant l’année scolaire et de travailler seulement l’été. Pour l’ex-étudiante en médecine, le mieux est de travailler un peu en tout temps : « C’est gratifiant, ça te donne un petit coussin financier, et surtout, ça t’aide à te changer les idées et à mieux gérer ton horaire. »