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Est-ce que c’est possible de s’amuser à l’université sans boire d’alcool?

Bien sûr que oui, c’est possible.

Par
Layla Bechou
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J’ai une vie sociale épanouie à l’université. Pourtant, je n’ai jamais bu une seule goutte d’alcool, même pas une fois pour essayer… Mais est-ce justement parce que je ne bois jamais que je remarque l’omniprésence de l’alcool dans les activités sociales universitaires?

Un principe vieux comme le monde

« Les partys dans les bars, c’est ça que le monde aime, en général », me confirme Joëlle, conseillère à la vie étudiante pour l’association des étudiants en microbiologie de l’Université de Montréal (AGÉMIIUM). L’alcool est partout à l’université, simplement parce que celle-ci se plie au principe de l’offre et de la demande.

Bien que l’association de Joëlle fasse des efforts pour proposer des activités sans alcool (des soirées jeux de société, par exemple), elle ne se voile pas la face :

« Oui, les retours sont positifs, mais c’est sûr qu’on le voit avec les taux de participation à nos événements que ça double quand il y a de l’alcool… »

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Ça fait partie du folklore. Au fond, c’est pour ça qu’on s’est inscrit.

Dans un party, tout est une question de vibe

Le but est de s’harmoniser à la vibe du groupe, pour sentir qu’on crée une connexion avec les autres. Ce désir d’inclusion influence notre propre consommation d’alcool, car on serait enclin à boire davantage si on perçoit que les autres sont plus saouls que nous.

Plus la soirée avance, plus il faut boire, parce qu’une vibe, ça s’entretient. « Il y a un côté destructif à tout ça », soulève Ulysse, un étudiant ayant décidé de remettre en question ses habitudes de consommation. « On s’en fout de ce qui se passe après. On essaye d’avoir du fun. On veut vivre ensemble le moment présent. »

Et tout ça peut vite dégénérer, surtout quand l’association étudiante offre un rabais sur l’alcool, ou pire, quand c’est bar open.

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Souvent, le billet pour ces événements est plus cher, donc les étudiants arrivent avec le sentiment de devoir rentabiliser leur argent. « Les gens vont se servir encore et encore. Des ambulances se sont déjà pointées par le passé », me raconte Joëlle. Après ça, laissez-moi vous dire que la vibe est plutôt off.

La consommation abusive est normalisée

« Les étudiants, ils ne boivent pas souvent, mais quand ils boivent, ils le font pour la peine! » s’exclame Louise Nadeau, professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal. Celle-ci déplore que la consommation d’alcool excessive soit autant glorifiée sur nos campus. Elle a raison, on a tous déjà applaudi quelqu’un qui venait de vider son pichet d’une traite.

Pour obtenir l’admiration des autres, on a souvent l’impression qu’il faut être capable de boire beaucoup. Ça crée un standard à atteindre, personne n’a envie d’être l’ami plate qui n’est pas capable de chugger son verre.

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Et c’est ça, le peer pressure. On s’encourage à boire plus, sans que personne ne soit réellement obligé à faire quoi que ce soit.

Les conséquences sur la santé

« Quand on absorbe de grandes quantités d’alcool, le cerveau n’aime pas ça, se faire bombarder pendant cinq à six heures », explique Louise Nadeau. Les conséquences de la consommation excessive sont alors multiples : pertes de mémoire, réduction du niveau d’attention, altération du jugement, déshydratation, migraines, maux de cœur, etc.

Autrement dit, personne n’est sur son grind en lendemain de brosse. « C’est ce qui m’a donné envie de me distancier de l’alcool, je trouvais que ça m’éloignait de mes objectifs », me confie Ulysse.

Il faut donc se poser la question : quelle est la place que prend l’alcool dans ma vie?

« Chaque fois qu’on prend de l’alcool pour se donner du courage, c’est qu’elle joue un rôle qu’elle ne devrait pas jouer », déclare Louise Nadeau. C’est lorsqu’on se convainc qu’on a besoin de l’alcool que les dépendances se développent plus rapidement.

Un party ne nécessite pas de boire! Les activités qu’on y fait sont tout aussi amusantes : on jase, on danse, on rigole.

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On se rappelle que le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances évalue qu’il n’y a que très peu de risques pour la santé quand on se limite à 2 ou 3 consommations par semaine.

Ainsi, pour ceux qui souhaitent boire, la clé se retrouve dans la modération, concept qui gagne à être popularisé à travers la communauté étudiante.