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Est-ce bientôt la fin des gestionnaires?

Votre boss vous tape sur les nerfs? On a peut-être de bonnes nouvelles pour vous.

Par
Lucie Piqueur
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Selon comment on se place, il y a plusieurs façons de voir les gestionnaires et leur utilité. Ce sont soit des professionnel.le.s au sommet de leur carrière, avec l’expérience et la sagesse nécessaires pour guider leurs équipes vers le succès; soit des pervers narcissiques qui prennent plaisir à exercer leur pouvoir sur les pauvres gens qui essaient de faire leur travail. Pour la majorité (un peu plus nuancée) du monde cependant, nos patron.ne.s sont simplement un mal nécessaire au fonctionnement des entreprises.

Mais avec la réorganisation du monde du travail, est-ce que « nécessaire » est toujours le mot juste quand on parle de nos boss? Si on se fie à un sondage récent mené par GoodHire, il semble que non. Aux États-Unis, 83 % des personnes interrogées estiment en effet que leur job se ferait très bien sans gestionnaire.

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Et si l’avenir du travail, c’était la fin des intermédiaires et de la hiérarchie?

Les temps changent, comme on dit

La culture du travail était naturellement en train de se transformer sous le règne des millénariaux, mais la pandémie a accéléré le changement. On sait maintenant que tout le monde n’est pas obligé d’aller au bureau tous les jours pour que la société fonctionne. Les employé.e.s ont le pouvoir, car il y a une pénurie de main-d’œuvre. Bref, aujourd’hui, notre job, soit on l’aime, soit on la quitte sans scrupules. Et ne pas apprécier notre boss, c’est une bonne raison pour 82 % d’entre nous de démissionner.

Tout ceci a de quoi faire trembler les gestionnaires, qui voient le pouvoir leur filer entre les doigts en même temps que les employé.e.s.

Une chose est sûre, le temps des leaders toxiques est révolu. Le harcèlement psychologique n’est plus toléré dans les entreprises. Le micromanagement et l’abus de pouvoir n’auront bientôt plus leur place sur nos lieux de travail. Non seulement ça hérisse le poil des employé.e.s qui les subissent, mais par-dessus tout, ça ne fait même pas augmenter la productivité (au contraire).

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La tendance est aujourd’hui à la coopération. Mais dans le vrai sens du terme. Jusqu’à maintenant, on voulait nous faire croire que coopérer, c’était se soumettre aux ordres de notre hiérarchie.

Or, deux ans de pandémie nous ont prouvé que les travailleurs et travailleuses sont capables de s’autogérer. Qui l’eût cru? La gestion n’a pas à être totalement verticale, elle peut aussi être participative. Et si le moyen de remotiver les membres de la « génération démission », c’était de les revaloriser et de les impliquer dans les processus décisionnels et créatifs?

On a encore besoin de bon.ne.s gestionnaires

Cela dit, ne soyons pas trop sévères avec nos boss. Il restera toujours des arguments en faveur des gestionnaires. En particulier, celui de maintenir une cohésion d’équipe. Pour qu’il y ait coopération, il faut qu’il y ait un esprit de groupe. En l’absence de gestionnaire, il se pourrait que la charge des décisions retombe naturellement sur une personne qui n’a rien demandé, et qui se retrouve avec toutes les responsabilités sans le salaire qui va avec.

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C’est d’ailleurs le principal problème des patron.ne.s, en ce moment. On choisit peut-être mal à qui on donne les responsabilités. Le management est encore considéré comme l’aboutissement d’une carrière, plutôt que comme une carrière en soi. Pour devenir gestionnaire, il suffit de savoir faire son travail et de rester assez longtemps dans la même entreprise (en plus d’être ami.e avec les bonnes personnes). Souvent, les patron.ne.s n’ont aucune formation spécifique en gestion ou en communication. Comme si être bon.ne élève faisait automatiquement de nous de bons directeurs ou directrices d’école…

Je joue de la musique dans un orchestre et pour moi, ça illustre parfaitement ce que devrait être le rôle des gestionnaires. En toute honnêteté, ça nous arrive d’être poches. Et dans ces cas-là, mon chef d’orchestre a un bon exercice pour nous. Il part la musique, puis nous laisse jouer ensemble sans nous diriger ni battre la mesure. Au début, c’est déroutant. Puis la magie opère. Chaque musicien.ne allume son cerveau de groupe, on recommence à faire attention les un.e.s aux autres, à s’écouter, et l’harmonie opère.

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Étrangement, c’est dans les cas où il a l’humilité de nous montrer qu’on n’a pas besoin de lui, qu’on réalise quelle est sa raison d’être.