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Est-ce que ça existe des jobs payantes qui aident la société?

C'est-tu possible d'avoir un condo et bonne conscience?

Par
Pier-Luc Ouellet
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Des fois, j’envie les milliardaires. Pas tant pour leurs yachts et leurs voitures de luxe (j’haïs ça, conduire, anyways), mais pour leurs principes flexibles.

Peu importe pour Jeff Bezos s’il plonge des dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté, tue des commerces par milliers, pollue la planète et que les conditions de travail dans ses entrepôts soient effroyables, je suis certain qu’il dort très bien le soir.

Moi, hier, j’ai fait le ménage de mon frigo et je me sens encore coupable parce que j’ai jeté une vieille laitue moisie aux poubelles au lieu de la mettre au compost.

Ma conscience me pèse lourdement, plus encore que les appels de mes parents qui se demandent pourquoi je vis encore dans un minuscule 31/2 à mon âge.

Au fond, l’idéal, ça serait vraiment de faire de l’argent et de rendre le monde meilleur en même temps. Mais ce fantasme est-il réaliste?

L’économie veut-elle le bien?

Je vais commencer avec une mauvaise action, parce que j’ai promis à notre rédactrice en chef de ne pas ENCORE partir sur une tirade anticapitaliste, mais je vais le faire quand même (je vais faire ça vite, Florence, promis).

Rares sont les jobs payantes où l’on fait de bonnes actions.

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Les milieux payants, ce sont souvent les milieux les plus « sales » : énergies fossiles, armes, drogue, etc.

Et ça, c’est pas votre faute. C’est le système économique en entier qui est basé là-dessus, et on accorde moins de valeur aux emplois basés sur le care : éducation, soins de santé, etc.

Le monde est mené par des forces qui nous dépassent individuellement, et tant qu’on vivra sous ce système, il sera dur de s’en soustraire. Tapez-vous pas trop sur le chou, OK?

(Bon, c’était pas trop long, hein, Florence?)

La tentation utilitaire

Si vous vous souvenez de vos cours de philo au cégep, l’utilitarisme, c’est une théorie morale selon laquelle on peut calculer les conséquences positives et négatives de nos actions, et ainsi mener une vie morale en optant pour le choix qui entraîne le plus grand bien pour le plus grand nombre.

(Bon, s’il y a des philosophes qui lisent ceci, je sais que c’est une gigantesque simplification, mais donnez-moi une chance, j’ai juste 1000 mots pour ce texte, OK?)

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On pourrait donc penser qu’on pourrait compenser notre « dette morale » de notre job de vendeux de cigarettes dans les cours d’école en faisant du bénévolat la fin de semaine. (C’est une bonne idée de faire du bénévolat, mais une encore meilleure idée de ne pas vendre des cigarettes à des bambins.)

À l’inverse, on peut aussi s’apercevoir que si notre job est super éthique, c’est nous qui ne le sommes pas. Vous êtes payé à flatter des chatons lépreux orphelins? OK, mais est-ce que pour vous rendre à votre emploi, vous prenez une voiture super polluante? Est-ce que le temps et l’énergie que vous investissez dans votre emploi pourraient être mieux investis à aider les enfants malades? Et la moulée à base de bœuf que vous donnez aux chatons, est-ce que vous savez qu’elle contribue à la production de méthane et à la destruction de la forêt amazonienne?

Mon but n’est pas de vous décourager ni de vous donner envie d’abandonner. Chaque bonne action compte, je le crois sincèrement. Mais réduire toute question éthique à un simple calcul, ça me semble limité.

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Des métiers éthiques et payants

Donc, jusqu’à maintenant, le système conspire pour que tout l’argent soit redirigé vers les domaines les moins éthiques, et même quand on essaie de se racheter, ça n’est pas possible.

Donc, on fait quoi? On abandonne?

Non.

D’une part, des emplois bien payés dans des domaines plus éthiques, ça existe, et ce, pour une variété de corps de métiers. Les organismes communautaires et les fondations ont aussi besoin de spécialistes en ressources humaines, de comptables, d’avocats et de spécialistes en communication.

Pis, tsé, les médecins sauvent des vies et sont très bien payés.

L’an dernier, dans une discussion Reddit sur le sujet, les utilisateurs du site ont proposé plusieurs pistes professionnelles à une utilisatrice qui se demandait comment faire de l’argent tout en respectant ses valeurs.

Leurs pistes étaient intéressantes:

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– u/Cherry_tomate raconte qu’en tant que consultant en TI, il aide les médecins à être plus efficaces et à soigner plus de gens.

– u/SushinWasabie propose le domaine du traitement des eaux usées et de l’eau potable qui peut payer plus de 100 000 $ par année. Et on est tous bien heureux d’avoir de l’eau propre, et que le fleuve ne soit pas brun en permanence. Merci.

– Un utilisateur anonyme nous rappelle que les métiers qu’on rêvait tous de faire plus jeunes (pompières, infirmiers, paramédicaux) tendent à être bien payés ET à aider les gens dans le besoin.

– Très terre à terre, u/No-Needleworker4796 nous rappelle qu’on aura toujours besoin d’électriciennes et de plombières, et qu’on est tous très heureux de pouvoir allumer la lumière quand on va à la toilette, la nuit. En plus, ces métiers ne sont pas menacés par l’IA!

Un autre utilisateur, u/ChiliGlazedDonut, proposait également un site, 80 000 hours, qui essaie justement d’aider les gens qui souhaitent avoir un impact positif sur le monde grâce à leur travail.

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D’autres pistes de solutions

C’est aussi possible de se lancer en affaires (pourquoi pas avec une coopérative?) et de faire son chemin dans la vie d’une façon qui nous ressemble et qui cadre avec nos valeurs. C’est difficile, mais toutes les choses qui en valent la peine le sont.

D’autre part, il est tout à fait valide de travailler pour une entreprise qui ne cadre pas complètement avec nos valeurs, et d’utiliser les bénéfices qu’on en retire pour faire le bien autour de nous. C’est déjà beaucoup plus que la majorité des gens.

Par contre, il faut déconstruire cette idée qu’on n’existe que par le travail.

Peut-être qu’en personne empathique et soucieuse des autres, votre emploi ne sera pas l’endroit où vous brillerez le plus. Sachez qu’on peut aussi rendre le monde meilleur en s’impliquant en politique, en transmettant nos valeurs à nos enfants, en cultivant l’entraide et la solidarité dans notre quartier, en donnant de son temps, en étant présent pour les gens dans le besoin, en créant et en partageant.

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Vous n’êtes pas juste un.e travailleur.euse. Vous êtes une personne à part entière, et si vous vous êtes rendu jusqu’ici, une personne soucieuse du bien-être des autres.

Et juste ça, ça peut tout changer.

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